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- Découvrez les astéroïdes en image
Jusqu'à présent, le début du XXIe siècle n'a pas été à la hauteur des espérances d'un Arthur Clarke ou d'un Carl Sagan, et très probablement de toute une génération qui a grandi dans l'ambiance du projet ApolloApollo. Les rêves des années 1970 vont peut-être bénéficier d'un second souffle cependant, à l'heure où l'on parle à nouveau sérieusement de centrale solaire spatiale et de métro mondial hypersonique ralliant Kiev à Pékin en quelques heures seulement.
En effet, on vient d'apprendre qu'une société privée regroupant des membres prestigieux avait vu le jour autour de Peter Diamandis et Eric Anderson. Son nom : Planetary Resources Inc.
Son but est de préparer l'exploitation minière des astéroïdes dont certains sont particulièrement riches en métauxmétaux rares sur Terre. On le sait entre autres parce que certains fragments de ces astéroïdes sont tombés sur Terre sous forme de météorites. Les plus spectaculaires, en ce qui concerne le contenu en métaux, sont bien sûr les sidérites. Plusieurs des premiers objets métalliques de l'humanité ont d'ailleurs été fabriqués avec ces météorites.
On voit ici la structure caractéristique des météorites riches en fer et nickel dites Widmanstätten lorsqu'elles sont attaquées à l'acide. Ces sidérites sont des fragments d'astéroïdes qui eux-mêmes sont riches en métaux, dont le précieux platine. © L. Carion-www.carionmineraux.com
Les astéroïdes, une clé de la colonisation du Système solaire
Certains géocroiseurs s'approchent de la Terre à des distances inférieures à celle qui nous sépare de la Lune. Selon les estimations actuelles, on pourrait donc facilement les visiter par des sondes et même les capturer pour les ramener dans la banlieue terrestre. Ils pourraient contenir des quantités faramineuses de platine et d'autres métaux du même groupe (ruthenium, rhodiumrhodium, palladiumpalladium, osmiumosmium, iridiumiridium), tous importants pour l'industrie moderne. Ainsi, un petit astéroïde de 500 mètres de long pourrait renfermer autant de platine que la quantité extraite sur Terre par l'humanité.
Explorer les ressources naturelles de l'espace, c'est le pari fou que s'est lancé un petit groupe de millardaires américains parmi lesquels le P-DG de Google Larry Page et le cinéaste canadien James Cameron. © euronewsfr-YouTube
Les ressources que l'on pourrait tirer des astéroïdes n'ont pas besoin d'être ramenées directement sur Terre pour profiter à l'humanité. Certains sont aussi très riches en eau. Or, en plus de servir à d'éventuelles colonies spatiales, comme celles rêvées par Gerard K. O’Neill, cette eau peut faire office de carburant, soit en donnant de l'oxygèneoxygène et de l'hydrogènehydrogène, soit directement injectée dans un moteur nucléaire. Au final, les divers matériaux en abondance, comme de l'aluminiumaluminium et du carbonecarbone, n'auraient plus à être extraits de la Terre et envoyés dans l'espace. Une telle exploitation des astéroïdes ferait considérablement chuter le coût de la conquête du Système solaireSystème solaire, ainsi que l'établissement de bases lunaires et martiennes.
Une vue d'artiste de la sonde Dawn survolant Vesta. Une répétition pour les Arkyd-300 de Planetary Resources ? © Nasa/JPL-Caltech
« La meilleure façon de prédire l'avenir est de le créer vous-mêmes »
Mais avant que ces rêves ne se réalisent, le chemin est encore long. Il faudra auparavant prospecter les astéroïdes et pour cela en repérer quelques-uns de prometteurs à l'aide de télescopestélescopes spatiaux qui seront placés d'ici deux ans sur orbiteorbite terrestre basse. Il restera ensuite à les visiter à l'aide de petits engins spatiaux déjà à l'étude et baptisés Arkyd-300. Nul doute que l'expertise déjà acquise lors de missions de survolsurvol de quelques astéroïdes et comètescomètes, comme Dawn et Deep Impact, sera précieuse. D'ici quelques décennies, on saura si Peter Diamandis aura réussi son pari en appliquant sa devise : « La meilleure façon de prédire l'avenir est de le créer vous-mêmes ».
En attendant, les membres de Planetary Resources parmi lesquels on compte 25 ingénieurs, un astronauteastronaute de la NasaNasa et des personnages aussi médiatiques que les patrons de GoogleGoogle Larry PageLarry Page et Eric Schmidt, Charles Simonyi et bien sûr James Cameron, se sentent comme les pionniers de la route des épices et du Nouveau Monde.