La nouvelle escapade du rover martien Opportunity le conduit à gravir une pente assez raide pour atteindre des roches à examiner sur la crête. Un défi qu’il semble relever sans beaucoup de difficultés malgré ses 12 années de mission.

au sommaire


    Sur Mars, le rover Spirit est malheureusement immobilisé depuis 2010, mais son jumeaujumeau, OpportunityOpportunity, débarqué quelques jours après lui, à plusieurs milliers de kilomètres de là, va très bien. Le 25 janvier dernier, il fêtait son douzième anniversaire sur les pentes ensoleillées de la vallée de Marathon, une entaille est-ouest dans les remparts du cratère EndeavourEndeavour où il séjourne depuis quelques mois. Marathon fait bien sûr référence à la distance parcourue par le rover quand il y est arrivé : 42,195 km. Un record absolu. Son septième hiverhiver martien vient de commencer et, grâce aux alizésalizés, ses panneaux solaires ont pu être dépoussiérés.

    Que fait Opportunity en ce moment ? Il mène de nouvelles enquêtes géologiques sur le passé de la Planète rouge. Cette vallée est devenue une cible prioritaire pour l'équipe scientifique car, sur la foi des relevés du spectromètre imageur Crism (Compact Reconnaissance Imaging Spectrometer) de la sonde MRO (Mars Reconnaissance OrbiterMars Reconnaissance Orbiter), des minérauxminéraux argileux y affleurent. Ceux-ci pourraient témoigner de la présence ancienne d’une eau beaucoup moins acide que pour les premiers cas étudiés peu après son atterrissage en 2004.

    Image mosaïque en vraies couleurs de la pente que gravit Opportunity, sur le flanc sud de la vallée de Marathon. La crête de Knudsen, tout en haut, offrira au rover un point de vue magnifique sur le cratère Endeavour (22 km de diamètre). © Nasa, JPL-Caltech, <em>Cornell Univervisity, Arizona State University</em>

    Image mosaïque en vraies couleurs de la pente que gravit Opportunity, sur le flanc sud de la vallée de Marathon. La crête de Knudsen, tout en haut, offrira au rover un point de vue magnifique sur le cratère Endeavour (22 km de diamètre). © Nasa, JPL-Caltech, Cornell Univervisity, Arizona State University

    Opportunity se rapproche d’une « zone rouge »

    La nouvelle destination de l'astromobile est la crête de Knudsen, tout en haut du flanc sud de la vallée de Marathon. L'équipe, qui a perdu l'un des membres fondateurs de l'expédition Mars Exploration Rover (MER) en 2005, le planétologue Jens Martin Knudsen, a souhaité baptiser ce site en son hommage. De là, le rover pourra embrasser du regard l'ensemble du vaste cratère Endeavour de 22 kilomètres de diamètre. « Cette crête est si spectaculaire qu'elle semble être l'endroit approprié pour le nommer en l'honneur de Jens Martin » confie le directeur scientifique de la mission, Steve Squyres.

    Avant d'arriver à cette nouvelle étape, Opportunity doit gravir une pente escarpée, inclinée à environ 30°. C'est la plus raide de sa carrière. Il s'agit donc de la monter prudemment. L'opération qui a commencé fin janvier a permis de parcourir 9,4 mètres en deux temps. Elle a repris le 18 février. Il se débrouille plutôt bien, raconte John Callas, le chef de la mission au JPLJPL : « Opportunity nous a montré qu'il a toujours le pied sûr. Les roues ont beaucoup moins patiné que prévu sur ces pentes abruptes ».

    Ce qui intéresse tout particulièrement les chercheurs là-haut sont des andainsandains de roches assez rouges surnommés « zones rouges », qui contrastent avec le substratsubstrat alentour. Ces roches étant assez friables, l'érosion en a éparpillé des morceaux jusque dans le creux de la vallée où ils sont mélangés aux autres matériaux. Le rover a pu déjà en examiner, mais sommairement. L'enjeu, cette fois, est d'étudier avec le spectromètre à particules alpha et rayons X (APXS), qui arme son bras robotiquerobotique, des échantillons plus purs, directement exposés, pour en connaître la composition chimique.

    « Les emplacements des zones rouges dans la vallée de Marathon sont en étroite corrélation avec la signature de phyllosilicatesphyllosilicates vue en orbiteorbite, déclare Steve Squyres. Nous voulons déterminer la chimiechimie qui les distingue du substrat environnant et ce qu'elle pourrait avoir à faire avec de l'eau. »