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Hêtres ou pas hêtres ? C'est la question qui se pose aujourd'hui en Roumanie selon le WWF, qui lance une action pour sauver les dernières forêts vierges d'Europe centrale. Car il y en a... L'essentiel d'entre elles se trouvent en Russie et dans les montagnes des Carpates, cette chaîne qui poursuit celle des Alpes à partir de l'Autriche et qui, en arc de cercle, rejoint presque la mer Noire en traversant la République tchèque, la Slovaquie, la Hongrie, la Pologne, l'Ukraine et la Roumanie, où elle bifurque vers le sud puis l'ouest, vers la Serbie.
Dans plusieurs régions difficilement accessibles subsistent des hêtraies magnifiques où le peuplement humain est très lâche. Sans bien sûr être vierges au sens strict, ces forêts sont dites primaires en ce sens qu'elles n'ont jamais été exploitées et qu'elles sont suffisamment peu fragmentées pour que les écosystèmes existant avant l'arrivée des Hommes soient encore en l'état.
L'intérêt de conserver des forêts primaires est reconnu depuis longtemps et, en 2007, l'Unesco a inscrit au patrimoine mondial deux régions : les Forêts primaires de hêtres des Carpates et les Forêts anciennes de hêtres d'Allemagne (présentes en Allemagne, en Slovaquie et en Ukraine). En mai 2011, l'ONU obtenait un accord sur la gestion durable des forêts des Carpates de la part des pays concernés.
Paysage typique dans une forêt primaire : les troncs d'arbres morts abritent de nombreuses populations animales et végétales. © Mircea Struteanu/WWF
Les charmes d’une hêtraie primaire
La protection n'est pas suffisante, affirme aujourd'hui le WWF, qui souligne par exemple qu'une route doit traverser l'une de ces forêts primaires au sud-ouest de la Roumanie, dans le parc national de Domogled. Ce pays concentrerait 65 % des forêts primaires d'Europe, donc hors de Russie, selon le WWF, en particulier au nord du pays. Au total, la Roumanie abriterait 250.000 hectares de forêts primaires, sur les 322.000 des Carpates. Il est vrai que l'inscription à l'Unesco ne porteporte que sur cinq forêts, totalisant moins de 35.000 hectares.
La seule partie roumaine abriterait 13.000 espècesespèces dans un environnement très différent des milieux forestiers que nous connaissons dans le reste de l'Europe. Personne ne s'occupe de retirer les arbresarbres morts, par exemple, dont le boisbois offre alors une protection à un vaste peuple d'animaux et de végétaux.
Le WWF a publié une pétition sur son site roumain pour inciter le gouvernement de ce pays à une « protection totale ». Comme partout, les intérêts écologiques et économiques commencent par s'opposer. Si la sauvegardesauvegarde est acquise, les touristes européens traverseront-ils un jour la Transylvanie, jusque-là réputée pour abriter Dracula et ses amis vampires, pour aller contempler ces forêts vierges d'activité humaine, bien sûr sans y pénétrer trop profondément...