au sommaire
Désert du Nevada, États-Unis, le 15 octobre 1997. Andy Green, ex-pilote de chasse de la RAF, embarque à bord de Thrust SSC, une voiturevoiture-fuséefusée conçue pour dépasser le mur du sonmur du son. Aidé de deux turboréacteurs permettant une poussée de 9,3 tonnes et développant une puissance d'environ 106.000 chevaux-vapeur (ch), le casse-cou atteint son objectif et franchit Mach 1, avec un record du monde pour un engin roulant sur route, homologué à 1.227,985 km/h.
Cette performance reste la meilleure jamais enregistrée. Mais pour combien de temps encore ? La même équipe de techniciens s'est lancée dans un nouveau défi en 2008, nommé Bloodhound SSC (SSC pour supersonic car, ou voiture supersonique). Cette fois, la marge de progression doit être énorme, puisque l'ambition n'est pas de dépasser à peine le record, comme le faisait le perchiste soviétique puis ukrainien Sergueï Bubka, à l'époque où il franchissait des barres plus hautes chaque fois d'un centimètre. Il s'agit d'atteindre la vitessevitesse folle de 1.000 miles par heure, soit 1.609 km/h.
Évidemment, un tel défi ne se bâtit pas en quelques mois. Surtout que les équipes techniques souhaitent repartir de zéro, et non améliorer l'ancien, pour créer une nouvelle référence. Ainsi, une fusionfusion des compétences de l'aérospatial, de l'aéronautique et de la Formule 1 permet progressivement de donner une forme à la voiture-fusée.
Bloodhound SSC, un projet d’abord numérique
Ben Evans et Chris Rose, de l'université de Swansea (Royaume-Uni), se sont vus confier les clés pour l'aspect concernant la mécanique des fluides, un paramètre fondamental pour limiter les forces de frottements et améliorer la pénétration dans l'airair, tout en contrôlant la poussée verticale, de manière à ce que les roues soient maintenues au sol.
Voici une représentation provisoire de la voiture capable de rouler à plus de 1.600 km/h. © Ben Evans, Chris Rose, Journal of Automobile Engineering
Les deux physiciensphysiciens viennent de publier dans le Journal of Automobile Engineering les avancées de leurs travaux. Leur premier outil : l'informatique. Depuis qu'ils recourent à des modélisationsmodélisations de la mécanique des fluides à l'aide du numérique, ils ont reconnu que le design de la voiture avait déjà été modifié : la configuration des roues, la forme du neznez ou bien la taille des ailes ont été réajustées pour gagner en efficacité.
Néanmoins, quelques problèmes persistent. Leur simulation demande suffisamment de précision pour prendre en compte certains éléments encore mal connus. Comment le véhicule répondra-t-il lors de la levée des aérofreinsaérofreins, puis le largage du parachute durant la phase de décélération ? Comment la piste supportera-t-elle l'onde de choc dans le voisinage proche de la voiture ? Pour répondre à ces questions, le numérique demande l'aide du monde réel : des simulations à bord du véhicule sur zone doivent être effectuées afin de perfectionner les modèles.
L’homme qui allait rouler à 1.600 km/h
Si tout se passe comme prévu, le record devrait tomber une première fois en 2015, lorsqu'Andy Green atteindra 800 miles par heure (1.287 km/h) dans une tentative préliminaire. Le jour J sera alors fixé en 2016, et l'ex-pilote de chasse s'élancera pour atteindre la vitesse de Mach 1,3 dans une épopée de 85 secondes, durant laquelle entre 16 et 19 km seront normalement parcourus, poussé par 135.000 ch de puissance. La piste de Hakskeen Pan, située en Afrique du Sud, est en cours de préparation depuis plusieurs années déjà, et exige d'être adaptée aux ambitions du projet.
Néanmoins, malgré une amélioration du record précédent de 30 % environ, le projet Bloodhound SSC restera très loin du record absolu pour un engin roulant. Certes, c'était sur rail et il n'y avait pas de pilote à bord, mais des plateformes propulsées par moteur-fusée à l'Holloman Air Force Base (États-Unis) ont atteint environ 10.300 km/h, en avril 2003. Soit environ Mach 8,5.