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L'Antarctique est le continent le moins bien connu de l'Homme. D'une superficie de 14 millions de km2, 98 % de sa surface est recouverte de glace. À Vostok (encerclé en rouge dans l'image), le lac sous-glaciaire est protégé de tout échange avec l'atmosphère par 4.000 m de glace. Il règne un réel mystère autour de l'écosystème qu'il abrite. © Nasa
L'attente aura duré un peu plus d'un an, mais les voilà : les premiers résultats d'analyse des échantillons d'eau du lac Vostok sont divulgués. L'eau douce est emprisonnée sous 4.000 m de glace, et ce depuis 20 millions d'années. Le lac Vostok est le plus grand lac sous-glaciaire de l'Antarctique, où règnent des conditions extrêmes. La température moyenne est de -3 °C, la pressionpression est de 360 barsbars, il n'y a pas de lumièrelumière et le milieu est suroxygéné. Quelle espèce vivante peut se développer dans un tel environnement ?
La majorité des scientifiques pensent que l'écosystème du lac est nécessairement différent de tout ce que l'on connaît sur Terre. Mais en octobre 2012, l'équipe russe en charge du forage décevait le monde entier : les analyses préliminaires n'avaient décelé aucune trace de vie. L'échantillon était composé de glace qui avait gelé sur le foret durant la manœuvre à l'entrée du lac Vostok. Aujourd'hui, les choses ont changé : les échantillons d'eau prélevés directement dans le lac indiquent la présence d'une espèce vivante jamais identifiée.
Le lac Vostok se cache à 4.000 m sous la couverture glaciaire, protégé depuis plus de dix millions d'années des échanges avec l'atmosphère. Le forage a duré une vingtaine d’années. © Nicolle Rager-Fuller, NSF
Les analyses ont été effectuées au Laboratory of Eukaryote Genetics du Petersburg Nuclear Physics Institute (PNPI). L'espèce bactérienne trouvée n'appartient à aucun des quelque 40 phylumsphylums répertoriés sur Terre. « Après avoir exclu tous les contaminants connus, nous avons découvert que l'ADNADN bactérien ne correspond à aucune des espèces connues répertoriées dans les banques de données mondiales. Nous appelons cela de la vie non identifiée et non classifiée », déclare Sergei Bulat, chercheur en charge de l'analyse des échantillons.
Pas de lien évolutif entre la bactérie de Vostok et les autres
La correspondance entre l'ADN de ces bactéries et celles d'organismes connus n'a jamais dépassé 86 %. Or, toute correspondance inférieure à 90 % est suffisante pour déclarer qu'il s'agit d'une nouvelle espèce. En outre, les scientifiques n'ont pas réussi à dresser un arbre phylogénétique du micro-organisme. Cet arbre leur permet de déterminer le lien entre son évolution et celles d'autres espèces. Ils ont ainsi montré que la bactériebactérie ne rentre dans aucun phylum connu.
D'autres tests sont en cours, mais si l'on en croit l'équipe russe, les nouveaux résultats ne sont pas susceptibles d'infirmer ce que l'on sait déjà. Pour être bien certain qu'il s'agit d'une espèce vivant dans le lac, d'autres échantillons sont nécessaires. L'équipe du PNPI attend les nouveaux échantillons du dernier forage récupéré en janvier 2013. L'eau du lac est en route pour Saint-Pétersbourg, à bord du navire Akademik Fedorov.