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La déforestation en Amazonie semble être repartie à la hausse, notamment au profit d'exploitations agricoles, en particulier de soja, comme sur cette photo prise au Brésil, dans l'Etat de Pará. En juin 2008, les exportateurs brésiliens signaient un moratoire dans lequel ils s'engageaient à ne pas acheter du soja provenant de zones récemment déboisées. © Leoffreitas / Flickr - Licence Creative Common (by-nc-sa 2.0)
En 2005, l'Amazonie a connu une période de sécheresse. La rétention de gaz carboniquegaz carbonique (CO2) dans cette vaste forêt humide a logiquement diminué. Mais l'effet a été bien plus intense que ce que l'on pensait, essentiellement à cause de la mort d'une grande quantité d'arbres. C'est ce que révèle une étude venant de paraître dans la revue Science et appuyée sur un suivi très long.
Pendant trente ans, une vaste région a été surveillée. L'étude concerne actuellement 68 scientifiques de 13 nationalités réunis dans le programme Rainfor (pour rain forests, forêts humides). Ces équipes ont suivi 136 parcelles sur 44 sites différents dans plusieurs pays (Brésil, Equateur, Guyane française...) totalisant plus de 100.000 arbres.
D'après cette étude patiente, la forêt amazonienne absorbe et retient en moyenne chaque année deux milliards de tonnes de gaz carbonique. Cette vaste région d'environ six millions de kilomètres carrés se comporte donc comme un puits de carbone, comme l'ensemble des forêts tropicales humides du monde, dont on estime qu'elles captent un cinquième des émissionsémissions dues aux activités humaines.
Un puits fragile
Mais l'étude révèle que lors de l'épisode de sécheresse de 2005, l'Amazonie a été bien plus affectée qu'il n'y paraissait. En comptabilisant méthodiquement les jeunes arbres et ceux qui venaient de mourir, les chercheurs ont découvert une mortalité élevée. Dans cette jungle dense à la végétation si riche, une légère augmentation du nombre d'arbres morts passe facilement inaperçue mais à l'échelle de l'Amazonie la perte est d'importance. Ce bois mort est immédiatement envahi par des bactériesbactéries, des champignons et des animaux qui en font un festin et libèrent rapidement du CO2.
Dans la publication parue dans Science, l'équipe affirme que ce n'est pas une absorptionabsorption de deux milliards de tonnes de gaz carbonique qui figure au bilan amazonien de 2005 mais une émission de trois milliards de tonnes. Cette année-là, ce sont donc cinq milliards de tonnes de CO2 qui ont été ajoutées à l'atmosphèreatmosphère. Cette quantité « dépasse la production annuelleannuelle du Japon et de l'Europe réunis », expliquent les chercheurs. Elle serait selon eux du même ordre que la quantité de gaz carbonique supplémentaire due à la déforestationdéforestation mondiale constatée chaque année au profit des activités agricoles.
Au-delà de l'anecdote d'une année particulière, l'étude met en évidence la fragilité du puits à carbone que constituent les forêts tropicalesforêts tropicales humides.