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Au début des années 2000, la Nasa a estimé que l'astéroïde 1950 DA avait une chance sur 300 de percuter la Terre en 2880... Prévoir un impact 865 années avant qu'il se produise laisse songeur d'autant plus que l'on a affaire à un objet de moins de 1,4 km de diamètre. D'ailleurs, il y a fort à parier que des calculs plus fins de sa trajectoire lèveront tout risque de collision.
En attendant, et comme pour chaque cas similaire, 1950 DA fut davantage étudié afin de mieux connaître sa forme, sa taille et surtout sa composition. Il s'agit donc d'un astéroïde plus ou moins sphérique constitué d'un empilement de débris, modelé sous l'effet de l'autogravitation. Des chercheurs de l'université du Tennessee ont récemment découvert qu'il tourne plus vite que la limite de dislocation relativement à sa densité. En clair, la gravité aurait dû le faire voler en éclats depuis longtemps. Les scientifiques sont arrivés à la conclusion que des forces de cohésion doivent maintenir cette pile de débris ensemble, probablement celle nommée « force de Van der Waals ». De nature électrique, cette interaction complexe agissant au niveau atomique et moléculaire n'avait encore jamais été observée jusqu'à présent sur ce type de corps célestes.
Un astéroïde que l'agence spatiale américaine n'ira jamais explorer avec une mission habitée, car sa rotation rapide éjecterait dans l'espace un astronaute situé à son équateuréquateur. Plus sérieusement, ce cas ouvre de nouvelles perspectives dans les stratégies de déviation et d'évitement pour protéger la Terre d'un impact certain.
A l'instar de 2050 DA, la cohésion de l'astéroïde 25143 Itokawa pourrait s'expliquer par la force dite de Van der Waals. © Jaxa
Dévier les astéroïdes avant qu’ils n’atteignent la Terre
15 février 2013 : suite à l'explosion retentissante de la météorite de Tcheliabinsk dans le ciel de Russie, laquelle n'avait pas été découverte avant son entrée dans l'atmosphèreatmosphère terrestre, il y eut un regain d'intérêt pour élaborer des stratégies face au danger d'un potentiel impact d'astéroïde. Les conséquences auraient été effectivement bien plus désastreuses s'il s'était agi d'un objet plus dense et plus grand.
La première des protections est de déterminer de façon très précise et la composition et la trajectoire de chaque astéroïde potentiellement dangereux (Potentially Hazardous Asteroids ou PHA). En effet, on n'agira pas de la même façon s'il s'agit d'un corps dense fait d'un seul bloc ou s'il est constitué d'un empilement de débris. A cela s'ajoute le cas de 1950 DA.
Toutefois, pour le dévier, pas question d'envoyer un objet massif. Cela aurait pour conséquence de briser sa cohésion et donc, de le séparer en plusieurs morceaux susceptibles de nous heurter individuellement. D'ailleurs, c'est très vraisemblablement ce qui s'est produit avec l'astéroïde P/2013 R3 qui s'était désagrégé, voici quelques mois, sous l'œilœil aiguisé du télescope spatial Hubbletélescope spatial Hubble. Reste que la meilleure façon de se prémunir serait d'utiliser un engin spatial suffisamment massif pour attirer l'indésirable dans sa direction, via la force de gravité, de façon à modifier durablement sa trajectoire plusieurs années avant la collision.