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Quelle quantité d'énergie absorbent nos activités sur le Web ? Elle est énorme et croît très vite, comme le montre le documentaire Internet, la pollution cachée. Les deux réalisateurs ont interrogé ceux qui font transiter les données, ceux qui les stockent et ceux, collectivités locales ou industriels, qui cherchent à anticiper les besoins futurs. © Camicas Productions
Internet, c'est magique. Internet, c'est virtuel. Plus de papier pour écrire un courrier. Plus de support physiquephysique pour conserver une photographiephotographie. L'information est devenue immatérielle. C'est ce que beaucoup pensent. Alors, la journaliste Coline Tison et le documentariste Laurent Lichtenstein, les réalisateurs de Internet, la pollution cachée, présenté au festival international du film scientifique Pariscience, ont suivi les câbles. Des millions de kilomètres, en cuivrecuivre ou en fibres optiques, qui transportent nos mails et nos téléchargements. Ils ont interrogé les acteurs de cette industrie discrète : fournisseurs d'accès, responsables de data centers, ou encore spécialistes de Greenpeace et ceux qui, déjà, investissent dans des technologies moins gourmandes et plus économiques.
Même pour le connaisseur, même pour le geek, ce que donne à voir Internet, la pollution cachée, est étonnant. Humainement présentée, avec pour fil rouge Rebecca, nouveau-né dont les parents envoient dès sa naissance des dizaines de photos sur le Web, et qui se multiplieront chez la famille et chez les amis, l'histoire montre les coulisses d'Internet, avec sa tuyauterie et ses serveurs.
Internet, la pollution cachée : une enquête approfondie sur les infrastructures et la consommation d’énergie générée par l’activité sur Internet. Ou pourquoi quelques grands acteurs du Web, aux États-Unis, se sont installés à proximité de montagnes dévastées par des mines à ciel ouvert… © Camicas Productions, Association Science Télévision
Trouver suffisamment d'électricité : un enjeu pour les data centers
En guise d'apéritif, une avalancheavalanche de chiffres donne la mesure de la planète Internet. Un courrier électronique parcourt en moyenne 15.000 km entre deux ordinateurs, car la ligne droite n'est pas le plus court chemin. La photo de la petite Rebecca transitera sans doute par les États-Unis, pour aller de l'ordinateur de ses parents à celui de leur voisin de quartier. En une heure, les Terriens expédient aujourd'hui dix milliards d'emails.
La consommation électrique que ce transport induit représente la production de 15 centrales nucléairescentrales nucléaires pendant une heure. En équivalent-pétrolepétrole, le calcul amène à 4.000 tonnes. C'est là où les réalisateurs veulent en venir : au pendant énergétique de notre activité sur les réseaux informatiques. « Nous avons retenu une énergie de 5 Wh pour un courrier simple et de 24 Wh pour un envoi avec une pièce jointe de 1 Mo », rapporte Coline Tison, interrogée par Futura-Sciences.
« Ce n'est pas le transport, avec les dizaines de milliers de kilomètres parcourus par un simple courrier, qui consomme le plus, nous explique-t-elle. De très loin, c'est le stockage dans les data centers, avec les serveurs et les disques dursdisques durs, ainsi que les sauvegardessauvegardes dans d'autres machines. » Et le courrier électronique n'est pas le seul générateurgénérateur de données, un simple achat en ligne produit beaucoup d'octetsoctets.
Éviter la surchauffe et imaginer l’Internet écoresponsable ?
De Google à AppleApple en passant MicrosoftMicrosoft et les fournisseurs d'accès à Internet, ces centres de donnéescentres de données sont devenus de véritables points névralgiques. Avec la sécurité, la consommation électrique est leur principal problème. Le reportage nous emmène en banlieue nord de Paris où se concentrent plusieurs installations de ce genre, qui accaparent parfois autant de courant électriquecourant électrique que le reste de la ville dans laquelle ils se trouvent. Aux États-Unis, le documentaire se promène dans les montagnes Appalaches de Virginie Occidentale. Là, plusieurs géants d'Internet, comme Facebook, ont établi leurs quartiers pour être au plus près de centrales thermiques, lesquelles creusent les sommets pour en extraire le charboncharbon dans des mines à ciel ouvert.
La progression de cette orgie d'octets peut donner le vertige. « Entre 1990 et 2003, notre monde virtuel a produit cinq millions de giga-octets de données. En 2011, il fallait 48 h pour générer cette même quantité. En 2013, il faut seulement dix minutes. » Le documentaire n'est pas pour autant un film catastrophe. « Nous avons voulu désamorcer ce mythe de l'Internet virtuel et magique, et plutôt inviter à une prise de conscience », nous explique Laurent Lichtenstein, féru de vulgarisation scientifique et qui avait déjà filmé l'exploration... du mont Olympe sur Mars. Nous découvrons ainsi l'étonnant congrès de Green Grid, une organisation qui veut organiser le business de l'informatique moins consommatrice. Sans oublier cette entreprise française, Qarnot Computing, qui transforme les serveurs... en radiateursradiateurs pour chauffer les habitations ou les locaux professionnels.