au sommaire
Plusieurs espèces se cacheraient sous le nom d'espèce Sphyrna lewini. Ceci pourrait peut-être expliquer pourquoi certaines populations de requins-marteau halicornes sont pélagiques tandis que d'autres vivent en abondance dans les eaux côtières. © Robb Peters, Wikimedia common, CC by 2.0
La Terre abriterait actuellement environ 1.200 espèces de requins et de raies. Un certain nombre d'entre elles sont des prédateurs dont le rôle clé au sein des écosystèmes marins n'est plus à démontrer. Les requins ont souvent souffert d'une mauvaise image, probablement parce qu'ils étaient largement méconnus. Certaines séries cinématographiques n'ont pas amélioré leurs conditions en les faisant passer pour des monstres sanguinaires avides de touristes.
Heureusement, les temps ont changé et nous avons appris à mieux les connaître. Cependant, il persiste de nombreuses zones d'ombre sur l'histoire évolutive des élasmobranches (raies et requins), sur les liens existant entre les différentes espèces et sur la taille de leurs populations.
Pour combler ce manque, Gavin Naylor du College of Charleston en Caroline du Sud (aux États-Unis) a réalisé, avec l'aide de plusieurs collaborateurs, l'une des plus grandes études génétiquesgénétiques jamais effectuées sur ce groupe. Des échantillons d'ADNADN ont été prélevés sur près de 4.283 spécimens de raies et de requins dans le monde entier. Ils ont tous fait l'objet d'un séquençageséquençage afin de définir les liens qu'entretiennent les différentes espèces entre elles. Les résultats, publiés dans le Bulletin of the American Museum of Natural History (un document de 200 pages), sont à la fois surprenants et inquiétants.
Les élasmobranches ont un corps cartilagineux puisque ce sont des chondrichtyens. Ils n'ont pas de vessie natatoire, un organe de flottaison, et doivent donc nager en permanence. © Tohtouf, Flickr, CC by-nc-sa 2.0
De nouvelles espèces de requins, de nouveaux soucis
Les échantillons appartiendraient à 574 espèces. Cette équipe a donc réussi à obtenir de l'ADN pour près d'un élasmobranche sur deux dans le monde. Plus étonnant, 79 espèces étaient inconnues jusqu'à présent ! Elles seraient passées inaperçues aux yeuxyeux des observateurs tant leurs ressemblances avec des groupes connus sont importantes. Ce résultat, à priori positif, cache en réalité de nouveaux problèmes relatifs à la conservation des ces organismes.
Un exemple vaut parfois mieux qu'un grand discours. Le requin-marteau halicorne Sphyrna lewini souffre, comme ses camarades, d'une surpêche intensive destinée à alimenter le marché des ailerons de requins. L'UICNUICN le considère déjà comme étant en danger d'extinction tant sa population a diminué. Problème, deux espèces cohabitent sous ce nom. Le nombre de Sphyrna lewini vivant sur notre planète est par conséquent plus faible que ce que l'on croyait jusqu'à présent. Les deux espèces courent des risques d'extinction plus importants qu'initialement estimé. Malheureusement, ce cas n'est pas unique !
Gavin Naylor, qui n'envisage pas la réalisation d'études génétiques sans avoir recours simultanément à d'autres disciplines taxonomiques plus classiques, travaille désormais en partenariat avec la National Science Fundation (NSF) pour cataloguer la diversité des élasmobranches et avec l'UICN pour cartographier la répartition, et probablement le statut, des différentes espèces de requins et de raies dans le monde.