Au Canada, l’utilisation des filets maillants aurait bien un impact négatif sur les populations d’oiseaux marins. Les volatiles plongeurs sont particulièrement visés, puisqu'ils sont chaque année des centaines de milliers à s’emmêler et à se noyer, en tentant de prendre un poisson pris au piège.

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    Depuis des décennies, l'Homme pêche à outrance dans les mers et océans du globe. Les conséquences sont bien connues : les stocks de poissons s'amenuisent... faisant au passage de nombreuses victimes collatérales. La surpêche affecte notamment les oiseaux marins car, après tout, c'est de leur nourriture qu'il s'agit. Cependant, cette interaction n'est pas nouvelle, comme en témoigne le nombre d'études scientifiques publiées à ce sujet. L'une des dernières a même démontré que, pour assurer la  survie des oiseaux marins, nous ne devrions pas pêcher plus des deux tiers d'un stock.

    De nombreux navires de pêche utilisent des filets dits maillants. Ils ont l'avantage d'être sélectifs puisqu'ils ciblent leurs victimes en fonction de leur taille, en les bloquant au niveau des ouïes. Problème : les poissons pris au piège sont visibles depuis le ciel par des oiseaux marins, qui peuvent alors plonger pour s'en saisir, au risque de s'emmêler dans les mailles. Inéluctablement, ils périssent noyés. Plusieurs interrogations demeurent à ce sujet, car les conséquences de cette problématique, qui fait 400.000 victimes par an (selon une récente étude danoise), ne sont pas pleinement identifiées. 

    C'est pourquoi l'article coécrit par Paul Regular de l'université Memorial de Terre-Neuve (Canada), et publié dans Biology Letters, prend toute son importance. De fait, les prises accessoires d'oiseaux impactent négativement certaines populations de volatiles !

    Les principales espèces d'oiseaux marins concernées par le problème des filets maillants vivent dans les régions tempérées et subpolaires. © Mike R. Jackson, WWF-Canon

    Les principales espèces d'oiseaux marins concernées par le problème des filets maillants vivent dans les régions tempérées et subpolaires. © Mike R. Jackson, WWF-Canon

    Remplacer les filets par des pièges à poissons

    Cette étude repose sur des suivis de populations d'oiseaux marins menés de 1968 à 2012 dans cinq réserves naturelles au Labrador et en Terre-Neuve. Pour mieux comprendre les tendances observées, les chercheurs ont comparé leurs données avec celles qui caractérisent les efforts de pêche réalisés à l'aide de filets maillants de 1987 à 2009. Ce, tout en sachant que la plupart des pêcheries canadiennes atlantiques de morue et de saumonsaumon ont été fermées en 1992, faute de poisson.

    Or, les populations d'oiseaux plongeurs (macareux, guillemots, ou fous de bassanfous de bassan, par exemple) ont augmenté après cette interdiction. Ce résultat montre ainsi qu'un plus grand nombre d'individus en âge de se reproduire ont survécu. En revanche, des populations d’oiseaux marins charognards se nourrissant en surface, comme les mouettes, ont baissé après 1992. La raison est simple : pendant un an, elles n'ont pas profité des déchetsdéchets jetés à la mer par les navires de pêche ! Leur retour les années suivantes a donc inversé la tendance. 

    Si le cas des mouettes est réglé, il n'en est rien pour les oiseaux plongeurs qui sont toujours confrontés à des filets maillants. Deux solutions ont néanmoins été proposées par les auteurs. La première consiste à remplacer les filets par des pièges à poissons. En effet, ces dispositifs capturent des poissons passivement (ils rentrent dans une nasse géante sans pouvoir en sortir), tout en limitant les risques de noyade pour les oiseaux marins plongeurs. La deuxième suggère de créer de nouvelles aires marines protégées car, selon les chercheurs, elles feraient cruellement défaut au Canada.