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Quel est à votre avis le plus grand des dangers pour l’océan : la pêche pélagique, la pêche profonde, le chalutage, le plastique, le réchauffement ?
Isabelle AutissierIsabelle Autissier : Le réchauffement climatique, sans doute, car il affecte profondément et durablement l'océan. Il conduit à l'acidification de l’eau et il touche différemment les espèces. On constate par exemple que le plancton migre vers les hautes latitudes de 470 km par décennie. L'impact est déjà important et on reviendra difficilement en arrière.
Peut-on espérer de la COP 21 qu’elle conduise à mieux protéger l’océan ?
La COP 21 ne conduira qu'à des engagements, on sait que ce n'est qu'une étape. Mais c'est un moment important. Plus l'accord sera fort, plus vite on pourra le décliner en actions concrètes. Ce que l'on doit faire d'abord, c'est lutter contre le réchauffement du climat. Au moins le limiter. C'est la première action puisqu'elle touche l'origine du problème. On peut aussi créer des zones refuges pour les espèces les plus menacées.
Nous pensons que la prise en compte de l'océan, qui fait partie de la machine climatique, doit être plus forte. Il fait déjà partie des études et des débats mais on peut faire mieux. La « Plateforme Océan et Climat » [qui regroupe de nombreux organismes et des associations, dont le WWFWWF, NDLRNDLR] a demandé au GiecGiec un rapport spécial sur l'océan, pour qu'il soit mieux pris en compte dans les négociations.
Que pensez-vous de la perception du public et des acteurs du marché sur les menaces pesant sur l’océan ? Qu’en est-il des campagnes contre la pêche profonde ou illégale ?
Le public se sent vraiment concerné. On sait qu'en Europe, 80 % des citoyens souhaitent devenir des consommateurs responsables. Encore faut-il leur offrir des champs d'action. Pour la consommation des produits de la mer, des actions ont été menées. Sur la pêche profonde, par exemple, nous travaillons bien avec Carrefour, mais c'est beaucoup plus conflictuel avec Intermarché. Les entreprises comprennent qu'il faut aller dans ce sens, tout simplement parce que la clientèle y est sensible.