Profitant du passage à proximité de la Terre de l’astéroïde géocroiseur 2014 HQ124 récemment découvert avec le satellite Neowise, une équipe d’astronomes a réalisé avec succès son portrait en associant plusieurs grandes antennes radars. Les 21 images produites délivrent des détails sur sa structure, mieux qu'on ne l'a jamais fait.

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    La menace de l'impact d'un astéroïde avec la Terre est prise au sérieux par les gouvernements de plusieurs pays. Notamment les États-Unis qui revendiquent avec la Nasa (associée à de nombreux astronomesastronomes amateurs) la paternité de la découverte de 98 % des corps célestes connus naviguant régulièrement dans le voisinage de notre planète. Des « objets proches de la Terre » ou géocroiseurs (en anglais NEO pour Near Earth Object) qui lorsqu'ils s'approchent à moins de 8 millions de kilomètres de nous et mesurent plus de 140 m de longueur sont considérés comme potentiellement dangereux (Potentially Hazardous Asteroid, ou PHA). Signalons qu'à ce jour, ce sont quelque 1.484 cas qui ont d'ores et déjà été identifiés sans qu'un seul nous menace vraiment à court terme.

    L'un des derniers à avoir rejoint la liste est désigné 2014 HQ124. Débusqué dans l'infrarouge par la mission dédiée Neowise (surnommée « gardien de l'espace ») le 23 avril 2014, il fut dans les parages quelques semaines plus tard, le 8 juin. Interrogé sur ce visiteur cosmique impromptu, le directeur du programme, Don Yeomans, a rappelé qu'en réalité « c'est assez commun que d'astéroïdes passent près de la Terre » ajoutant qu'il faut s'attendre, en moyenne, « à ce qu'un objet de la taille de 2014 HQ124 passe prés de nous chaque année ».

    Passant à moins de 1,25 million de kilomètres de la Terre (soit un peu plus de trois fois la distance Terre-Lune), la trajectoire de 2014 HQ124 n'a représenté aucune menace. Sa visite fut même profitable pour une équipe d'astronomes qui a conduit une opération d'envergure visant à le photographier et le caractériser avec le plus de précision possible. Pour ce faire, deux des plus grandes antennes radar au monde -- Goldstone en Californie (70 m de diamètre) et le célèbre Arecibo à Porto Rico (305 m de diamètre) -- furent sollicitées pour produire ce portrait dans la meilleure résolutionrésolution possible avec un radar. Les données collectées ont permis, en effet, de distinguer des structures mesurant jusqu'à 4 m de longueur... Du jamais vu dans ce domaine.


    Animation de la rotation de 2014 HQ124, réalisée à partir des images collectées le 8 juin, lorsque l’astéroïde géocroiseur atteignait sa plus petite distance avec la Terre. Les premières images capturées avec la grande antenne d’Arecibo sont 30 fois plus lumineuses que celles qui suivent prises avec l’antenne de Goldstone. © Nasa, JPL-Caltech, Arecibo Observatory, USRA, NSF.

    Préparations aux missions futures

    Sur un total de 21 images capturées sur une période de 4 heures 30 le 8 juin, les images les plus claires sont le fruit d'AreciboArecibo. L'équipe de Marina Brozovic et Lance Benner (tous membres du JPLJPL) ont émis, avec l'antenne de Goldstone, un faisceau radar sur l'astéroïde puis recueillis ensuite les données réfléchies avec leur réseau d'antennes lequel inclut le géant Arecibo. À cette occasion, celui-ci bénéficia de nouvelles technologies pour réussir l'association.

    Supposé mesurer, dans un premier temps, entre 200 et 400 mètres dans sa plus grande longueur, la série d'observations de 2014 HQ124 a montré que l'astéroïde s'étend en réalité sur 370 mètres. Quant à sa forme patatoïdale, elle apparaît marquée par deux lobes ; « cela peut être un objet double ou un binairebinaire avec contact » a expliqué Lance Benner. En ce qui concerne sa vitesse de rotationvitesse de rotation, elle semble proche d'un tour en 24 heures.

    Par delà cette caractérisation en haute résolution d'un intrus céleste, la Nasa multiplie ses efforts et les initiatives pour préparer son ambitieuse mission qui prévoit, au cours des années 2020, de capturer un astéroïde géocroiseurs pour le mettre ensuite en orbiteorbite autour de la Lune. Un programme qui a de quoi réjouir planétologues et géologuesgéologues, lesquels se voient déjà étudier les premiers échantillons rapportés sur Terre.

    En partie formés à l'aubeaube du Système solaireSystème solaire, ces corps célestes, à l'instar des comètescomètes, sont effectivement très convoités par les scientifiques pour leurs précieux témoignages sur nos origines. Autres avantages qui se dégagent : se préparer à contrer d'éventuelles menaces de collisions et la préparation des astronautesastronautes à un débarquement sur Mars, prochaine grande destination pour notre espèceespèce.