Le retard à l'allumage du tourisme spatial inspire quelques entrepreneurs privés, estimant que l'attrait de tels vols vient moins de la brève incursion dans l'espace que du spectacle de la Terre vue d'en haut. C’est le cas d'une société espagnole, Zero2infinity, qui propose de flotter à bord d’un ballon à plus de 36 kilomètres du sol puis de connaître l'apesanteur pendant la descente.

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    Amorcée au début des années 2000, la démocratisation de l’espace peine à se matérialiser. Si les initiatives privées se multiplient pour envoyer des Hommes dans l'espace, les projets d'avions spatiaux en développement sont très en retard sur la demande, de sorte que les premiers vols commerciaux ne sont pas prévus avant plusieurs années.

    Cette situation pourrait bien faire l'affaire d'entrepreneurs privés qui misent plus modestement sur des promenades dans la stratosphère plutôt qu'à la frontière entre la Terre et l'espace. Un belvédère à plus de 35 kilomètres permet en effet, tout aussi bien, de découvrir la courbure de la Terre, la noirceur de l'espace et même l'apesanteur.

    La vision de la Terre depuis l'intérieur de Bloon, le ballon spatial de Zero2infinity. © Zero2infinity

    La vision de la Terre depuis l'intérieur de Bloon, le ballon spatial de Zero2infinity. © Zero2infinity

    Alors, si l'exploit de l'Autrichien Felix Baumgartner et son exceptionnelle chute libre depuis la stratosphèrestratosphère a fait naître en vous la folle envie de voir la Terre de là-haut, sachez que Zero2infinity veut vous y amener. Cette société espagnole, créée par Jose Mariano Lopez-Urdiales, développe un ballon où la nacelle est remplacée par une capsule pressurisée. L'enveloppe emplie d'hélium, d'une hauteur de 168 mètres, transportera les passagers seulement deux kilomètres en dessous du point de départpoint de départ du saut de Felix Baumgartner.

    « Spatialiser » un ballon

    L'idée est d'envoyer une capsule habitée flotter plusieurs heures au-dessus de la surface de la Terre à plus de 36 kilomètres d'altitude. Ce voyage de cinq heures, dont trois à haute altitude, permet même de s'offrir une petite période d'apesanteur de deux minutes. En effet, au retour, la capsule est larguée et entame une chute libre avant le déploiement du parachuteparachute. Le retour au sol sera moins rapide que le saut de l'Autrichien, qui a rejoint la terre ferme en seulement 4 minutes et 19 secondes. Le parachute ressemble plutôt à un parapente. Pilotable, il amènera la capsule au-dessus de la zone d'arrivée en une demi-heure, et l'atterrissage se fera en une dizaine de minutes. 

    Malgré la simplicité apparente du système, quelques points durs sont à signaler. Le lancement d'un ballon de grande envergure en est un. C'est pourquoi Zero2infinity collabore « avec un professionnel ayant une centaine de lancements réussis à son actif pour la Nasa et l'Agence spatiale italienne », ainsi qu'avec un météorologuemétéorologue, ancien du Cnes, pour « le calcul des trajectoires et les prévisions de ventvent », nous explique le porteporte-parole de Zero2infinity. La phase d'atterrissage pose également quelques problèmes, car l'entreprise vise « un atterrissage d'une précision de 50 à 100 mètres ». Le système de guidage du parachute sera développé par la société SSBV. Le système de télémétrie pour la navigation et la localisation du ballon ainsi que les commandes de séparationséparation du parachute et du ballon seront « développés par Zero2infinity à partir de composants préexistants ».

    Une illustration de ce à quoi pourrait ressembler un voyage en ballon à bord de Bloon. Les opérations commerciales pourraient démarrer dès 2015. © Zero2infinity

    Une illustration de ce à quoi pourrait ressembler un voyage en ballon à bord de Bloon. Les opérations commerciales pourraient démarrer dès 2015. © Zero2infinity

    Quant à la cabine, elle sera entièrement pressurisée et capable de transporter quatre passagers et deux pilotes. Chaque visiteur du ciel disposera d'une fenêtrefenêtre panoramique dédiée et pourra se déplacer pendant le vol. Il y aura également des toilettes à bord. Comme la cabine possède une forme torique, si une partie devait se dépressuriser, elle pourrait être hermétiquement fermée et les passagers pourraient se réfugier dans l'autre partie. D'une hauteur de deux mètres environ pour un diamètre qui n'a pas encore été arrêté (entre 4 et 6 m), la cabine pourra être aménagée en configuration privative, deux plus deux, pour accueillir des couples par exemple.

    Premier vol commercial du Bloon de Zero2infinity en 2015

    Après un premier essai inhabité en novembre 2012, Zero2infinity est en train de « boucler le financement du premier essai habité à réaliser en 2014, pour un montant de trois à cinq millions d'euros ». Si aucun retard ne vient perturber l'agenda, « nous envisageons de commencer les opérations commerciales dès 2015, et la commercialisation des billets a déjà débuté ». Zero2infinity vise également le marché des vols scientifiques et commerciaux non habités. La société se targue même de devenir « la première entreprise privée, en Europe, à pouvoir offrir ce service ». Le billet pour ce vol atteint un tarif plutôt stratosphérique, estimé à 110.000 euros.

    Pour l'instant, cependant, Zero2infinity n'a pas encore l'autorisation pour diriger des vols habitésvols habités, mais « ce n'est pas une inquiétude ». La société espagnole a déjà obtenu des autorisations pour effectuer des vols expérimentaux non habités. D'ailleurs, « une compagnie d'assurance couvre la société pour ces vols ». Comme c'est le cas pour les nouveaux avions, ce type d'autorisation pour les vols habités n'est délivré qu'à la fin d'un long processus d'essais en vol et de certificationscertifications par étapes.