Sarah Parcak est une archéologue qui analyse les images satellite pour découvrir des sites encore inconnus et lutter contre les pillages. Elle vient de gagner le prix TED qui lui alloue un million de dollars pour son projet baptisé Global Xplorer. Le but : créer un site Internet grâce auquel n'importe qui pourra l'assister dans ses travaux en prêtant main forte pour l'analyse des images.

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    Et si les prochaines découvertes archéologiques majeures se faisaient grâce aux contributions des internautes ? Une nouvelle pyramide en Égypte, un temple inca encore inconnu, un village mérovingien parfaitement conservé et bien d'autres vestiges extraordinaires se cachent peut-être sous nos yeuxyeux. Sarah Parcak en est convaincue et elle compte justement sur l'aide de volontaires pour cela.

    Surnommée « l'Indiana Jones moderne », cette archéologue spécialiste de l’Égypte qui enseigne à l'université de l'Alabama, à Birmingham (États-Unis) a développé une technique d'analyse des images satellite pour étudier les changements de végétation qui signalent souvent la présence de sites ou de structures faites par les Hommes. Grâce à ses algorithmes, elle déjà suggéré l'existence de 17 pyramides, 1.000 tombes et 3.100 colonies jusqu'ici inconnues. Elle a également contribué à d'importantes découvertes à propos de l’Empire romain et de la civilisation vikingviking. Mais Sarah Parcak veut aller encore plus loin...

    Elle vient de recevoir le prix TED 2016 avec à la clé un million de dollars pour financer son projet Global Xplorer. Il s'agit d'un site Web qui entend s'appuyer sur le crowdsourcing, c'est-à-dire la contribution d'internautes bénévoles, pour découvrir de futurs sites archéologiques. Global Xplorer, qui doit être lancé dans le courant de l'année, se présentera sous la forme d'un jeu qui consiste à analyser des images satellite puis à répondre à un questionnaire qui permet de préciser les observations. Si un nombre significatif de participants formule les mêmes remarques, des vérifications sur le terrain pourront alors être envisagées.

    Sarah Parcak est une jeune archéologue qui a révolutionné sa discipline en développant une technique d’analyse des images satellite grâce à laquelle elle parvient à identifier des zones susceptibles de cacher un site archéologique. © Ryan Lash

    Sarah Parcak est une jeune archéologue qui a révolutionné sa discipline en développant une technique d’analyse des images satellite grâce à laquelle elle parvient à identifier des zones susceptibles de cacher un site archéologique. © Ryan Lash

    Global Xplorer, un projet pour préserver le patrimoine de l’humanité

    Les contributeurs pourront cumuler des points et ceux qui obtiendront les meilleurs scores seront même impliqués dans d'éventuelles campagnes de fouilles via les réseaux sociauxréseaux sociaux. Les images satellite ne seront pas localisées pour prévenir tout risque de pillage. Justement, le projet Global Xplorer vise également à détecter la présence de fouilles sauvages et de destructions de sites.

    « Nous sommes à un moment charnière. Les cinq dernières années ont été terribles pour l'archéologie », explique Sarah Parcak. « Chaque jour, nous lisons des nouvelles sur la vente aux enchères par de grandes maisons de trésors anciens volés, à propos de sites antiques incroyables passés au bulldozer en Amérique centrale ou bien des sites anciens au Moyen-Orient détruits par l'EIIL (État islamique en Irak et au Levant). [...] Nous savons que le pillage systématique finance le terrorisme et les réseaux criminels, déplore la jeune femme qui estime qu'il y a un danger réel de perdre notre histoire collective mondiale ».

    Sarah Parcak croit aussi que l'ère numérique et le crowdsourcing sont la clé d'une démocratisation de l’archéologie qui peut aider à sensibiliser un plus large public à l'importance de ce patrimoine commun. « Il est de notre devoir de préserver notre passé. Je crois que Global Xplorer va jouer un rôle majeur, non seulement pour changer la manière dont l'archéologie fonctionne mais aussi pour réécrire notre histoire collective », conclut-elle.