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Une planète géante avec une grande tache rouge ? C'est JupiterJupiter bien sûr. Observé pour la première fois en 1665 par J. D. Cassini, ce phénomène atmosphérique, caractéristique de la plus grosse planète du Système solaire, a mesuré jusqu'à trois fois la taille de la Terre à la fin du XIXe siècle. Plus récemment, il a rétréci considérablement pour atteindre près de 15.000 km (fin 2013). Nous connaissons cet anticycloneanticyclone émaillé d'ocreocre depuis 350 ans et il est toujours là, sans que l'on sache encore s'il est transitoire (quelques siècles ou millénaires ?) ou permanent. Autour du Soleil, Jupiter n'est pas la seule planète gazeuse à en arborer : NeptuneNeptune, par exemple, présente un sombre nuagenuage bleu cerné de cirruscirrus blanc.
Et nul doute qu'il en est de même ailleurs, pour les innombrables exoplanètes géantes qui peuplent la Galaxie. En règle général, hélas, leurs grandes distances nous empêchent d'observer leurs surfaces. En général oui... car depuis le début de la décennie, la caractérisation de l'atmosphèreatmosphère de Jupiter chaudesJupiter chaudes commence à se multiplier. Les astronomesastronomes étudient aussi la surface d'étoilesétoiles peu massives et lumineuses comme les naines brunes. Un article qui vient de paraître dans The Astrophysical Journal expose d'ailleurs le cas d'une grande tache aussi vaste que celle de Jupiter, à la surface d'une naine de type L.
Comparaison de la grande tache rouge de Jupiter photographiée en 1879 et en 2014. © Damian Peach
Une tache sombre près du pôle
L'astreastre désigné W1906+40 a été découvert en 2011 par le satellite Wise (Wide-field Infrared Survey Explorer). La frontière entre planètes géantes et étoiles naines de type L ou TT est mince. La massemasse des unes et des autres est insuffisante pour déclencher les réactions de fusionfusion thermonucléaire de l'hydrogènehydrogène, tandis que les secondes peuvent, dans le meilleur des cas, fusionner le deutérium (un isotopeisotope lourd de l'hydrogène). Cependant, même dans ce cas, l'énergieénergie dégagée n'a rien à voir avec celles des étoiles plus massives que nous voyons briller dans la nuit. Ces objets, pourtant très nombreux dans la Voie lactéeVoie lactée, ne sont pas repérables dans le visible et c'est à peine si on aperçoit leurs lueurs dans l'infrarougeinfrarouge.
Aussi grande que Jupiter, W1906+40 affiche une température en surface légèrement inférieure à 2.000 °C, presque trois fois moindre que celle de notre naine jaunenaine jaune, le Soleil. Dans le passé, des taches associées à des tempêtestempêtes ont déjà été observées à la surface de naines brunes avec le télescope spatial Spitzer (qui observe dans l'infrarouge), mais elles ne subsistaient que quelques heures, au plus un jour ou deux. W1906+40, elle, est par chance située dans le champ d'investigation du satellite Kepler qui, rappelons-le, a suivi la luminositéluminosité d'environ 150.000 étoiles entre le Cygne et la Lyre à la recherche d'exoplanètesexoplanètes (par la méthode de transittransit). L'équipe de John Gizis, de l'université du Delaware (Newark), a ainsi pu disposer d'informations sur ses variations d'éclats durant deux années.
La naine brune W1906+40, sur cette animation (un dessin d'artiste et non une série d'images réelles), ressemble beaucoup à une planète gazeuse comme Jupiter. © Nasa, JPL-Caltech
Une sorte de tempête sur une sorte d'étoile
Il n'est pas rare que de grandes taches sombres sur une étoile soient la cause des inflexions des courbes de lumièrelumière, mais le cas de W1906+40 est différent. Après Wise et Kepler, c'est SpitzerSpitzer qui a étudié cette naine brunenaine brune, avec des observations complémentaires dans deux longueurs d'ondelongueurs d'onde infrarouges. Elles ont indiqué que le phénomène détecté n'a pas d'origine magnétique, à la différence des fameuses taches sombres qui maculent le Soleil au gré de son cycle d'activité. Le sondage recoupé avec les données de Kepler a révélé la présence d'une tempête au sein de ses nuages de poussières minérales qui, de par sa taille, environ trois fois celle de la Terre, fait penser à celle de Jupiter, à la différence toutefois qu'elle n'est pas installée sur les tropiquestropiques mais près de l'un de ses pôles. Il lui faut environ neuf heures pour faire un tour.
C'est la première fois qu'une tempête aussi durable est observée à la surface d'une étoile. « Nous ne savons pas si une tempête stellaire de ce genre est unique ou commune, et nous ne savons pas pourquoi elle dure si longtemps » a déclaré John Gizis. Avec l'aide des deux télescopestélescopes spatiaux et de la prochaine génération (notamment JWST), les recherches vont pouvoir continuer.