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Les nuages « popcorn » que l'on voit ici au-dessus de la forêt amazonienne le 19 août 2009 se forment pendant la saison sèche. Ils apparaissent probablement à partir de la vapeur d'eau libérée par les plantes. © Nasa's Earth Observatory
La conquête de l'espace est parfois présentée comme une quête de l'inutile engloutissant des fortunes. Rien n'est plus faux, d'abord parce qu'elle a catalysé des développements technologiques importants mais aussi parce qu'elle a permis l'établissement d'un réseau de télécommunications vital pour notre village global. Enfin, les satellites mis en orbiteorbite permettent de surveiller l'état de santé de la Terre et d'aider à anticiper les dangers menaçant l'humanité comme vient de le prouver à nouveau une publication dans les Pnas.
Les chercheurs ont utilisé les données collectées par deux satellites, Terra et AquaAqua. Terra (EOS AM-1EOS AM-1) a été lancé par la Nasa sur une orbite héliosynchronehéliosynchrone le 18 décembre 1999 et a commencé à effectuer des mesures le 24 février 2000. Aqua (EOS/PM-1), un autre satellite de recherche scientifique de la NasaNasa, est en orbite depuis 2002. Sa mission porteporte spécifiquement sur l'étude du cycle de l'eau, c'est-à-dire des précipitations et des processus d'évaporation. L'une des questions étudiées à l'aide de ces deux instruments est la relation entre l'évolution de la pluviosité en Amazonie et celle de sa couverture végétale.
L’indice Normalized Difference Vegetation Index (NDVI) sert à mesurer l’importance de la couverture végétale. La couleur verte indique une augmentation et la couleur jaune une baisse. La couleur grise indique une absence de changement. Les résultats de 13 années d’observation de l’Amazonie sont présentés sur ce diagramme. © Hilker et al.
Une pluviosité en baisse de 25 % en 12 ans
Pour y répondre, il a fallu développer une nouvelle méthode pour évaluer de façon fine et solidesolide les variations de cette couverture végétale malgré la couverture nuageuse qui recouvre de 50 à 70 % de la surface de l'Amazonie pendant la saison sèche et qui est bien évidemment plus importante pendant la saison des pluies. Pour cela, les chercheurs ont combiné les observations effectuées pendant une longue période de temps par l'instrument Modis (Moderate Resolution Imaging Spectroradiometer) en ne retenant que les informations relativement stables au regard de la variabilité de la couverture nuageuse.
Cela a permis d'établir que de 2000 à 2012 la pluviosité a diminué de 25 % sur 66 % de l'Amazonie environ. L'indice qui permet d'évaluer l'importance de la couverture végétale, le NDVI, n'a lui changé que de 0,8 %. Cela peut paraître insignifiant mais cumulé sur une région grande comme la moitié des États-Unis, cela représente une perte en végétaux considérable. Or, l'Amazonie représente un puits de carbone où, malgré les flux, 120 milliards de tonnes de cet élément sont stockées, ce qui représente 3 fois les émissionsémissions annuelles de gaz carboniquegaz carbonique par l'humanité.
Selon les chercheurs, les observations ont été effectuées sur une trop courte longueur de temps pour attribuer une cause humaine à la diminution de la pluviosité en Amazonie. Mais il semble clair, d'après les prévisions des modèles, que le réchauffement climatique en cours ne devrait faire qu'empirer les choses. Or, moins de végétaux en Amazonie cela signifie plus de carbonecarbone dans l'atmosphère et donc une aggravation du réchauffement climatiqueréchauffement climatique. On est donc en présence d'une boucle de rétroactionboucle de rétroaction qui risque de mener à un cercle vicieux que l'on ne peut négliger...