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Une équipe de chercheurs menée par Anne Dutrey du laboratoire d'astrophysique de Bordeaux et du CNRS a observé, au moyen du Réseau d’antennes (sub–) millimétrique de l’Atacama (Atacama Large Millimetre Array, Alma), la distribution de gaz et de poussière au sein d'un système multiple et complexe comptant pas moins de cinq étoiles, baptisé GG Tau-A. Cet objet, âgé de quelques millions d'années seulement, se situe dans la constellation du Taureau, à environ 450 années-lumière de la Terre.
À l'image d'une roue, GG Tau-A se compose d'un disque extérieur de vastes dimensions qui encercle le système dans son ensemble, ainsi que d'un disque intérieur autour de l'étoile centrale principale. La massemasse de ce dernier est semblable à celle de JupiterJupiter. Son existence a longtemps intrigué les astronomesastronomes. En effet, son contenu se trouve aspiré à un rythme élevé par l'étoile centrale. En toute logique, ce disque interne aurait dû disparaître voilà bien longtemps.
Alors qu'elle observait ces structures au moyen d'Alma, l'équipe a fait une découverte surprenante : la présence d'amas de gaz et de poussière dans la région située entre les deux disques. Ces nouvelles observations suggèrent un transfert de matièrematière du disque extérieur vers celui de l'intérieur, soit l'existence d'un cordon ombilicalcordon ombilical qui relierait l'une et l'autre structure.
« L'existence d'un tel pont de matière a été prévue par les simulations numériquessimulations numériques. Toutefois, elle n'avait encore jamais fait l'objet d'observations. La localisation de ces amas suggère un échange de matière entre les disques, l'un se nourrissant de l'autre, explique Anne Dutrey qui a dirigé cette étude publiée dans le numéro du 30 octobre 2014 de la revue Nature. Ces observations montrent que la matière issue du disque extérieur est capable d'alimenter le disque intérieur sur une longue période de temps. Cela a des implications majeures sur la formation potentielle de planètes. »
Cette vue étendue montre le ciel qui entoure le jeune système d’étoiles multiples GG Tauri, situé à proximité du centre de l’image. Les astronomes y voient également un nuage de poussière ainsi que la preuve de la formation d’étoiles dans la partie supérieure de l’image – GG Tau fait partie intégrante du Nuage sombre du Taureau. © Eso, DSS2, David De Martin
Bonne nouvelle pour les chasseurs d’exoplanètes dans la Galaxie
Les planètes sont issues de la matière inutilisée durant la formation de leurs étoiles-hôtes. Leur formation est un processus lent qui requiert la persistance d'un disque. Dans l'éventualité où un tel cordon ombilical existerait au sein d'autres systèmes d'étoiles multiplesétoiles multiples, cette découverte conduirait à envisager l'existence d'autres localisations possibles d'exoplanètesexoplanètes.
Les premières recherches d'exoplanètes se focalisaient sur des étoiles-parent isolées et semblables au SoleilSoleil. Plus récemment, les astronomes ont découvert qu'une majorité de planètes géantesplanètes géantes sont en orbiteorbite autour de systèmes d'étoiles doubles. À présent, les chercheurs portent un intérêt grandissant aux systèmes d'étoiles multiples, dont chaque membre est susceptible de constituer l'hôte d'une ou de plusieurs planètes. La nouvelle découverte plaide en faveur de cette hypothèse, offrant ainsi aux chasseurs d'exoplanètes de nouveaux terrains de jeu.
Emmanuel Di Folco, coauteur de l'article, conclut : « Près de la moitié des étoiles semblables au Soleil sont issues de systèmes binaires. Cela signifie que nous avons découvert un processus susceptible de favoriser la formation planétaire qui s'applique à un nombre significatif d'étoiles de la Voie lactéeVoie lactée. Nos observations constituent une réelle avancée vers la compréhension de la formation de planètes ».