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Les géantes gazeuses joueraient un rôle important dans la formation des systèmes planétaires. Crédit : Lynette Cook
Les premières théories solides de la formation du Système Solaire du point de vue de la mécanique céleste furent l’œuvre essentiellement de l’école Russe, autour de Viktor Safronov, et de l’école américaine, autour de Georges Wetherhil.
Ce dernier a en particulier été l’un des pionniers de la simulation numériquesimulation numérique pour la formation des planètes et, jusqu’à ce que l’on découvre les premières exoplanètes, les modèles analytiques et numériques, incorporant les données des modèles thermiques et chimiques comme ceux de la nébuleuse protosolaire chaude d’Harold Urey, avaient plutôt tendance à produire des systèmes planétaires ressemblant au nôtre : une bonne nouvelle pour les exobiologistes partisans du programme Seti.
Les choses ont commencé à se compliquer lorsque l’on a découvert les premières exoplanètes.
Ces dernières étaient des Jupiter chauds et, pendant un temps, les planétologues eurent du mal à comprendre comment des géantes gazeusesgéantes gazeuses, dont les modèles « prédisaient » leur formation à basse température et loin du SoleilSoleil, avaient bien pu se retrouver aussi près de leur étoileétoile hôte.
Même si la moisson d’exoplanètes a montré que la formation d’un système planétaire était visiblement assez fréquente dans la GalaxieGalaxie, la perplexité des astrophysiciensastrophysiciens n’a fait qu’augmenter lorsque l’on s’est aperçu que non seulement les planètes géantesplanètes géantes étaient majoritairement des Jupiter chauds mais aussi que les orbitesorbites de ces planètes étaient en général bien plus elliptiques que celles des planètes de notre Système Solaire qui, malgré les lois de Keplerlois de Kepler, sont quand même assez proches d’une forme circulaire.
Visiblement, le rôle des forces de frottement causées par les gazgaz dans les disques protoplanétairesdisques protoplanétaires avait été sous-estimé et pas seulement lui probablement. En effet, sous son action, les géantes sont freinées et, spiralant en direction de leur étoile, finissent même souvent par y être incorporées, quand elles ne sont pas purement et simplement éjectées des systèmes planétaires par les lois des systèmes à N corps interagissant gravitationnellement.
En violation du principe de CopernicCopernic, notre système planétaire était-il une exception dans l'UniversUnivers ?
Pour en avoir le coeur net, des astrophysiciens travaillant avec la grappe (clustercluster en anglais) d’ordinateursordinateurs du groupe d’astrophysiqueastrophysique théorique de l’Université de Northwestern ont réalisé plusieurs centaines de simulations à une échelle de calcul encore jamais atteinte pour ce genre de problème cosmogonique.
Frederic A. Rasio, Edward W. Thommes et Soko Matsumura ont introduit non seulement la physiquephysique des gaz, bien que d’une manière approchée pour rendre les temps de calcul raisonnables, mais aussi des grains de poussières dans leur modèle informatique et ils ont effectivement découvert que notre système solaire était en réalité une exception, au moins dans ces simulations numériques, qui donnent en général deux grandes classes de systèmes planétaires.
Si le disque contient une quantité importante de gaz, celui-ci force les planètes à se rapprocher de l’étoile centrale à cause des forces de frottement et les interactions gravitationnelles entre les planètes en formations deviennent fortes, de sorte que des phénomènes de résonancerésonance importants se produisent entre les orbites qui deviennent vite chaotiques et avec une forme elliptique marquée. C’est le scénario de gauche dans le schéma ci-dessus.
Si le disque contient assez peu de gaz, aucune planète d’une massemasse supérieure à celle de NeptuneNeptune ne se forme mais les orbites sont néanmoins, là aussi, assez elliptiques et instables. C’est le scénario de droite sur le même schéma.
Le premier scénario reproduit assez bien les observations avec les exoplanètes mais cela implique donc que les estimations optimistes pour le nombre de civilisations extraterrestres en état de communiquer avec nous par radio dans la Galaxie doit être revu à la baisse. En effet, l’un des termes dans l’équation de Drake donnant la probabilité de formation d’une planète capable de permettre le développement d’une vie complexe, car située à bonne distance de son étoile et sur une orbite circulaire et stable, vient probablement de voir sa valeur chuter dramatiquement.
Une explication au paradoxe de Fermi ? Peut-être, en tout cas de même que les planètes avec un double coucher de Soleil sont probablement la règle et pas l’exception, notre planète doit elle aussi être très singulière dans la galaxie.