Cette nuit, un cargo Cygnus sera lancé à destination de la Station spatiale internationale (ISS). Objectif, la ravitailler en fret avec une charge utile scientifique record de 777 kg et réaliser deux premières : à la fin de sa mission de deux mois, Cygnus sera utilisé pour lancer cinq CubeSat et la Nasa y allumera un feu à l'intérieur.

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    Pour son deuxième lancement par une Atlas V d'ULA, le cargo Cygnus d’Orbital ATK doit acheminer à la Station spatiale internationale (ISS) près de 3.280 kilogrammes de fret, dont une charge record de 777 kg de matériel scientifique et plus d'une tonne de provisions pour les six astronautes actuellement à bord du complexe orbitalcomplexe orbital. Si les conditions météorologiques sont favorables, le lancement depuis Cap Canaveral, en Floride, est prévu mercredi matin, à 4 h 05, heure de Paris.

    Samedi 26 mars, le cargo sera capturé par le bras robotiquerobotique de la Station et amarré au module Harmony. Il restera pendant deux mois, le temps de procéder au déchargement de la cargaison et de charger le module de plus de 3 tonnes de détritus et de matériel dont les astronautes n'ont plus l'utilité ou qui est irréparable.

    Ce sera le dernier lancement d'un cargo Cygnus par une Atlas V, démontrant du même coup l'adaptabilité du cargo à deux lanceurslanceurs différents. Il faut savoir qu'à la suite de l'explosion au décollage du lanceur Antares transportant le troisième cargo Cygnus (octobre 2014), Orbital ATK s'est tourné vers ULA pour garantir la continuité du service souscrit par la NasaNasa qui prévoit un certain tonnage de fret à lancer avant 2019. Le prochain vol d'un Cygnus, prévu en juin, sera réalisé depuis le base de Wallops, en Virginie, avec un lanceur Antares doté d'un nouveau moteur.

     Ce cargo, dont le module pressurisé est construit par Thales Alenia Space, a été baptisé S. S. Rick Husband, du nom du dernier commandant de Columbia, mort avec son équipage lors de la désintégration de la navette lors de son retour sur Terre le 1er février 2003. © Nasa, Bill White

    Ce cargo, dont le module pressurisé est construit par Thales Alenia Space, a été baptisé S. S. Rick Husband, du nom du dernier commandant de Columbia, mort avec son équipage lors de la désintégration de la navette lors de son retour sur Terre le 1er février 2003. © Nasa, Bill White

    La Nasa va déclencher un incendie à bord du cargo Cygnus

    D'ordinaire, à la fin de leur mission, les cargos ravitailleurs de la Station spatiale réalisent une rentrée dans l'atmosphèreatmosphère terrestre où ils se désintègrent - à l'exception de la capsule Dragon de SpaceXSpaceX qui est récupérée en pleine mer. Cette fois, ce sera différent. Au lieu d'effectuer une rentrée atmosphérique banale, le cargo Cygnus sera placé sur une orbiteorbite spécifique pour, d'une part, libérer cinq CubeSatCubeSat et, d'autre part, réaliser deux missions dont une ne manquera pas de susciter un très grand intérêt...

    En effet, la Nasa, jamais à court d'idées pour faire le buzz, va déclencher un incendie à bord du cargo Cygnus pour comprendre comment se déroule un incendie dans un environnement en microgravitémicrogravité. Le cargo ne va évidemment pas prendre feufeu. Celui-ci sera circonscrit à l'intérieur d'une boîte rectangulaire de 53 x 90 x 133 cm, bardée de capteurscapteurs qui suivront sa propagation et son comportement.

    Ce sera « le plus grand incendie jamais provoqué par l'Homme dans l'espace », affirme Gary Ruff, le responsable de l'expérience, qui prévoit d'en réaliser deux autres cette année. Avec des feux d'intensité modérée et sous contrôle, les précédentes expériences de ce type étaient trop contraintes pour apporter les réponses aux nombreuses questions en suspens. Les données de cette expérience seront utiles à la constructionconstruction des futurs véhicules spatiaux. Elle permettra en effet de déterminer les limites de résistancerésistance au feu des matériaux.

    La deuxième expérience consistera à mesurer et enregistrer la dynamique de la rupture du Cygnus lors de sa rentrée destructive dans l'atmosphère terrestre au-dessus de l'océan Pacifique afin de mieux comprendre comment les véhicules spatiaux se désintègrent dans l'atmosphère terrestre lors d'un retour d'orbite. En février 2015, l'Agence spatiale européenneAgence spatiale européenne (Esa) prévoyait une expérience similaire avec l'ATVATV-5 Georges LemaîtreGeorges Lemaître qui devait permettre de simuler une rentrée destructive de l'ISS « et donc de préparer au mieux la désorbitation de la Station spatiale internationale et comprendre comment elle va se désintégrer dans l'atmosphère terrestre », nous expliquait alors Massimo Cislaghi, le responsable de la mission ATV-5. Malheureusement, l'expérience avait été annulée au dernier moment en raison d'une panne qui a privé l'ATV d'une des quatre chaînes de puissance du système.