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Les catastrophes naturelles qui attaquent les forêts boréales n'ont pas d'impact négatif sur le réchauffement climatique. © catherinetodd2, Flickr, cc by nc 2.0
Il y a quelques années déjà, des chercheurs avaient suggéré que si toutes les forêts du monde étaient rasées, l'impact sur le climat et plus exactement sur l'augmentation de la température serait neutre, voire bénéfique. Si cela est globalement vrai, des chercheurs ont investigué l'impact local sur le climat que peuvent avoir des événements catastrophiques destructeurs de forêts. Leurs modèles montrent qu'en fonction de la région, il est neutre ou négatif.
Tout est dû à l'effet albédo. Quand les rayons du soleilsoleil rencontrent un obstacle, ils sont réfléchis dans une proportion qui dépend directement de la couleurcouleur de cet obstacle. Sur un sol sombre, une grande quantité de rayons est absorbée, ce qui réchauffe la terre et contribue à l'augmentation de la température. Si la surface de réfléchissement est claire - comme la neige - les rayons sont majoritairement renvoyés vers le ciel, ce qui freine le réchauffement.
L'albédo compense la déforestation des forêts boréales
Dans les régions froides où le sol est recouvert de neige, l'effet albédo est donc fort. Sauf en présence d'une forêt. Dans ce cas, la quantité de rayons de soleil absorbée par les feuilles est beaucoup plus forte qu'en l'absence d'arbre. Ainsi, des chercheurs ont estimé que la présence des arbres qui séquestrent le carbonecarbone et participent au refroidissement du climat était équivalent à leur absence, compensée par un effet albédo plus important.
Lors des trois catastrophes naturelles étudiées (orage, attaque d'insecte parasite et incendie), l'affaiblissement de la séquestration du carbone est compensé par un effet albédo renforcé. © Bruno Scala/Futura-Sciences
Trois grandes catastrophes naturelles sont capables de décimer une forêt :
- les incendies ;
- les orages ;
- les insectes parasites.
Les scientifiques ont modélisé l'impact local sur l'effet albédo de la destruction de ces forêts suite à l'une de ces trois catastrophes. Leurs résultats, publiés dans Global Change Biology, montrent que ces épisodes, au même titre que la déforestation, finissent par être compensés par un effet albédo qui devient plus important lorsque le sol enneigé prend la place des arbres.
Effet inverse sous les tropiques
Cette phase, au cours de laquelle l'albédo est plus important, se prolonge pendant toute la reconstruction de la forêt et peut avoir un impact sur le réchauffement climatique pendant une centaine d'années.
À l'inverse, les auteurs de l'étude ont simulé une catastrophe (un orage) dans une région tropicale, au niveau d'une mangrove. En 2005, lorsque l'ouragan Wilma avait dévasté les Everglades (dans l'État de Floride) 2.400 km² de mangrovemangrove avaient été détruits. La surface qui a laissé place à la mangrove est plus foncée que cette dernière. L'effet albédo en est amoindri et l'ouraganouragan a ainsi contribué au réchauffement climatiqueréchauffement climatique.
La quantité de rayons réfléchis dépend de la couleur de l'obstacle rencontré. © The Johns Hopkins University
Évidemment, le but de l'étude n'est pas d'inciter à décimer les forêts boréales afin de lutter contre le réchauffement climatique. La forêt a en effet un rôle écologique qui ne se limite pas à la séquestration du carbone. Les auteurs insistent sur l'importance de l'albédo et rappellent la nécessité de tenir compte de ce phénomène lors de l'élaboration de modèles visant à prédire l'évolution des températures.
À noter enfin qu'une augmentation de la température engendre une raréfaction de la neige. Dans ce contexte, les conclusions des chercheurs s'appliquant aux régions boréales pourraient rapidement devenir erronées. En plus de toutes les conséquences écologiques qu'elle engendre, la déforestationdéforestation causée par des catastrophes naturellescatastrophes naturelles pourrait également perdre son effet bénéfique sur le réchauffement climatique.