D’après de nombreux témoins, une « pluie de météorites » s’est abattue mercredi soir dans le sud-est de la France, particulièrement en Isère et en Savoie. Des impacts auraient été signalés. Devant un tel phénomène, la prudence est de mise. Avant de conclure sur la position, la trajectoire et la nature d’un tel objet, il faut d’abord recouper tous les témoignages. Le résultat est souvent surprenant…

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    Mercredi soir, à 18 h 20, comme le rapportent plusieurs journaux régionaux, des centaines de personnes ont vu qui une boule de feu, qui un trait dans le ciel. Les premiers témoignages sont venus des environs de Grenoble mais les suivants se situent bien plus au sud, entre Avignon et Montpellier, et jusqu'à Monaco, mais aussi en Italie et en Suisse. Une carte de ces témoignages est publiée sur le site du Dauphiné Libéré. La préfecture de l'Isère, dans un tweet, parle d'une pluie de météorites. Selon le même journal, trois impacts auraient été signalés dans le Vercors, dans le Grésivaudan et à Gières. Un spectateur d'un match de rugby du « Tournoi des cinq stations » a filmé l'évènement, depuis la station de Valmorel, une vidéo visible sur YouTube et présentée ci-dessous. Une autre vidéo montre le même évènement vu d'Italie. Le site Fireballs.imo.net, de l'IMO (International Meteor Organization), agrège les témoignages et affiche une carte montre clairement leur accumulation autour de Grenoble.

    L'ampleur géographique du phénomène plaide pour la rentrée atmosphérique de plusieurs objets, peut-être issus d'un même corps qui a explosé. L'évènement a manifestement commencé en haute altitude, de telle sorte que des personnes de différentes régions ont pu le voir. Les témoignages d'impact sont de ce fait à prendre avec circonspection, tant que des traces tangibles au sol n'auront pas été clairement identifiées.


    Une séquence vidéo saisie par hasard, au cours d'un match de rugby, dans la station de ski de Valmorel, en Savoie, le 17 février, vers 18 h 30. © Sesano Bijoux, YouTube

    Soyez précis dans les témoignages !

    Il peut s'agir d'un petit astéroïde ou d'un morceau d'engin spatial (étage de lanceur ou satellite). Sous l'effet de la chaleur due au frottement de l'atmosphèreatmosphère (et des contraintes thermiques entre les parties internes encore froides et l'extérieur très chaud), l'objet, généralement, explose en vol. La chute de ce corps ne semble pas avoir eu d'effet destructeur, comme ce fut le cas pour la météorite de Tcheliabinsk, en février 2013.

    Pour l'instant, les témoignages s'accumulent et c'est leur analyse seule qui permettra de localiser l'évènement. Aucune conclusion ne doit être tirée avant cela et aucun crédit ne doit être apporté aux affirmations du genre « je l'ai vu tomber derrière la colline ».

    Ces témoignages doivent être aussi précis que possible : l'heure, la direction (par rapport au nord) et la hauteur. S'il s'agit d'une sorte de trait lumineux qui a persisté - il s'agit alors d'un « bolide » -, il faut préciser les positions du début et de la fin de cette trace ainsi que sa couleurcouleur, laquelle permettra peut-être de distinguer entre un petit astéroïdeastéroïde et un engin fait de main d'Homme (pour l'instant, les témoignages semblent converger vers la couleur verte). En recoupant ces données, il est alors possible de situer l'origine du phénomène sur une carte, et même en trois dimensions pour retrouver l'altitude.

    N'oublions pas le cas révélateur de la « météorite de Bourges », le 28 janvier 2008, aperçue par un contrôleur aérien de l'aérodrome de cette ville et qui situait l'évènement tout près. Dans les heures et les jours qui suivirent, des témoignages affluèrent de bien plus loin et se concentraient sur le forum de Futura-Sciences, comme le raconte Oncle Dom, qui avait participé au travail d'analyse et reconstitué la trajectoire. Conclusion : l'objet avait pénétré dans l'atmosphère au-dessus d'Avignon, poursuivi sa route enflammée vers le sud-ouest pour finir par exploser 100 km entre Montpellier et Béziers. Très lumineux, l'évènement, vu de Bourges, semblait avoir eu lieu au ras du sol.

    Rappelons-nous que rien, absolument rien, ne permet d'estimer la distance d'un objet lumineux vu dans le ciel s'il n'existe pas d'indice sur sa nature. Le petit éclairéclair vu au-dessus de l'église du village est peut-être une explosion violente à des centaines de kilomètres de là, le phare d'atterrissage d'un avion en approche sur l'aérodrome voisin ou encore la lampe torche d'un promeneur nocturnenocturne sur le toittoit de l'immeuble d'en face. Si vous avez été témoin ce mercredi soir, soyez précis dans les descriptions !