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Article paru le 30 juillet 2015
Dans de nombreuses régions se pose, chaque année durant la saison sèche ou au cours de l'été aux latitudes moyennes, le problème du risque d’incendie de forêt. Ces feux intempestifs souvent redoutables peuvent avoir une origine naturelle, comme la foudre ou, bien sûr, comme cela se voit trop souvent, humaine. Accidentellement ou, volontairement, à des fins criminelles ou de déforestations (parfois aussi les deux...), voire de débroussaillage.
Soucieux d'évaluer l'évolution de ces périodes propices aux incendies -- des « saisons de feux », fire seasons (variables dans la duréedurée selon les régions) -- à l'échelle globale au cours de ces trois dernières décennies, Matt Jolly (écologue au Service des forêts américain, U.S. Forest Service) et son équipe ont mené une analyse minutieuse de 35 ans de données météorologiques (National Center for Environmental Prediction Reanalysis et NCEP-DOE Reanalysis, dépendants de la NOAANOAA, et European Centre for Medium-Range Weather Forecasts Interim Reanalysis). Ils ont pris en compte quatre variables susceptibles d'en modifier la durée : les températures maximales, l'humidité relative, le nombre de jours sans pluie et les vitessesvitesses maximales des vents. Le cocktail des quatre a, comme on l'imagine, un impact significatif sur la durée de ces « saisons des incendies ».
Les régions où la fréquence annuelle des périodes avec incendies a augmenté vont de l’orangé à rouge (augmentation maximale de 52 %). Le jaune indique les régions où aucun changement n’a été noté et les teintes du vert au bleu celles où ces périodes ont au contraire été moins fréquentes (minimum -52 %). Le Brésil, l’Afrique équatoriale et de l’est sont les plus touchées. © Nasa, Joshua Stevens (Earth Observatory), Matt Jolly, USDA Forest Service
Un doublement des régions touchées par de longues saisons d’incendies
Leurs résultats résumés sur les cartes publiés ci-dessus (entre 1979 et 2014) montrent que les périodes marquées par les risques d'incendies se sont allongées sur environ un quart de la surface terrestre couverte de végétation.
Avec des feux qui augmentent continuellement depuis des années, plusieurs territoires comme l'ouest des États-Unis et du Mexique, le Brésil et l'est de l'Afrique arrivent en tête du peloton, affichant à présent une durée supplémentaire supérieure à un mois, relativement à leurs situations d'il y a 35 ans. Cette extension est imputable au changement climatique dans les cas de l'ouest américain et mexicain. Les auteurs expliquent qu'au cours de la dernière décennie, le calendrier de la fontefonte des neiges, de l'évaporation et des pluies printanières a été fortement bouleversé, ce qui a pour conséquence un risque plus élevé d'incendies de la couverture végétale. Et cela ne semble pas s'améliorer au regard des prévisions climatiques pour les prochaines décennies.
En revanche, en Afrique de l'ouest et les régions de l'Amérique du Sud qui bordent l'océan Pacifique, la saison des incendies a plutôt diminué, en lien probablement avec la réduction des sécheresses. Dans le cas de l'Australie, les données indiquent que dans l'ensemble les périodes en cause ne se sont pas allongées. Toutefois, « l'est de l'Australie a vu les années avec de longues et fortes saisons de feux devenir plus fréquentes » indique le communiqué du Earth Observatory (NasaNasa) qui présente ces recherches.
Pour résumer, quelque 54 % de la surface terrestre couverte de végétation aurait donc plus souvent souffert de longues périodes d'incendies entre 1996 et 2013 qu'entre 1979 et 1996, soit un doublement des régions impactées. Les chercheurs précisent que cela ne signifie pas forcément que les feux ont été plus violents ou intenses et que davantage de végétations ont été dévorées par les flammes. Les saisons d'incendies peuvent être longues mais faibles avec des feux épars, rapidement circonscrits ou qui s'éteignent par manque de combustiblescombustibles...