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Le 27 juillet 2014 restera un jour mémorable dans l'histoire de la conquête spatiale, car celui d'un nouveau record battu dans la distance parcourue par un véhicule sur une autre planète que la Terre. Plus de 40 ans après le précédent détenu par ma mission soviétique Lunokhod 2Lunokhod 2, le compteur (odomètre) d'Opportunity affichait à la fin de sa 3.735e journée martienne (3.735 sols), un total de 40,25 km sur la surface de Mars !
« C'est absolument remarquable » a souligné le directeur au JPLJPL de la mission Mars Exploration Rover (MER) à laquelle appartient le vaillant rover, nous rappelant au passage qu'il « était destiné (au départ) à rouler environ un kilomètre ». Bien sûr, a-t-il ajouté, « ce qui est vraiment important n'est pas le nombre de miles accumulés, mais l'exploration et les découvertes accomplies ».
Depuis son atterrissage, le 25 janvier 2004, à l’intérieur d’une petite dépression (cratère Eagle), Opportunity a roulé 32 km jusqu’en 2011. Continuant depuis sur les pentes et les crêtes du grand cratère Endeavour (22 km de diamètre), son odomètre affichait le 27 juillet 2014, 40,25 km. Loin d’avoir terminé, le rover poursuit sa route jusqu’à sa prochaine étape d’investigation : la « vallée de Marathon », baptisée ainsi en référence aux 42,2 km qu’il aura alors parcourus. Ci-dessus tracé de son périple superposé aux images prises par l’orbiteur MRO. © Nasa, JPL-Caltech, MSSS, NMMNHS
Bientôt un marathon martien
En janvier 2004, après l'arrivée successive de Spirit et OpportunityOpportunity, les scientifiques associés aux ingénieurs avaient effectivement misé sur une mission de trois mois. Puis, très vite, les deux rovers régulièrement alimentés en énergie solaire furent déclarés aptes à poursuivre leurs enquêtes au fil des kilomètres, tels des chienschiens renifleurs. Certes, Spirit est immobilisé depuis 2009, mais il avait déjà une belle et longue carrière derrière lui.
Quant à son jumeaujumeau débarqué le 25 janvier 2004 dans le cratère Eagle (dans la région équatoriale de Meridiani planum), ses signes vitaux permettent de penser qu'il peut encore prolonger son exploration (au grand dam de celles et ceux qui souhaiteraient suspendre son financement). Depuis 2011, après avoir déjà parcouru quelque 32 km, le petit « Oppy » arpente prudemment la crête ouest du grand cratère EndeavourEndeavour (22 km de diamètre), en direction du sud. Ainsi, comme l'avait préalablement suggéré les observations transmises par l'orbiteur Mars Reconnaissance Orbiter (MROMRO), les terrains et les roches qui affleurent autour de lui présentent des minérauxminéraux argileux, mémoire partiellement exposée de son passé humide. Tout indique que l'eau présente jadis y fut beaucoup moins acide que celle qui a baigné son site d'arrivée, à quelques kilomètres de là...
Aussi, si tout va bien, Opportunity devrait atteindre bientôt sa prochaine étape (borne) d'investigations géologiques, un site nommé pour l'occasion « vallée de Marathon » (Marathon Valley), en référence aux quelque 42,2 km que son compteur affichera alors.
En mémoire de la mission Lunokhod 2 qui parcourut 39 km sur la surface lunaire en 1973 (précédent record de distance pour un rover sur une autre planète), les scientifiques ont donné son nom à un cratère de 6 m de diamètre, photographié ici avec la caméra panoramique (PanCam) d’Opportunity lors de son 3.644e jour de son périple martien (24 avril 2014). © Nasa, JPL-Caltech, Cornell, Arizona State University
Nouvel âge d’or de la conquête spatiale
Signalons enfin qu'en hommage à la mission Lunokhod 2, un cratère de 6 mètres de diamètre situé sur les pentes d'Endeavour porteporte désormais son nom. Déposé sur la surface de la LuneLune le 15 janvier 1973, le rover d'exploration soviétique a longtemps gardé sa pole position dans le domaine des distances parcourues sur un corps du Système solaireSystème solaire. Ce fut vraisemblablement 39 km avalés en moins de cinq mois, selon les dernières estimations calculées par Tim Parker (JPL), Brad Jolliff (université de Washington, Saint-Louis) et Irina Karachevtseva (université de Moscou) à partir des données cartographiques fournies par la sonde spatiale américaine Lunar Reconnaissance Orbiter (LROLRO).
« Les missions Lunokhod continuent de signer deux réalisations de ce que je considère comme être le premier âge d'or de l'exploration planétaire, les années 1960 et 1970 » a déclaré Steve Squyres (université de Cornell d'Ithaca, New York), l'un des principaux chercheurs de MER pour la NasaNasa. « À présent, nous sommes entrés dans le second âge d'or », ajoutant que « ce que nous avons essayé de faire sur Mars avec Spirit et Opportunity fut largement inspiré par ce qu'ont accompli sur la Lune les équipes de Lunokhod voici plusieurs années. Cela a été un grand honneur de suivre les traces historiques laissées par leurs roues. »