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Premier d'une lignée, le Macintosh d'Apple a apporté une série d'innovations devenues banales, comme l'interface graphique. On voit ici le premier modèle, avec 128 Ko de mémoire vive et un lecteur de disquettes de 3,5 pouces... qu'Apple sera le premier à abandonner en 1998 sur son nouvel iMac. © Grm wnr, cc by sa 2.5
En 1983, la société fondée par Steve Jobs et Steve Wozniak marque le pas après le succès immense (proportionnellement au marché informatique d'alors) de l'Apple II. Son successeur, l'AppleApple III, ne plaît guère et le superbe LisaLisa est trop cher (10.000 dollars à l'époque, soit le prix d'une voiturevoiture). Cet ordinateur avec un processeur puissant (le Motorola 68000 dont les mémoires internes, ou registres, contiennent 32 bits) propose une interface graphique avec fenêtresfenêtres, icônes et souris.
Steve JobsSteve Jobs, évincé de ce projet par le président d'Apple de l'époque, Mike Markkula, a rejoint en 1982 un autre programme, celui du Macintosh, lui aussi avec interface graphique et quatre fois moins cher. Cette fois, le succès est au rendez-vous et l'ordinateur deviendra le premier d'une longue lignée, tandis que l'interface graphique s'imposera sur tous les ordinateurs. Aujourd'hui trentenaire, l'authentique pionnier de cette histoire retrouve pour nous ses souvenirs.
Avant le Mac, il y eut l'Apple II, qui fit le succès de la très jeune société Apple. D'un seul mouvement, on ôtait le capot pour ajouter ou changer une carte électronique, ce qui a permis de brancher cet ordinateur sur toutes sortes d'appareils : imprimantes, écrans différents, voire instruments de laboratoire. À partir du Macintosh, Apple a tourné le dos à cette idée de l'architecture ouverte, privilégiant la facilité d'utilisation. © Apple
Futura-Sciences : Bonjour Mac 128 !
MacintoshMacintosh : Je ne m'appelle pas comme cela. Prononcez, s'il vous plaît, mon nom complet, Macintosh. C'est le nom d'une pomme qu'aimait bien l'un de mes concepteurs, Jef Raskin. Elle est curieuse, cette habitude de parler avec des abréviations. C'est bon pour les PC...
Bonjour Macintosh 128 !
Macintosh : Je ne m'appelle pas comme cela. Je suis né Macintosh ! Il a fallu que mon frère cadet arrive avec 512 Ko de mémoire vivemémoire vive pour que l'on me renomme Macintosh 128. C'est d'un goût...
C’est votre 30e anniversaire aujourd’hui, donc bon anniversaire !
Macintosh : Si l'on veut. J'ai effectivement été présenté au monde le 24 janvier 1984. Avec une campagne de publicité comme on n'en avait jamais vu ! Cela a commencé par un spot pendant le Super Bowl, aux États-Unis. Et il y a eu du teasing. Sur les premières affiches, on voyait une main me sortant - à peine - d'une sacoche sur mesures. Seul était visible le haut de mon écran. Et mon mentor Steve Jobs a fait une présentation mémorable.
Et vous avez fait sensation ?
Macintosh : J'étais sensationnel. Imaginez : une souris et, à l'écran, des dessins représentant des dossiers, les documents et une corbeille. Clic, et le contenu s'ouvre dans une fenêtre ! À l'époque, c'était révolutionnaire. On appelait cela la métaphore du bureau. N'importe qui comprenait en quelques minutes comment m'utiliser. Je vous rappelle que sur un PC d'alors, il fallait taper « cd \ », puis « cd mondossier », puis « word /montexte » pour simplement ouvrir « montexte ».
Il me semble que cela existait déjà, non ?
Macintosh : Des chercheurs travaillaient depuis longtemps sur ce genre d'interface, c'est vrai. Et beaucoup de gens, dont ceux d'Apple, avaient fait un tour au Parc.
Au Parc ?
Macintosh : Le Palo Alto Research Center. Un laboratoire géant de Xerox où on travaillait sur l'informatique du futur. L'interface graphique, les icônes, le Wysiwyg...
Wysiwyg ?
Macintosh : What you see is what you getWhat you see is what you get. « Ce que vous voyez, c'est ce que vous obtenez ». Par exemple, une page de texte apparaît à l'écran comme elle sera imprimée, avec les bons caractères, les italiques et tout. Une idée ancienne, mais que j'ai popularisée.
Mais avant vous, il y a eu le Lisa. Lui aussi avait une souris et une interface graphique.
Macintosh : Oui, effectivement... Mais ce gros ordinateur très cher, sur lequel a travaillé Steve Jobs, n'a eu aucun succès. Rendez-vous compte, Apple a dû ensuite expliquer que le Lisa, c'était l'ordinateur pour les informaticiens qui voulaient écrire des programmes pour moi. Et pour que la dernière version se vende mieux, ils l'ont appelée Macintosh XL.
Vous aviez le même processeur ?
Macintosh : Oui, le superbe Motorola 68000, cadencé à 8 MHz. Mes concepteurs, notamment le génial Bill Atkinson et Burrell Smith, ont bien travaillé. Ils m'ont équipé de 128 Ko de mémoire vive et d'un lecteur de petites disquettes de 3,5 pouces (alors que les PC utilisaient encore de grandes disquettes toutes molles de 5,25 pouces), qui enregistraient 400 Ko. Et elles faisaient un bruit original, car le lecteur changeait de vitessevitesse entre chaque piste circulaire, ce qui modifiait la tonalité. Certains m'appelaient « la pleureuse ». J'avais un bel écran intégré, aussi.
Monochrome et un peu petit, non ?
Macintosh : Suffisant... 512 x 342 pixels. Mais quelle qualité ! J'affichais n'importe quel caractère. Mes utilisateurs ont découvert comment écrire avec différentes polices. C'était si nouveau ! Et pour en démontrer l'intérêt, Bill Atkinson avait créé le logiciellogiciel MacPaint, gratuitement fourni. Les gens pouvaient dessiner à l'écran comme sur une feuille de papier. Non vraiment, je fus révolutionnaire.