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Depuis quelques années, vidéos à l'appui, il semblait bien qu'une immense surface dans l'océan Pacifique nord soit le lieu d'une concentration inquiétante de déchets en plastiqueplastique de tout genre. Il s'agit du Great Pacific Garbage Patch, la grande zone d'ordures du Pacifique, également appelée la plaque de déchets du Pacifique Nord. Les estimations les plus alarmantes faisaient état d'une superficie équivalente à deux fois celle du Texas, soit plus du double de celle de la France. Une superficie qui aurait été multipliée par 10 chaque décennie depuis les années 1950. Pire, il y aurait même plus de plastique dans cet océan que de plancton.
« Balivernes ! » clame aujourd'hui l'océanographe Angelicque White de l'Université de l'état de l'Oregon.
Moins de 1 % du Texas
La présence de très nombreux déchets plastiques flottants dans l'océan Pacifique entre la Californie et le Japon est un fait incontestable et il ne fait aucun doute que la quantité de plastique dans les océans du monde est inquiétante. Mais ce genre d'exagération détruit la crédibilité des scientifiques, selon la chercheuse. Elle déclare même : « Nous avons des données qui nous permettent de faire des estimations raisonnables, nous n'avons pas besoin d'en rajouter. Compte tenu de la concentration observée en plastique dans le Pacifique Nord, il est tout simplement inexact de dire que le plastique l'emporte sur le plancton, ou que nous avons observé une augmentation exponentielle de plastique ».
White fonde ses affirmations sur les données disponibles, dont celles ramenées par une campagne océanographique dédiée à l'étude de l'abondance des débris de plastique et à son impact sur les communautés microbiennes. La chercheuse a personnellement pris part à cette expédition organisée par le C-More (Center for Microbial Oceanography: Research and Education).
La dépollution serait dangereuse pour les écosystèmes
Les résultats de ses analyses conduisent à évaluer la superficie de la plaque de déchets du Pacifique Nord à seulement 1 % (tout au plus) de celle du Texas, même en prenant pour base les concentrations en plastique les plus élevées trouvées. L'océanographe donne même l'image suivante : « Si l'on filtrait une surface de l'océan équivalente à celle d'un terrain de football dans les eaux ayant la concentration la plus élevée jamais enregistrée, la quantité de plastique récupérée ne s'étendrait que sur quelques centimètres ».
Il serait donc très couteux de vouloir retirer ce plastique de l'océan Pacifique nord étant donné la surface à traiter et surtout sa faible concentration. Une dépollution serait désastreuse pour la faune et la flore. En effet, le bilan de l'opération serait surtout la suppression de grandes quantités de phytoplanctonphytoplancton et zooplanctonzooplancton. Or, comme le rappelle White : « Ces petits organismes sont le cœur de l'océan. Ils sont le fondement de la bonne santé des chaînes alimentaireschaînes alimentaires des océans et ils sont immensément plus abondants que les débris de plastique ».
La meilleure solution pour traiter ce problème semble donc de faire des efforts pour réduire la quantité de plastique rejetée dans les océans. En Méditerranée, l'expédition MED (Méditerranée en danger), montée bénévolement, notamment par des membres de l'Ifremer et des universitaires belges, qui a procédé à des récoltes sur les quinze premiers centimètres d'eau au large des côtes françaises et du nord de l'Italie, a trouvé des microdéchets de plastique dans 90% des sondages. D'après cette étude, qui devrait faire l'objet d'une publication scientifique, à raison de 115.000 déchets par kilomètre carré, l'ensemble de la Méditerranée en porterait 250 milliards. Rappelons qu'en décembre 2010, le Sénat français a repoussé à 2014, au lieu de 2011, la taxe de 20 centimes sur les sacs en plastique distribués en supermarchés.