Pour Facebook, l’intelligence artificielle et la réalité virtuelle sont deux domaines clés auxquels le réseau social consacre de gros moyens financiers et humains. L'entreprise a un idéal : créer un assistant virtuel réellement autonome ainsi qu’une plateforme de téléprésence ultraréaliste.

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    Suite à l'annonce par Facebook de l'installation d'une petite équipe dédiée à l'intelligence artificielle (IA) en France, le Journal du Net a publié jeudi une interview de Yann LeCun, le directeur de la recherche en intelligence artificielle de FacebookFacebook. À cette occasion, le diplômé de l'école supérieure d'ingénieurs en Électrotechnique de Paris et docteur de l'université Pierre et Marie CurieMarie Curie explique que Paris fut en réalité un choix par défaut car la ville de Londres « est déjà occupée par MicrosoftMicrosoft, Deepmind et quelques autres acteurs, qui ont déjà des relations privilégiées avec l'écosystèmeécosystème et les universités locales ». Mais surtout, après quelques explications sur l'apprentissage machine par des techniques de deep learning (apprentissage profondapprentissage profond), Yann LeCun explique ce qu'est la vision à long terme de Facebook.

    Le premier objectif de la firme de Mark ZuckerbergMark Zuckerberg est de réaliser un assistant virtuel le plus humain possible, capable de comprendre l'individu et de l'aider sans avoir à être programmé spécifiquement pour chaque tâche. Il devra être doué de la capacité d'apprendre, comme l'est un être humain. « Le problème de SiriSiri, CortanaCortana ou Google NowGoogle Now dans l'état actuel des choses, c'est que tous les dialogues que l'on a avec ces systèmes sont complètement scriptés. On ne peut pas du tout passer à l'échelle supérieure et les faire répondre à n'importe quelle question », explique-t-il.

    Yann LeCun est un chercheur français de renommée mondiale. C’est lui qui dirige la recherche en intelligence artificielle chez Facebook. © Facebook

    Yann LeCun est un chercheur français de renommée mondiale. C’est lui qui dirige la recherche en intelligence artificielle chez Facebook. © Facebook

    Vers la réalité virtuelle avec le masque Oculus

    À propos des inconvénients des systèmes d'assistance virtuelle existants, il explique : « Si on veut par exemple leur permettre de faire une réservation dans un restaurant, c'est compliqué. Il faut mettre en place un script différent pour chaque établissement, que des gens travaillent là-dessus... ça coûte cher, ça ne marche pas bien, ce n'est pas fiable. Nous, ce qu'on voudrait, c'est un agent vraiment intelligent qui comprenne ce qu'on raconte, qui puisse poser des questions s'il y a besoin de clarifications, qui comprenne la personne avec qui il dialogue ».

    S'il reconnaît que, pour le moment, la technologie n'est pas là, admettant que « peut-être ça n'aboutira jamais », il explique néanmoins que Facebook a à la fois le temps, l'argentargent et l'ambition nécessaires pour faire aboutir un tel projet, qui permettrait de reproduire ce que font le puissant ordinateur HAL 9000, la voiture intelligente KITT (Knight Industries Two Thousand), ou SARAH (Self actuated residential automated habitat).

    L'autre grande ambition de Facebook est la réalité virtuelle, avec l'acquisition d'OculusOculus. « Avec son masque de réalité virtuelle, Oculus permet la téléprésence : on peut se mettre en communication avec quelqu'un à l'autre bout de la planète et avoir l'impression d'être dans la même pièce. Cela pose des problèmes de reconstruction du monde 3D, de reconstruction du visage puisqu'on a un Oculus sur le visage : il faudra réussir à le resynthétiser pour la personne en face ». Et puisque Facebook a une connaissance profonde de chacun de ses utilisateurs, de plus en plus précise et intime, il lui sera même peut-être possible un jour de faire survivre les morts dans un univers virtuel, comme dans la série Caprica.