La Russie parviendra-t-elle, après l'échec de l'ex-URSS, à envoyer un cosmonaute autour de la Lune ? Oui, si l'on en croit Space Adventures, mais il sera accompagné de touristes. Le projet existe et deux candidats se disent prêts à payer 150 millions de dollars chacun. L'équipage est au complet. Ne reste plus qu'à fabriquer le vaisseau…

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    Space Adventures et l'Agence spatiale russe Roscosmos, qui proposent une mission habitée autour de la Lune, sont dans les starting-blocks. La société états-unienne qui commercialise deux places payantes vient de trouver le second passager prêt à débourser 150 millions de dollars, tarif du premier billet pour la Lune. L'équipage, maintenant au complet, se compose de ces deux touristes et d'un cosmonaute russe qui pilotera l'engin lunaire. Le vol autour de la Lune est prévu fin 2017 ou début 2018, après un vol d'essai inhabité

    Sauf que... l'engin lunaire n'existe pas. On sait juste qu'il s'agit d'une version modifiée d'une capsule Soyouz complétée d'un module d'habitation et d'un étage de transfert. L'entreprise S.P. Korolev Rocket and Space Corporation (plus connue sous le nom d'Energia), qui construit ces capsules, prévoit d'y ajouter de nouveaux systèmes de communication et de navigation. Le plus gros travail sera de changer de bouclier thermique. La vitesse de rentrée d'une mission lunaire est en effet plus élevée qu'un retour depuis l'orbite basse et de la Station spatiale internationale.

    Telle qu'elle est planifiée, cette mission prévoit deux lancements distincts : celui de la capsule SoyouzSoyouz avec les trois passagers et celui de l'étage de transfert vers la Lune et du module d'habitation qui seront lancés par un Proton. Le rendez-vous et la jonction se feront en orbite basse avec une halte à bord de l'ISS avant la manœuvre. Une fois le vaisseau en orbite autour de la Lune, la capsule de retour s'en séparera avant d'entamer le voyage du retour sur la Terre.

    Concept à l'étude d'un Soyouz lunaire (en noir) avec son étage de transfert et un module d'habitation (en blanc). © Space Adventures

    Concept à l'étude d'un Soyouz lunaire (en noir) avec son étage de transfert et un module d'habitation (en blanc). © Space Adventures

    Le business du tourisme spatial en question

    Ce module d'habitation, qui n'existe pas dans la version utilisée pour la rotation des équipages à bord de l'ISS, donnera à l'équipage davantage d'espace de vie pour ce voyage aller-retour de la Terre à la Lune qui pourrait durer une semaine. Si l'on tient compte du séjour à bord de la Station spatiale, la duréedurée totale de la mission sera de 17 jours.

    À la différence des États-Unis, qui ont envoyé des hommes en orbite autour de la Lune et à sa surface (missions Apollo), la Russie est en terrain presque inconnu. Au début de la conquête spatiale, elle s'est dotée de programmes destinés à ouvrir la voie à de futurs voyages humains. Zond est l'un d'eux et peut-être le plus abouti, bien qu'il n'ait pas rempli ses objectifs.

    Ce programme lunaire fut la réponse au défi qu'avait posé à l'ex-URSS le président John Fitzgerald Kennedy en 1961 lorsqu'il avait annoncé que les États-Unis poseraient un homme sur la lune avant la fin de la décennie. Son succès fut mitigé mais Zond a néanmoins permis un certain nombre d'avancées technologiques encore utilisées aujourd'hui dans le domaine des lanceurslanceurs et des vols habités. On lui doit notamment la technique de la rentrée atmosphérique toujours en vigueur.

    Le tourisme spatialtourisme spatial semble décidément en vogue, du moins dans les projets. On connaît Mars One et sa colonie d'humains permanente sur la surface de Mars. Dennis Tito prépare un voyage autour de la Planète rouge et des opérateurs privés se lancent dans le développement d'avions spatiaux ou de ballonsballons stratosphériques. Bref, les projets de tourisme spatial se multiplient dans toutes les directions mais sont très en retard sur les plannings initiaux et bataillent pour boucler leur financement.

    Ce tour de la Lune proposé par Space Adventures et Roscosmos rencontre également ces difficultés. Les 300 millions de dollars des deux passagers ne sont évidemment pas suffisants pour couvrir le développement du Soyouz lunaire, le vol d'essai et la mission en elle-même. D'aucuns se demandent comment Energia va le financer et si le recours à des investisseurs privés en provenance de Russie ou d'ailleurs n'est pas une nécessité. À l'avenir, et si la demande est suffisante, Space Adventures et Energia pourraient planifier d'autres voyages autour de la Lune.