L’Homme est décidément un être doué d’empathie. Même lorsqu’il assiste à une scène dans laquelle un robot est maltraité, il ne peut s’empêcher de souffrir pour la machine.

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    Quel cinéphile n'a pas été sensible aux problèmes du robotrobot Wall-E des studios Pixar ou à la détresse de David Swinton, personnage principal du film A.I. Intelligence artificielleIntelligence artificielle, un androïdeandroïde qui lutte pour obtenir l'amour de ses parents ? Rien de surprenant à cela : une étude vient de montrer que l'on faisait preuve d'empathieempathie vis-à-vis des robots.

    Le contexte : les robots envahissent notre quotidien

    Nous sommes entrés dans l'ère de la robotique. Déjà, le cinéma s'est emparé du sujet pour alimenter tous les fantasmes, mais aussi toutes les peurs que ces machines peuvent provoquer. Peu à peu, les robots entrent dans notre quotidien, que ce soit sous la forme de jouets pour enfants, pour faire le ménage, pour tenir compagnie aux personnes souffrant de solitude ou combattre certaines pathologiespathologies comme l'autisme. Ils devraient encore s'immiscer davantage dans nos vies à l'avenir.

    Cette problématique a interpellé des scientifiques de l'université de Duisbourg et Essen, en Allemagne, qui se sont interrogés sur la perception que nous avions des robots. Peut-on s'y attacher et en faire des compagnons ? Ou les considérons-nous comme de vulgaires objets, au même titre qu'une brosse à cheveux ou un four à micro-ondes ? Leur étude, publiée dans la revue International Journal of Social Robotics, montre que ces machines ne nous laissent pas insensibles...

    L’étude : couvrez cette violence que je ne saurais voir

    Cette recherche s'est effectuée en deux temps. Dans le premier, 40 volontaires devaient visionner des vidéos dans lesquelles apparaissait un robot dinosauredinosaure qui subissait différents traitements : des bons et des moins bons. Dans certaines, il était cajolé ou chatouillé par un être humain. Dans d'autres, il recevait des coups ou tombait de haut. En même temps, la conductance électrique de la peau des spectateurs était mesurée. Dans les situations anxiogènes, on sécrète de la sueur, ce qui altère les propriétés électriques de la peau et augmente sa conductance. De plus, les participants devaient exprimer leurs émotions aussitôt après le film.

    Ce pauvre dinosaure sauropode robotisé a subi une succession de maltraitances, pour la science. Ici, il est étouffé avec un sac plastique. © Astrid Rosenthal-von der Pütten

    Ce pauvre dinosaure sauropode robotisé a subi une succession de maltraitances, pour la science. Ici, il est étouffé avec un sac plastique. © Astrid Rosenthal-von der Pütten

    Les résultats montrent que les scènes de violence n'ont pas été bien vécues par les spectateurs. Tous rapportent des émotions négatives et les mesures bioélectriques confortent ces sentiments, la conductance ayant augmenté, preuve d'une certaine gêne.

    La seconde expérience s'est focalisée sur l'activation des neuronesneurones du système limbiquesystème limbique, région du cerveau impliquée dans l'émotion, face à des situations particulières, grâce à l'IRMfIRMf. Cette fois, il n'y avait que 14 participants, qui devaient regarder des vidéos dans lesquelles il y avait cette fois trois intervenants : un homme équipé d'un objet inanimé, qui interagissait positivement ou négativement avec un robot ou un autre être humain. Ainsi, le diplodocusdiplodocus cascadeur s'est retrouvé pendu au bout d'une corde et étouffé avec un sac plastiqueplastique, de la même manière qu'une comédienne.

    Lorsque la scène est douce, quel que soit le personnage, les participants activent les mêmes neurones. Dans les situations violentes, les volontaires humains sont bien sensibles au triste sort que subit le robot. Mais l'émotion semble malgré tout plus intense lorsqu'un congénère fait office de victime. Dans ce seul cas de figure, les réactions neuronales vis-à-vis des machines diffèrent de celles exprimées pour les Hommes.

    L’œil extérieur : les robots peuvent devenir de bons compagnons

    Ainsi, comme l'explique Astrid Rosenthal-von der Pütten, coauteur de l'étude, les scientifiques pensent qu'en règle générale, « les stimuli émanant des robots déclenchent les mêmes processus émotionnels que les stimuli humains ». À quelques exceptions près donc, comme la violence.

    Ils précisent aussi que ces recherches ont été menées dans l'instantanéité, mais qu'on ignore encore les processus qui se déroulent sur un délai un peu plus long, même à court terme. La raison, qui nous rappelle que nous faisons face à des êtres qui ne sont pas (encore) doués de sensibilité, peut-elle par la suite tempérer la réponse émotionnelle ?

    Finalement, ce constat n'a rien de vraiment surprenant. D'une part, l'espèceespèce humaine est d'un naturel empathique, et se montre aussi inquiète des problèmes qui touchent les animaux. D'ailleurs, certains d'entre eux, chats et chiens en tête, deviennent même nos compagnons au quotidien. Ces résultats semblent donc corroborer le fait que les robots aussi seraient très bien acceptés dans nos maisons. Peut-être même qu'un jour, ils auront droit eux aussi à une association de lutte contre la maltraitance.