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On attendait de Alma (Atacama Large Millimeter/submillimeter Array) qu'il nous aide à mieux comprendre nos origines du Big BangBig Bang au vivant, en particulier par l'étude de la formation des étoiles à travers l'observation des nuagesnuages moléculaires (comme par exemple celui d'Orion) et aussi par l'étude de la formation des planètes. Le radiotélescope permet d'atteindre des résolutionsrésolutions spectaculaires dans le domaine millimétrique pour sonder comme jamais les détails fins de la structure spatiale des nuages moléculaires et des disques protoplanétaires et il permet aussi de faire d'excellentes mesures des vitesses à l'intérieur de ces objets.
Il a déjà permis de détecter la limite de formation de la neige carbonique dans un disque protoplanétaire et surtout de découvrir la première preuve de l'existence des tourbillonstourbillons anticycloniques cruciaux pour le formation des planètes. Ces tourbillons existant dans les disques protoplanéataires ont été postulés en 1995 par Pierre BargePierre Barge et Joël Sommeria dans le cadre du modèle qu'ils ont développé pour résoudre ce qu'on appelle en astrophysique le problème de la « barrière du mètre ».
Un zoom géant sur l'objet Herbig-Haro (ou HH) 46/47. La plongée virtuelle débute par une vue étendue de la partie australe de la Voie lactée et s'achève sur une région riche en nuages sombres et en jeunes étoiles dans la constellation des Voiles. L'un de ces nuages sombres de formation d'étoiles abrite Herbig-Haro 46/47 au sein duquel les jets issus d'une jeune étoile interagissent avec la matière environnante. Cette belle observation est l’œuvre d'Alma lors de sa première phase d'exploitation scientifique. © SpaceLibrary-Eso/Digitized Sky Survey 2/Nick Risinger
Aujourd'hui, comme l'expliquent les astrophysiciensastrophysiciens de l'Eso dans un article publié sur arxiv, Alma permet d'observer de plus près les objets Herbig-Haro 46 et 47. Rappelons que ces objets astrophysiques associés aux noms de Guillermo Haro et George Herbig ont en réalité été découverts par Sherburne Wesley Burnham à la fin du XIXe siècle alors qu'il observait l'étoile T TauriT Tauri. On sait aujourd'hui que T Tauri est une protoétoileprotoétoile, une étoile variableétoile variable si jeune qu'elle n'a pas encore achevé sa formation. Elle tire sa luminositéluminosité du mécanisme de KelvinKelvin-Helmholtz, c'est-à-dire de la conversion directe de son énergie potentielleénergie potentielle gravitationnelle en chaleurchaleur et pas de l'allumage en son centre des réactions de fusion nucléairefusion nucléaire. Les étoiles au même stade d'évolution sont d'ailleurs dites en phase T Tauri.
Perdre du moment cinétique, une nécessité pour une protoétoile
La formation d'une vraie étoile (c'est-à-dire un astreastre dont l'équilibre est assuré par des réactions nucléairesréactions nucléaires qui libèrent suffisamment d'énergie pour que l'effondrementeffondrement gravitationnel soit stoppé) nécessite que la protoétoile perdre de la chaleur, du moment cinétiquemoment cinétique et même une partie de son champ magnétiquechamp magnétique. Une bonne façon de le faire est de former des planètes avec un disque protoplanétaire mais on pense que la production de jets de matièrematière le long de l'axe de rotation de la protoétoile est aussi un mécanisme important. Ce sont ces jets qui, en entrant en collision avec le milieu interstellaire, y provoquent des ondes de choc et la formation des petites nébuleusesnébuleuses en émissionsémissions, étudiées de plus près par Herbig et Haro vers 1950.
Cette carte montre la constellation australe des Voiles (Vela de son nom latin). La plupart des étoiles visibles à l'œil nu dans un ciel sombre y figurent. Un cercle rouge matérialise la position de la région de formation d'étoiles qui abrite Herbig-Haro HH 46/47, des structures inaccessibles à un petit télescope. © ESO, IAU and Sky & Telescope
Alma a permis d'observer l'objet de Herbig-Haroobjet de Herbig-Haro 46/47 avant même que la constructionconstruction de l'instrument ne soit achevée. Cet objet est situé à environ 1.400 années-lumièreannées-lumière de la Terre dans la constellationconstellation australe des Voiles et ce sont les émissions des moléculesmolécules de monoxyde de carbonemonoxyde de carbone présentes dans cet objet qu'Alma a détectées. Il n'aura fallu que cinq heures d'observations à Alma pour obtenir de nouvelles images de Herbig-Haro 46/47 alors que les radiotélescopes de la génération précédente en auraient exigé 50.
Les observations d'Alma ne sont pas seulement d'une plus grande résolution spatiale, elles permettent aussi de mesurer les vitesses de la matière dans le jet à l'origine de Herbig-Haro 46/47, lesquelles apparaissent bien plus élevées que ce que l'on imaginait. Ce résultat est une bonne chose car il signifie que le gazgaz qui s'échappe transporte bien plus d'énergie et de moment cinétique que ce que l'on avait mesuré jusqu'à présent, ce qui permet de mieux comprendre comment une protoétoile se débarrasse de son moment cinétique
Un compagnon pour la protoétoile associée à Herbig-Haro 46/47
Les observations révèlent aussi deux nouveaux jets. L'un, comme on s'y attendait, se déplace dans la direction opposée du premier. En l'occurrence, il s'éloigne du système solairesystème solaire et il correspond bien au modèle de deux jets symétriques s'éloignant perpendiculairement au disque protoplanétaire, s'élevant donc des pôles d'une protoétoile en formation.
Ce deuxième jet était resté caché par la poussière. C'était aussi le cas du troisième jet qui représente une découverte inattendue. Il s'éloigne dans une direction perpendiculaire aux deux précédents. Il s'agit visiblement d'un jet associé à un autre objet, vraisemblablement à un compagnon de faible massemasse de la jeune étoile à l'origine du jet causant l'existence de Herbig-Haro 46/47.
Selon Stuartt Corder, l'un des astrophysiciens à l'origine des travaux sur les observations de Herbig-Haro 46/47 avec Alma : « le niveau de détail qui caractérise les images de Herbig-Haro 46/47 est stupéfiant. D'autant plus impressionnant que ces images ont été acquises lors de la première phase d'exploitation scientifique d'Alma. Dans l'avenir, Alma procurera des images encore meilleures que celles-ci en une fraction de temps ».