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Une tempête de sable partie de la dépression du Bodélé (en haut à droite). Le lac Tchad est visible en bas à gauche. © Nasa, Wikimedia Commons, domaine public
Chaque année, 22.000 tonnes de phosphorephosphore contenues dans du sable du Sahara traversent l'océan Atlantique pour atterrir en Amazonie, rapporte une étude états-unienne parue dans la revue Geophysical Research Letters. Il s'agit de la première quantificationquantification du transport transatlantique de cet élément chimiqueélément chimique sur plus de 4.000 km, de l'Afrique vers l'Amérique du Sud.
Parce qu'elle se développe sur un sol pauvre, la forêt amazonienne voit sa productivité limitée par la disponibilité des nutrimentsnutriments comme le phosphore. En outre, les fortes précipitations accentuent chaque année la privation des sols de ces éléments.
Dans son analyse basée sur des données recueillies entre 2007 et 2013 par le satellite de télédétection CALIPSOCALIPSO (Cloud Aerosol LidarLidar and Infrared Pathfinder Satellite Observations) et le satellite radar CloudSatCloudSat, l'équipe de chercheurs estime que ces pertes en phosphore sont compensées par les dépôts naturels de poussières.
Celles en provenance de la dépression du Bodélé, située dans le centre sud du désert du Sahara, dans le nord du Tchad, présente un intérêt particulier : cet ancien lit lacustre contient d'énormes dépôts de micro-organismesmicro-organismes morts chargés en phosphore. Selon les scientifiques, le sable est soulevé sous l'emprise de tempêtes de sable jusque dans la haute atmosphère, puis il est acheminé en Amazonie grâce aux courants aériens.
Les poussières africaines qui se déposent en Amazonie joueraient un rôle dans la prévention de l'épuisement du phosphore sur des échelles de temps de plusieurs décennies à plusieurs siècles. © Neil Palmer, CIAT, Wikimedia Commons, CC by-sa 2.0
La poussière influence le climat et réciproquement
Sur la période observée, la tendance est très variable. Les chercheurs ont en effet noté jusqu'à 86 % d'écart entre la quantité la plus haute (2007) et la plus faible (2011) de sable naturellement charrié. Les précipitations pourraient expliquer cette variation. Deux hypothèses sont possibles : soit les pluies favorisent la pousse de la végétation qui réduit l'érosion des sols, soit la quantité de poussières est liée aux modes de circulation des vents.
« Nous savons que la poussière est très importante à bien des égards », déclare l'auteur principal de l'étude, Hongbin Yu, chercheur au centre de vols spatiaux Goddard de la NasaNasa, à Greenbelt et à l'université du Maryland, à College Park (États-Unis). « C'est une composante essentielle du système TerreTerre. La poussière aura une incidenceincidence sur le climatclimat et, en même temps, le changement climatique aura une incidence sur la poussière », poursuit-il.
Le phosphore ne représente que 0,08 % des 27,7 millions de tonnes annuellesannuelles de « poussière migratrice ». D'autres éléments comme le potassiumpotassium, le calciumcalcium ou le magnésiummagnésium sont donc supposés faire partie du voyage. Cette première estimation enrichit les connaissances sur le comportement et le rôle de la poussière dans l'environnement et sur ses effets sur le climat.