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Il y a un peu plus d'un mois, le 8 mai, débutait une nouvelle période de dix jours pour tenter d'établir le contact avec Philae, le petit atterrisseur de la mission RosettaRosetta. Les équipes de l'Esa et celle de mécanique spatiale du SONC (Cnes) se sont relayées pour tenter de capter un signal de l'engin qui s'est posé le 12 novembre 2014 quelque part sur la comète 67P/Churyumov-Gerasimenko. Depuis le 15 novembre, il reste silencieux et sourd à toutes les tentatives d'entrer en contact avec lui et les caméras de la sonde Rosetta ne sont toujours pas parvenues à le voir.
Mais, très bonne nouvelle, Philae a été retrouvé. Non pas lors de cette nouvelle campagne d'écoute mais en comparant des images acquises le 22 octobre 2014 avec d'autres prises les 12 et 13 décembre 2014. Une découverte remarquable, qu'explique le Cnes sur son site InternetInternet, que l'on doit à Guillaume Faury, d'Akka Technologies, une entreprises qui travaille sous contrat pour le Laboratoire d'astrophysique de Marseille (LAMLAM) et l'Institut de recherche en astrophysique et planétologie (IRAP).
Entre l'image de gauche, prise par la caméra Osiris, à bord de Rosetta, le 22 octobre et celles de droite, saisies avec le même instrument les 12 et 13 décembre 2014, une tache blanche apparaît. Sa forme en trèfle correspond à celle de l'atterrisseur Philae, avec deux de ses pattes. © Esa/Rosetta/MPS for Osiris Team MPS/UPD/LAM/IAA/SSO/INTA/UPM/DASP/IDA
Philae retrouvé mais dans une position bien inconfortable
La première piste est venue de l'instrument Consert, qui a fonctionné dès l'atterrissage de Philae. Grâce à un échange radar avec Rosetta, il a réalisé à travers la comète une sorte de scanner pour mieux comprendre la structure interne. L'analyse fine des signaux reçus a permis de situer Philae dans une ellipse de 16 x 160 m. La comparaison des images entre octobre et décembre a ainsi pu être réduite à une petite zone.
Toutefois, s'il ne fait guère de doute que les pixelspixels blanchâtres repérés sont bien ceux de Philae, le conditionnel reste de mise tant que la sonde Rosetta ne l'a pas vu. En supposant qu'il s'agit bien de Philae, seules de nouvelles images à haute résolutionrésolution de la zone avec un bon éclairage permettraient de trancher, mais les survolssurvols rapprochés du noyau sont à présent proscrits à cause de l'accroissement de l'activité de la comète à l'approche du Soleil. Il faudra donc attendre l'automneautomne et la baisse de cette activité pour revenir à proximité et avoir la certitude qu'il s'agit bien de Philae et non pas d'un morceau de glace sale réfléchissant la lumière solaire. D'ici là, on espère que les modifications locales de la surface n'auront pas de facto mis un terme aux recherches en enfouissant Philae ou en le catapultant dans l'espace !
Les rebonds (non prévus) qu'a effectués Philae lors de son atterrissage sur la comète Tchouri. © Esa/Rosetta/MPS for OSIRIS Team MPS/UPD/LAM/IAA/SSO/INTA/UPM/DASP/IDA
Philae se réveillera-t-il ? La question reste posée...
Cette découverte est évidemment une bonne nouvelle. Certes, cela ne va ramener Philae à la vie. Les conditions d'ensoleillement restent nettement insuffisantes pour qu'il recharge ses batteries et enclenche un cercle vertueux lui permettant de fonctionner normalement. Mais pour l'équipe scientifique le fait de connaître sa position avec exactitude est primordial pour exploiter pleinement les données récoltées par ses instruments, notamment celles de Consert.
Le repérage de Philae permettra aussi de déterminer la période à partir de laquelle l'évolution des conditions d'ensoleillement à l'approche du Soleil favorisera le réveil de l'atterrisseur et sa reprise de contact avec l'orbiteur. Mais cela, c'est une autre histoire...