Personne n'a envie d'habiter dans un immeuble bruyant, près d'une autoroute ou d'un aéroport. C'est un peu la même chose pour les insectes et oiseaux pollinisateurs qui fuient les arbres longtemps exposés au bruit et qui semblent en conserver des séquelles même longtemps après le retour du silence. C'est le fruit d'une étude qui, pendant une quinzaine d'années, a observé une parcelle d'arbres soumise à une pollution sonore continue. Les auteurs notent à ces endroits un appauvrissement de la diversité de la végétation et une cascade d'effets écologiques durables, malgré la suppression du bruit. 


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    Industrie, constructionconstruction de routes ou de bâtiments... Non seulement le bruit nuit aux arbres et à la diversité des plantes, mais son impact négatif peut durer bien après le retour du silence. La pollution sonore liée aux activités humaines a largement augmenté depuis le milieu du siècle dernier, une situation qui a poussé les biologistes à se pencher sur son impact sur la faune et la flore. De précédentes études ont déjà examiné les effets à court terme du bruit -- qui chasse les pollinisateurs tels que les insectes -- sur les arbres, mais peu de chercheurs ont enquêté sur les impacts à long terme. Des scientifiques américains ont étudié des arbres exposés pendant 15 ans à un niveau élevé de bruit artificiel, au Nouveau-Mexique.

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    Selon l'étude publiée mercredi dans Proceedings of the Royal Society B, ils ont découvert une réduction de 75 % de jeunes pousses de pins à pignon dans les zones bruyantes par rapport aux zones plus calmes. Ils ont ensuite examiné les zones où la pollution sonore avait disparu pour voir quelle était la réaction des arbres, partant de l'hypothèse que ces populations (genévriers et pins à pignons) allaient se remettre rapidement, dès que les geais qui dispersent les graines reviendraient sur la parcelle redevenue silencieuse.

     Non seulement le bruit nuit aux arbres et à la diversité des plantes, mais son impact négatif peut durer bien après le retour du silence. © Kletr, Shutterstock
     Non seulement le bruit nuit aux arbres et à la diversité des plantes, mais son impact négatif peut durer bien après le retour du silence. © Kletr, Shutterstock

    La pollution sonore a des effets durables sur la biodiversité

    Mais, à l'inverse, ils ont observé un déclin à long terme du nombre de nouvelles pousses, les oiseaux refusant de revenir sur ces sites. « Les effets de la pollution sonore provoquée par l'Homme s'infiltrent dans la structure de ces communautés forestières, a commenté Clint Francis, biologiste à l'université polytechnique de Californie, coauteur de l'étude. Ce que nous constatons, c'est que faire disparaitre le bruit ne signifie pas nécessairement une reprise des fonctions écologiques ».

    Parce que les animaux pollinisateurs peuvent rester à l'écart même si le bruit cesse : « Des animaux comme le geai buissonnier sont sensibles au bruit et apprennent à éviter certaines zones », a expliqué Jennifer Phillips, autre coauteur de l'étude.

    « Cela peut prendre du temps aux animaux pour redécouvrir ces zones précédemment trop bruyantes et nous ne savons pas combien de temps », a-t-elle ajouté, plaidant pour que les nuisancesnuisances sonores soient prises en compte dans l'évaluation des impacts de l'urbanisation sur la nature. « Je pense vraiment que la pollution sonore et d'autres polluants sensoriels comme la lumièrelumière, ne sont pas suffisamment pris en compte ».

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    La pollution sonore affecte aussi les plantes !

    Article de Bruno Scalla, publié le 23 mars 2012

    On savait que la pollution sonore, d'origine humaine, affectait certains animaux. Des scientifiques viennent de montrer qu'elle a aussi un effet sur les plantes, indirect mais réel. En l'occurrence, le bruit peut favoriser la pollinisation mais réduire la dispersion de certaines graines.

    C'est certain, les plantes n'ont pas d'oreille. Pourtant, il est bien possible qu'elles soient affectées par les nuisances sonores d'origine humaine. Mais pas directement. Les animaux qui interagissent avec les plantes peuvent subir une modification de leur comportement en réponse à ces bruits, ce qui entraîne une répercussion sur les plantes elles-mêmes.

    Car les animaux, eux, ont des oreilles ou au moins un système auditif en général bien développé. Il a été démontré depuis longtemps maintenant que les nuisances sonores sous-marines ont un impact délétère sur de nombreuses espècesespèces marines, particulièrement les mammifèresmammifères qui communiquent grâce à l'émissionémission de sons.

    Effet indirect du bruit sur la pollinisation et la dispersion des graines

    Hors de l'eau, les animaux sont également affectés par le bruit d'origine anthropique. C'est notamment le cas des oiseaux qui sont bien connus pour avoir une communication sonore très développée. Or certains d'entre eux, en interagissant avec les plantes, rendent de nombreux services écologiques : dispersion des graines, pollinisation... Des chercheurs américains ont montré que le bruit a un effet indirect sur ces services écologiques, et donc sur les populations des végétaux concernés.

    Le geai buissonnier se nourrit, entre autres, de graines et de fruits. Il a tendance à fuir les endroits où la pollution sonore est trop présente. © Alan Vernon, Flickr, cc by 2.0
    Le geai buissonnier se nourrit, entre autres, de graines et de fruits. Il a tendance à fuir les endroits où la pollution sonore est trop présente. © Alan Vernon, Flickr, cc by 2.0

    Deux oiseaux ont attiré l'attention des chercheurs : le colibricolibri à gorge noire (Archilochus alexandri)) et le geai buissonnier (Aphelocoma californica). Tandis que le premier est un pollinisateur, le second se nourrit de graines et il est friand de celles du pin à pignons, Pinus edulis, qui peuple notamment les écosystèmesécosystèmes arides du Nouveau-Mexique. Le bassin de San Juan, au nord-ouest de l'État, est abondamment perforé par plus de 20.000 puits qui extraient du gaz naturelgaz naturel et des hydrocarbureshydrocarbures liquidesliquides du sol, produisant un ronronnement incessant dans toute la zone. C'est à cet endroit que les scientifiques ont mené leurs expériences.

    Des services écologiques gratuits

    Des études précédentes avaient montré que le colibri était plutôt attiré par les environnements bruyants alors que le geai avait tendance à s'en éloigner. Il est donc normal que dans ces environnements, la pollinisation par A. alexandri soit favorisée alors que la dissémination des graines par A. californica soit affaiblie. C'est en effet ce qu'ont observé les chercheurs, comme ils l'expliquent dans Proceedings of the Royal Society B.

    La pollution sonore d'origine humaine a donc un effet indirect sur les services écologiques rendus par les animaux, comme la pollinisation ou la dispersion des végétaux, qu'il soit positif ou bien négatif. Dans le cas de la dissémination des graines, ces nuisances ont des répercussions sur la structure du paysage et sur les populations de certains arbres en particulier. Il s'agit pourtant d'un service écologique gratuit, sur lequel l'Homme semble prêt à faire une croix.