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L'énergie hydraulique a un ennemi : la crue. Quand le débitdébit de l'eau monte trop brutalement, l'évacuation de l'eau devient insuffisante et le niveau monte dans le bassin de retenue. La conception du barrage doit donc tenir compte des événements connus et d'une marge de sécurité. Mais, dans le sud-est de la France, les « épisodes cévenols » sont de plus en plus fréquents et, avec eux, les crues importantes.
En Ardèche, près de Malarce-sur-la-Thines, le barrage retient les eaux de la rivière Chassezac, s'écoulant justement selon un « régime cévenol », c'est-à-dire avec un débit qui, entre juin et septembre, peut grimper très rapidement, à l'échelle des heures, après des périodes de fortes pluies. Le 21 septembre 1980, la rivière est passée en quelques heures de 0,45 m3 par seconde à 2.700 m3 par seconde. Le barrage, qui n'est pas là pour retenir une grande quantité d'eau, doit alors la laisser passer. Pour faire face au risque de crues plus fréquentes ou plus fortes, l'ouvrage, construit entre 1966 et 1968, a été modifié, par l'installation d'une curieuse constructionconstruction crénelée, dont la forme évoque une série de touches de piano.
Le barrage de Malarce, en Ardèche, est désormais équipé sur 40 m de longueur d'un évacuateur de crue de type PKW, qui offre 350 m à l'eau pour déborder en cas de crue de la Chassezac. Ce chantier a été mis à profit pour ajouter un passage destiné aux loutres et castors. © EDF, YouTube
Faire face à une crue millénale
Cette ressemblance a d'ailleurs valu son nom à cette technique connue : PKW, pour Piano Key Weir, littéralement barrage en touches de piano. Le principe est d'augmenter la longueur du murmur que l'eau franchira en cas de débordement. Sur le barrage de Malarce, ce crénelagecrénelage, installé sur 42,50 m, offre désormais 350 m aux flots. En temps normal, l'eau emplit ainsi douze bacs dits d'alimentation, de 13,5 m de large. En cas de crue supérieure à 200 m3 par seconde, elle déborde et se déverse dans les douze bacs d'évacuation qui se situent entre les précédents et s'écoule en aval du barrage. Trois vannes spéciales, qui étaient déjà en place, viennent en complément pour évacuer l'eau.
Le débit maximum passe ainsi de 4.000 à 4.600 m3 par seconde, soit une crue dont on estime qu'elle a une chance sur mille de se produire au cours d'une année. La plus forte connue reste à ce jour celle de 1980, avec ses 2.700 m3 par seconde. Le barrage devrait continuer à alimenter l'usine hydroélectrique des Salelles, sans faire courir de risques supplémentaires lors des crues de la Chassezac...