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À Fukushima, les mauvaises nouvelles se suivent et se ressemblent, comme en témoignent les événements du weekend dernier. Ce samedi, des patrouilles de contrôle ont mesuré d'importants taux de radioactivitéradioactivité en quatre points du site, à proximité de réservoirs d'eau identiques (11 m de haut et 12 m de diamètre) à celui qui a défrayé la chronique le 20 août dernier. En cause : il a laissé échapper près de 300 t d'eau hautement radioactive, dont une partie s'est écoulée dans le Pacifique. L'incident a été qualifié de « grave » par l'autorité japonaise de régulation nucléaire (NRA), en référence à l'échelle internationale des événements nucléaireséchelle internationale des événements nucléaires (Ines). Mais revenons à nos moutons.
Le 22 août, les taux de radioactivité mesurés près de deux des réservoirs incriminés avaient déjà intrigué, car particulièrement élevés. Ils étaient de respectivement 70 et 100 millisieverts par heure (mSv/h), sachant que la limite maximale autorisée est de 50 mSv/h (un seuil choisi par de nombreux pays, dont le Japon). Le problème s'est aggravé depuis, puisque les mesures réalisées ce samedi 31 août ont mis en avant des taux de respectivement 220 et 1.800 mSv/h. Au maximum de cette fourchette, un travailleur sans protection pourrait succomber après seulement quatre heures d'exposition. Un détail a cependant son importance : le rayonnement est principalement de type bêtabêta, donc il est facile à bloquer.
Quoi qu'il en soit, cette augmentation reste inexpliquée, car aucune nouvelle fuite n'a été décelée. Les niveaux d'eau dans les réservoirs seraient restés inchangés et l'opérateur Tokyo Electric Power (Tepco) a précisé que les valves sont « bien fermées ». Les taux mesurés aux deux autres emplacements ce samedi sont de 70 et 230 mSv/h. Les dépêches AFP et Reuters précisent à leur sujet qu'ils sont reliés par une conduite près de laquelle un changement de couleurcouleur du sol a été constaté... peut-être à cause d'une fuite ?
Le problème des eaux contaminées de Fukushima, ainsi que de leurs fuites, en image. © Idé
Le système de décontamination de l’eau en panne
Ce lundi 2 septembre, la question de l'eau stockée dans les réservoirs du site s'est trouvée une nouvelle fois au centre d'une conférence de presse organisée par la NRA. Toutefois, le sujet du jour concernait la délicate question du devenir du liquideliquide accumulé sur le site (soit plus de 400.000 t) depuis le 11 mars 2011, date à laquelle un séisme suivi d'un tsunami ont mis à mal la centrale nucléaire.
Ainsi, l'autorité japonaise de régulation nucléaire envisage de volontairement rejeter cette eau à la mer, mais après l'avoir suffisamment assainie pour faire baisser son niveau de contaminationcontamination sous la limite légale. Le liquide libéré sera donc faiblement radioactif, notamment car le seuil de contamination correspond à celui autorisé au niveau international pour les centrales nucléaires fonctionnant « normalement ». Shunichi Tanaka, le président de la NRA, a précisé qu'aucune dérogation ne serait demandée.
Le conditionnel reste de mise avec cette information, car aucun rejet d'eau n'aura lieu... tant que son système de décontamination, nommé Alps, est en panne (voilà plusieurs semaines qu'il est à l'arrêt). Cet important détail ne doit pas masquer un autre fait : le Multi-nuclide Removal Equipment (le nom savant de l'Alps) n'est pas l'arme de purification absolue, puisque certains radioéléments, comme le tritiumtritium, passent entre ses mailles. Ainsi, de l'aveu même de la NRA, des moyens supplémentaires sont nécessaires avant d'envisager toute libération d'eau dans l'environnement. Bref, le problème des eaux contaminées reste entier !