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Il n'y a pas que RosettaRosetta qui soit en bonne position pour espionner l'activité d'une comète, en l'occurrence 67P/Churyumov-Gerasimienko. En effet, toute la flotte des sondes spatiales (et rovers) de la Nasa en mission autour de Mars sera sur le pied de guerre ce dimanche 19 octobre pour recueillir un maximum de données à propos d'une autre comète. À 18 h 27 TU précisément -- il sera 20 h 27 en France métropolitaine --, la petite comète nommée Siding Spring frôlera la Planète rouge à seulement 139.500 km de sa surface ! Si un tel phénomène devait se produire un jour près de la Terre, cela représenterait approximativement le tiers de la distance moyenne qui sépare celle-ci de la Lune. De mémoire d'Homme, jamais une telle proximité n'a été observée dans l'environnement terrestre...
John Grunsfeld, astronaute et administrateur-adjoint au bureau des missions scientifiques de la Nasa à Washington, a participé à la mise en place des opérations de ce week-end, qui s'annonce intense. Pour lui, c'est assurément « un cadeau de la science cosmique ». Il s'enthousiasme : « cette comète particulière n'a jamais pénétré dans le système solairesystème solaire interne [...] c'est pourquoi elle fournira une nouvelle source d'indices sur les premiers jours de notre système solaire ».
Visite inaugurale dans le système solaire interne
Découverte en janvier 2013 par l'astronomeastronome Robert H. McNaught à l'observatoire de Siding Spring (Australie), C/2013 A1 de son vrai nom est un corps d'une taille inférieure à 1,5 km. C'est la première fois qu'il rend visite au SoleilSoleil. Son périple, qui le conduira au plus près de notre étoileétoile -- périhéliepérihélie -- le 25 octobre prochain à quelque 210 millions de km (1,4 UA), a vraisemblablement commencé voilà plusieurs millions d'années, à la suite du « passage d'une étoile à proximité du nuage de Oortnuage de Oort ».
À près de 100.000 unités astronomiquesunités astronomiques du foyerfoyer solaire, cette région très lointaine héberge depuis 4,5 milliards d'années des centaines de millions de comètes potentielles qui sont parfois délogées par des perturbations gravitationnelles. « Songez que cette comète a probablement débuté son voyage à l'aubeaube de l'humanité et qu'elle vient juste d'arriver dans les parages ; [...] tout cela est très excitant » s'est enthousiasmé l'astrophysicienastrophysicien Carey Lisse (Johns Hopkins University) lors de son allocution à la conférence de presse de la Nasa qui s'est tenue à ce sujet, le 9 octobre.
Un effleurement où vont converger tous les regards
Bien que la comète, qui se déplace à une vitessevitesse moyenne de 200.000 km/h (56 km/s), passera très près de la planète rouge, il n'y a pas de risques de collision, assurent les scientifiques. Ce sont les poussières que l'astreastre chevelu laisse dans son sillage, plus de 100 kgkg par seconde selon les estimations de janvier 2014, qui représentent les plus grandes menaces pour les orbiteurs. Aussi, la Nasa et l'Esa ont-elles manœuvré les sondes spatiales Mars OdysseyMars Odyssey, Mars Reconnaissance OrbiterMars Reconnaissance Orbiter (MRO) et Maven pour les protéger tout en les préparant à suivre l'activité du noyau cométaire. La période critique est annoncée pour débuter 90 minutes après le passage de Siding Spring au plus près de Mars, et elle devrait durer une vingtaine de minutes. Les chercheurs ont prévu de collecter des données sur la taille, la vitesse de rotationvitesse de rotation du noyau de la comète, les flux de gazgaz et de poussières, sa comacoma, etc., avant, pendant et après sa visite. La dernière arrivée, Maven (Mars Atmosphere and Volatile EvolutioN), en profitera pour étudier les interactions des particules essaimées avec la fine atmosphèreatmosphère martienne, les changements possibles de température ainsi que la formation de nuages... Au sol, les rovers OpportunityOpportunity et CuriosityCuriosity, qui n'ont rien à craindre d'une éventuelle pluie météoritique, seront également de la partie.
En orbiteorbite autour de la Terre, les télescopestélescopes spatiaux HubbleHubble, Kepler, SwiftSwift, SpitzerSpitzer et ChandraChandra se tourneront vers Mars. Les satellites dédiés à l'étude du Soleil, Stereo et SohoSoho couvriront aussi l'événement.
Enfin, depuis le sol terrestre, de multiples télescopes de professionnels et d'amateurs sont préparés à une campagne d'observation. Le 19 octobre à 20 h 27, la planète Mars, distante alors d'environ 240 millions de kilomètres (1,6 UA), sera visible en direction du sud-ouest, entre les constellationsconstellations d'Ophiuchus et du Sagittaire, non loin du centre de la Voie lactéeVoie lactée. À travers une lunette, la comète devrait être mille fois moins lumineuse que la planète rouge, laquelle aura une magnitudemagnitude approximative de 0,9. À défaut de Martiens, les robotsrobots présents sur Mars seront aux premières loges pour admirer le spectacle et le partager avec nous, Terriens, quelques heures plus tard.