Pour alimenter les appareils nomades du futur, les micropiles à combustible suscitent de nombreuses convoitises, notamment celles qui puisent leur énergie dans l’éthanol. Mais malgré de forts espoirs, leur commercialisation tarde à venir. Alors, où en est-on ? La présentation par l'INRS des travaux de l’équipe de Mohamed Mohamedi permet de faire le point.

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    Depuis quelques années, les micropiles à combustible font rêver les fabricants d'appareils électroniques nomades. En effet, elles promettent une meilleure autonomieautonomie que les batteries lithium-ion, tout en réduisant le temps de recharge aux quelques secondes requises pour changer la cartouche de carburant. L'utilisation directe d’hydrogène est peu envisageable dans cette technologie, du fait qu'il est gazeux à température ambiante. Nous imaginons mal insérer des réserves de gazgaz comprimé dans nos téléphones portables actuels.

    Ainsi, les groupes de recherche se sont tournés vers d'autres combustiblescombustibles, comme le méthanol ou l'éthanol qui sont tout deux riches en liaisons hydrogènesliaisons hydrogènes. Concrètement, au sein des micropiles à combustible fonctionnant à l'alcoolalcool, l'éthanol réagit tout d'abord au niveau de l'anodeanode. Ses liaisons chimiquesliaisons chimiques y sont rompues, ce qui libère de l'hydrogène et du gaz carboniquegaz carbonique (CO2)), tout en fournissant les électronsélectrons nécessaires à l'apparition d'un courant électrique. L'hydrogène migre alors vers la cathodecathode, où il réagit avec de l'oxygène pour former des moléculesmolécules d'eau, en captant cette fois des électrons.

    En 2007 et 2008, de grands constructeurs ont annoncé d'importantes avancées technologiques dans ce domaine, promettant alors de rapides commercialisations. Sept à huit ans plus tard, il faut se rendre à l'évidence : nous attendons toujours ces micropiles. Grâce à la présentation des travaux dirigés par Mohamed Mohamedi faite par le journal en ligne de l'Institut national de recherche scientifique (INRS), des indices ont été fournis sur les difficultés rencontrées, ainsi que sur les solutions envisagées au Centre énergieénergie matériaux télécommunications.

    D’ici quelques années, nos téléphones portables pourraient être alimentés par des cartouches d’éthanol, à la manière des cartouches d’encre utilisées pour recharger les stylos à plume. Les chargeurs sont-ils amenés à disparaître ? © Hugger Industries, Flickr, cc by nc sa 2.0

    D’ici quelques années, nos téléphones portables pourraient être alimentés par des cartouches d’éthanol, à la manière des cartouches d’encre utilisées pour recharger les stylos à plume. Les chargeurs sont-ils amenés à disparaître ? © Hugger Industries, Flickr, cc by nc sa 2.0

    Un alliage pour éviter l’encrassage des électrodes

    Cette technologie exploite préférentiellement le platine (Pt) comme catalyseurcatalyseur, car il dope la puissance des piles et les rend ainsi attrayantes. Problème : il s'agit d'un métal onéreux et non durable. De plus, les dispositifs l'utilisant ne brisent pas toutes les liaisons de l'alcool, ce qui provoque l'apparition de produits intermédiaires comme le monoxyde de carbonemonoxyde de carbone ou l'acideacide acétique. Or, ils se fixent sur le catalyseur et inhibent ainsi progressivement son action. Par conséquent, la puissance de la pile ne cesse de diminuer au cours du temps, ce qui retarde évidemment sa commercialisation.

    Pour remédier au problème, l'équipe canadienne travaille sur de nouvelles anodes qui se composeraient de plusieurs métauxmétaux ou oxydes différents, ce qui aurait déjà comme conséquence directe de réduire l'utilisation du platine, et donc le coût de cette technologie. Les recherches visent ainsi à développer des catalyseurs composés de trois matériaux (Pt, Pt-SnO2, Pt-CeO2). L'astuce : chacun intervient préférentiellement dans la rupture d'une liaison chimique précise (carbone-carbone, carbone-hydrogène ou carbone-oxygène) dans le but d'intégralement dégrader l'éthanol. Ce faisant, plus aucun produit intermédiaire ne seraient produit.

    Selon les propos de Mohamed Mohamedi rapportés dans l'article de Bruno Geoffroy, « aujourd'hui, deux catalyseurs ont déjà été sélectionnés pour faire partie du trio. Et, dans trois à cinq ans, on espère sortir ce catalyseur trimétallique ou à base d'oxyde. D'ici là, beaucoup d'essais restent à faire pour déterminer les proportions optimales de chacune des trois composantes du catalyseur. »

    Des micropiles à combustible dopées par la nanostructuration

    Les chercheurs suivent également une autre piste pour améliorer les propriétés électrochimiques de tels systèmes : la nanostructuration. Concrètement, l'ablation laser est utilisée pour déposer des petites particules métalliques sur l'électrodeélectrode. Grâce à cette approche, la composition, la taille et la structure des nanoparticulesnanoparticules qui composent l'alliagealliage sont parfaitement maîtrisées. Dans ce domaine, une agréable surprise a été faite : l'une des structures obtenues a présenté la forme foliacée d'une « tête de choux ». Or, « cette morphologiemorphologie très poreuse permet d'améliorer la performance électrochimique de la pile, car la surface de contact entre l'éthanol et le catalyseur est alors très élevée », a précisé Mohamed Mohamedi.

    Ces quelques avancées ne sont bien sûr l'œuvre que d'un seul laboratoire, mais elles ont le mérite de dresser un état des lieux de quelques-unes des solutions envisagées pour mener cette technologie à la commercialisation. Car, ne l'oublions pas, l'usage de l’éthanol se révèle également intéressant pour des raisons environnementales. Par exemple, ce carburant peut être produit à partir de déchets végétaux, donc sans consommation d'énergie fossile comme c'est le cas pour générer l'hydrogène gazeux. Par ailleurs, il n'est pas non plus toxique pour l'environnement. Affaire à suivre donc...