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Observant dans le domaine des ondes submillimétriques du spectre électromagnétique, l'Atacama Large Millimeter/submillimiter Array (Alma, « âme » en espagnol) doit notamment permettre de mieux comprendre la formation des étoiles et des systèmes planétaires, des étapes clés du processus ayant mené du Big Bang au Vivant dans le Système solaire. Le radiotélescope ne déçoit pas, comme le montre une publication récente dans Nature.
Avec lui, les radioastronomes ont étudié le disque protoplanétaire entourant la jeune étoile MWC 480 située à 455 années-lumièreannées-lumière de la Terre dans la région de formation stellaire du Taureau, région où Alma avait déjà observé l'étoile HL Tauri. MWC 480 (dont la dénomination rappelle qu'elle fait partie du catalogue d'étoiles A et B, dont le spectre contient des raies d'hydrogènehydrogène brillantes, dressé à l'aide du télescopetélescope du mont Wilson) est 1,8 fois plus massive que le SoleilSoleil mais elle ne s'est formée que depuis un million d'années.
Une vidéo de présentation du radiotélescope Alma. © Alma (ESO/NAOJ/NRAO), The Mars Underground, YouTube
Une formation active de molécules prébiotiques dans un disque
L'analyse du rayonnement émis par le disque riche en poussières et en gazgaz entourant MWC 480 et qui a été capté par Alma montre que ce disque contient une grande quantité d'acétonitrile, ou cyanure de méthyle et de formule CH3CN. On y détecte aussi du cyanure d'hydrogènecyanure d'hydrogène (HCN) dont on a beaucoup parlé récemment car il intervient dans une série de réactions chimiquesréactions chimiques éclairant d'un jour nouveau l'origine de la vie sur Terre. Les exobiologistes ont donc toutes les raisons d'être emballés par la découverte d'Alma, tout comme l'aurait certainement été le grand Carl Sagan s'il était encore parmi nous.
On avait déjà établi la présence de l'acétonitrile et du cyanure d'hydrogène dans les nuagesnuages moléculaire denses et froids où naissent les étoiles. Il était naturel de penser que ces moléculesmolécules prébiotiquesprébiotiques se trouvent aussi dans les disques protoplanétaires entourant les étoiles. Mais cela restait à prouver car il est peut-être possible que le rayonnement des jeunes étoiles les détruise. Pour la première fois, les observations d'Alma mmetent en évidence ces molécules dans un disque protoplanétaire. Plus encore, leur concentration est si élevée qu'elles doivent être fabriquées intensément à l'intérieur du disque lui-même.
Un scénario universel pour l'apparition de la vie ?
Remarquablement, les molécules détectées par Alma se trouvent dans l'équivalent de la ceinture de Kuiperceinture de Kuiper de notre Système solaire, donc dans une zone de formation de comètes. Il est de ce fait raisonnable de penser que les molécules d'acétonitrile et de cyanure d'hydrogène qui s'y trouvent seront un jour emportées par des comètescomètes en direction d'exoplanètes rocheuses qui existeront autour de MWC 480. Comme ce fut probablement le cas pour notre Planète, ces exocomètes les ensemenceront alors avec de l'eau et des molécules organiques, créant peut-être les conditions favorables à l'apparition de la vie.
Comme l'explique l'un des principaux auteurs de l'article de Nature, l'astronomeastronome Karin Öberg du Harvard-Smithsonian Center for Astrophysics (Massachusetts, États-Unis), « grâce à l'étude des exoplanètesexoplanètes, nous savons que le Système solaire n'est pas unique en son genre, que ce soit par son nombre de planètes ou par l'abondance d'eau. Nous savons maintenant que nous ne sommes pas uniques en ce qui concerne la chimiechimie organique. Une fois de plus, nous avons appris que nous ne sommes pas spéciaux. Du point de vue de la vie dans l'universunivers, c'est une grande nouvelle ».