Un hiver exceptionnellement doux, des inondations dramatiques au Royaume-Uni et un El Niño d'une force rare : comme à chaque série de ce genre, le réchauffement global est invoqué. Pourtant, ces phénomènes se répètent régulièrement et font partie de la variabilité du climat. Le climatologue Hervé Le Treut nous explique que le lien existe bien mais à une autre échelle de temps. Il ne faut pas confondre météo et climat...

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    La tempête Frank s'est abattue ce mercredi sur le Royaume-Uni, après Abigail, Barney, Clodagh, Desmond et Eva. L'Angleterre connaît de dramatiques inondations. De l'autre côté du Globe, le célèbre El NiñoEl Niño a entamé depuis plusieurs mois un épisode exceptionnel d'intensité, que l'on compare à celui de 1997-1998, considéré comme étant d'une force inouïe. La tentation est grande, comme c'est régulièrement le cas depuis plusieurs années, de relier ces phénomènes au réchauffement global.

    Comme d'habitude, les scientifiques relativisent ce lien, trop simple face à la complexité du climat de la Terre. « La première cause de ces phénomènes vient de la variabilité interannuelle, rappelle le climatologueclimatologue Hervé Le Treut, directeur de l'institut Pierre-Simon-Laplace. On ne peut rien conclure d'un évènement unique ». En d'autres termes, il pourrait faire froid en février ou durant l'hiver 2016-2017 sans pour autant devoir invalider le diagnosticdiagnostic de réchauffement globalréchauffement global...

    C'est sur la duréedurée, à l'échelle des années et des décennies, que se manifeste une modification globale du climat de la planète. « Ce qui est montré par l'observation, c'est que la température globale augmente. Statistiquement, par exemple, on remarque que durant les épisodes de températures douces, celles-ci sont souvent plus douces. À circulation atmosphériquecirculation atmosphérique, il fait actuellement plus chaud. »

    L'ouragan Patricia, en octobre 2015, alors qu'il atteint le Mexique, dont une partie est visible sur cette image (avec le golfe du Mexique à droite) prise par l'instrument Modis du satellite Terra. Dans l'océan Pacifique, la dernière saison de cyclones a été assez forte. © <em>Nasa Earth Observatory</em>

    L'ouragan Patricia, en octobre 2015, alors qu'il atteint le Mexique, dont une partie est visible sur cette image (avec le golfe du Mexique à droite) prise par l'instrument Modis du satellite Terra. Dans l'océan Pacifique, la dernière saison de cyclones a été assez forte. © Nasa Earth Observatory

    Un El Niño exceptionnellement fort

    La puissance d'El Niño s'exprime surtout en Amérique, au nord et au sud, avec des tempêtes et des tornadestornades, et, à l'inverse, avec des sécheressessécheresses en Asie et en Australie. Le caractère exceptionnel de cet épisode a été anticipé depuis plusieurs mois, ainsi que ses conséquences principales mais la prévision précise des évènements qui vont en découler est impossible.

    « Ils dépendent des systèmes météorologiques qui accompagnent cette langue d'eau chaude se déplaçant de l'est vers l'ouest du Pacifique, commente Hervé Le Treut. C'est toute la difficulté des prévisions météorologiquesprévisions météorologiques. On sait désormais faire de bonnes prévisions à six jours, mais on sait qu'il sera probablement à jamais impossible de prédire bien au-delà d'environ dix jours. C'est la conséquence du fonctionnement chaotique de l'atmosphèreatmosphère, et de ce qu'on appelle l'effet papillon ».

    En revanche, le réchauffement global à venir est possible et, lui, reste facile à prévoir quand on a déterminé que la production de gaz carboniquegaz carbonique est supérieure à son absorptionabsorption par l'océan. « Le message est de ce fait complexe à faire passer, surtout à la télévision où nous n'avons souvent que très peu de temps pour l'expliquer... C'est au citoyen de recoller les morceaux de ce qu'il a entendu à droite et à gauche.