Avec le réchauffement climatique, les chercheurs s’attendent à ce que les vagues de chaleur soient de plus en plus nombreuses et de plus en plus intenses dans les années à venir. Et une étude révèle aujourd’hui que depuis les années 1950 déjà, les vagues de chaleur intenses se sont faites plus nombreuses.
au sommaire
Depuis les années 1950 et dans presque toutes les régions du monde, les vagues de chaleurchaleur ont été plus longues et plus fréquentes qu'auparavant. C'est la conclusion de travaux menés par des chercheurs de l'ARC Centre of excellence for climate extremes (Australie). La tendance s'est même nettement accélérée au fil du temps.
Ainsi, entre 1950 et 2017, la Méditerranée a connu une augmentation de la duréedurée de ses vagues de chaleur de 2 jours par décennie. Prise entre 1980 et 2017, cette augmentation atteint les 6,4 jours par décennie. Cette région fait, selon les chercheurs, partie de celles qui connaissent, en la matièrematière, les changements les plus rapides. Contrairement à l'Australie du sud ou à l'Asie du nord, par exemple.
Un indicateur du réchauffement climatique
Corrélativement, la chaleur cumulée -- une mesure de la chaleur enregistrée en excès au cours d'une vague de chaleur individuelle ou d'une saison complète de vagues de chaleur -- a également augmenté, en moyenne de 1 à 4,5 °C chaque décennie. De 4 à 5 °C en Alaska et au Brésil et jusqu'à 10 °C, même, dans des régions comme l'Afrique ou l'Amérique du sud.
Seule l'intensité de ces vagues de chaleur -- une mesure de la température moyenne de la vague de chaleur -- n'a pas augmenté. Ou à peine dans certaines régions du globe comme le sud de l'Australie. Un effet mathématique, disent les chercheurs, qui ne doit pas masquer la réalité de la situation.
Selon eux, en effet, ces changements sont des indicateurs « sans équivoque » du réchauffement climatique en cours. Un réchauffement qui s'accélère et face auquel il est désormais urgent prendre des mesures si nous souhaitons éviter le pire.
Les vagues de chaleur vont toucher de plus en plus de territoires d’ici 2050
L'été dernier, nous avons battu des records de températures. Et les chercheurs nous préparent déjà à l'idée de devoir affronter de plus en plus de vagues de chaleur, de plus en plus intense. Mais ce n'est malheureusement pas tout. Car une équipe estime que ce type d'événements touchera bientôt de plus en plus de territoires.
Article de Nathalie MayerNathalie Mayer paru le 11/10/2019
Avec le réchauffement climatique, les chercheurs nous l'ont déjà annoncé, les vagues de chaleur -- comme celle que nous avons connue à la mi-septembre -- devraient s'intensifier et augmenter en fréquence. Mais, aujourd'hui pour la première fois, ils nous apprennent aussi que ces événements devraient également s'étendre géographiquement.
Selon des chercheurs de l'université du Maine (États-Unis), mandatés notamment par l'Agence américaine d’observation océanique et atmosphérique, l'étendue des vagues de chaleur pourrait augmenter de 50 % d'ici 2050, même dans un scénario d'émissions de gaz à effet de serre (GES) moyennes. Si les concentrations devaient s'élever un peu plus, l'étendue moyenne des vagues de chaleur augmenterait de 80 %. Et les vagues de chaleur extrêmes pourraient doubler en taille.
Des conséquences plus importantes
« On n'y pense généralement pas, mais l'étendue d'une vague de chaleur a son importance lorsqu'il s'agit d'évaluer l’impact que peut avoir l'événement, surtout sur la population », indique Brad Lyon, chercheur à l'université du Maine. En effet, selon les spécialistes, les conséquences d'une vague de chaleur étendue sont plus importantes que celles qui pourraient résulter de plusieurs vagues de chaleur plus réduites.
Les chercheurs rappellent par exemple que vague de chaleur rime en général avec pic de consommation d’électricité. Car qui dit vague de chaleur dit climatiseurs qui fonctionnent à plein régime. Ainsi, si les émissionsémissions de GES devaient continuer à augmenter, au-delà des conséquences sanitaires directes, les conséquences des vagues de chaleur sur nos systèmes énergétiques deviendraient de plus en plus importantes.
Vers plus de vagues de chaleur meurtrières à cause du réchauffement
Les vagues de chaleur meurtrières vont devenir plus fréquentes, notamment dans les zones tropicales, même si la hausse des températures dans le monde est limitée à 2°C, objectif de l'accord de Paris sur le climat. Déjà un tiers de la population mondiale est exposée à des vagues de chaleur mortelles.
Article de Futura avec l'AFP Paris paru le 20/06/2017
« Nous avons établi que les vagues de chaleur meurtrières sont au niveau mondial déjà de plus en plus fréquentes », affirme Camilo Mora, professeur à l'université d'Hawaï et principale auteur de l'étude parue dans Nature Climate Change, en soulignant que la situation allait encore s'aggraver. « Même si nous faisons mieux que les objectifs de l'accord de Paris, environ la moitié de la population mondiale sera exposée à des vagues de chaleur meurtrières d'ici 2100 », a expliqué la chercheuse à l'AFP.
Actuellement, environ 30 % de la population mondiale est exposée à des vagues de chaleur potentiellement meurtrières à un moment dans l'année. Si jamais les émissions de gaz à effet de serre n'étaient pas contenues et continuaient à augmenter à leur rythme actuel, ce serait les trois quarts de l'humanité qui au moins une fois dans l'année se retrouveraient dans cette situation d'ici la fin du XXIe siècle, selon les conclusions de l'étude.
Dans tous les cas, les zones tropicales seront particulièrement touchées par la recrudescence des vagues de chaleur meurtrières, la combinaison de températures et de taux d'humidité élevés empêchant le corps humain de s'adapter.
« Quand il fait très chaud et très humide, la chaleur du corps ne peut pas être évacuée », explique Camilo Mora, car le mécanisme de la transpirationtranspiration est ralenti.
Des chaleurs meurtrières la moitié de l'année en certains endroits
Or, avec des émissions de gaz à effet de serre qui continuent à augmenter au rythme actuel -- ce qui aboutirait à une hausse moyenne des températures de 3,7 °C -- l'Indonésie, les Philippines, le nord du Brésil, le Venezuela, le Sri Lanka, le sud de l'Inde, le Nigeria et l'ensemble de l'Afrique de l'Ouest affronteraient des vagues de chaleur mortelles plus de 300 jours par an d'ici 2100.
Dans le cas d'une hausse de la température mondiale limitée à 2 °C -- un niveau qu'il sera difficile de tenir -- les zones touchées seront plus réduites mais des villes comme Djakarta, Lagos, Caracas ou Manille dépasseront le seuil de "chaleur létale" la moitié de l'année, prévoient les chercheurs.
Washington DC serait confronté à une vague de chaleur meurtrière entre 15 et 85 jours par an, en fonction des hausses de températures retenues (2 ou 3,7 °C). Des villes comme Miami ou Hong-Kong, situées dans des régions subtropicales, seront également fortement exposées à ce seuil létallétal : entre 80 et 140 jours avec une hausse de la température limitée à 2 °C et entre 150 et 200 jours avec une hausse autour de 4 °C.
Le nombre de jours où ce seuil létal est franchi ne permet toutefois pas de prédire la mortalité qu'occasionneront ces épisodes de chaleur extrême, soulignent les auteurs, car des équipements climatisés, par exemple, permettraient de fortement réduire leur impact.
Les vagues de chaleur l'été seraient bien liées au réchauffement
Article de Quentin MauguitQuentin Mauguit paru le 9 août 2012
Plusieurs régions de la planète ont subi des étés particulièrement chauds ces dernières années. Un lien statistique vient d'être établi entre ces anomaliesanomalies de température et le réchauffement climatique ! Quelques explications s'imposent.
De nombreux pays de l'hémisphère nordhémisphère nord ont récemment connu des étés extrêmement chauds, à l'image de la France en 2003, de la Russie en 2010, du Mexique en 2011 et de certaines régions des États-Unis en 2012. Les violents incendies ayant touché le Colorado en juillet dernier peuvent en témoigner. Un responsable a rapidement été incriminé : le réchauffement climatique. Mais possède-t-on des preuves permettant d'accabler ce coupable tout trouvé ? Des variations naturelles du climat ne pourraient-elles pas expliquer ces anomalies saisonnières de température ?
Une nouvelle étude publiée dans la revue Pnas par James Hansen, du NasaNasa Goddard Institute for Spatial Studies (GISS), vient d'établir le lien fort entre la survenue croissante des vagues de chaleur et le réchauffement climatique observé durant la seconde moitié du XXe siècle. Les accusations étaient donc fondées. Pour preuve, le pourcentage de territoires de l'hémisphère nord ayant souffert d'étés « extrêmement chauds » a parfois été multiplié par 13 entre une période s'étendant de 1951 à 1980 (moins de 1 %) et une autre couvrant 2006 à 2011 (4 à 13 %). Comment le chercheur est-il parvenu à cette conclusion ?
Le graphique visible au début du film présente la fréquence des anomalies de température mesurée sur les terres émergées de l’hémisphère nord durant une période de référence s’étendant de 1951 à 1980. La zone grise indique une situation normale. Les aires rouges et bleues correspondent à des anomalies respectivement positives (plus chaud) et négatives (plus froid). Une fois animé, le film présente l’évolution de la courbe entre 1951 et 2011 (par période de 11 ans). Le tracé se déplace vers la droite durant ces 30 dernières années, traduisant ainsi une augmentation du nombre d’étés considérés comme chauds (entre 1 et 2 écarts-type, Standard deviation sur l'axe des abscisses) à extrêmement chauds (plus de 3 écarts-type). Ce phénomène aurait été causé par le réchauffement climatique. © Nasa/Goddard Space Flight Center GISS and Scientific Visualization Studio
Réchauffement : de plus en plus d’étés chauds
Les climatologuesclimatologues de la Nasa collectent depuis de nombreuses années des données sur les anomalies de température de surface, aussi bien positives (chaleur anormale) que négatives (périodes froides), observées pour différentes régions du globe, notamment grâce à l'utilisation de satellites tels que TerraTerra (les résolutionsrésolutions exploitées lors des mesures ont été de 1.200 km et 250 km). Les informations récoltées entre 1951 et 1980 ont été utilisées pour définir un point de référence. Il faisait alors 0,5 à 0,6 °C de moins sur TerreTerre que maintenant.
Rapportées dans un graphique, les mesures de température s'ajustent sur une courbe en cloche dite de Gauss. Son sommet correspond à une température moyenne. Les côtés droit et gauche ont respectivement été divisés en 3 catégories caractérisant chacune un niveau d'anomalie thermique : chaud ou froid, très chaud ou très froid et extrêmement chaud ou extrêmement froid. Les extrêmes sont situés à plus de 3 écarts-type de la température moyenne de la période de référence.
Les courbes produites pour les années 1980, 1990 et 2000 ont toutes un point en commun. Elles se sont progressivement déplacées vers la droite au cours du temps et par rapport au graphique de référence (voir vidéo). Ce résultat démontre un fait important : vivre un nombre sans cesse croissant d'événements chauds en été correspond à une nouvelle normalité !
De plus en plus d'événements climatiques extrêmes
Une seconde tendance est apparue en analysant les courbes : elles s'aplatissent et s'élargissent au cours du temps. Les anomalies de température varient donc beaucoup plus qu'avant. Près de 75 % des terres émergées de l'hémisphère nord ont connu des étés de la catégorie « chaud » ces trois dernières décennies. Durant la période de référence, ce chiffre s'élevait à 33 %.
L'élargissement des courbes entre 1980 et 2011 résulte également de la survenue de plus en plus fréquente d'épisodes climatiques extrêmes. Ils étaient absents ou rarement observés durant la période de référence. Détail intéressant, les événements estivaux « extrêmement froids » ont plutôt eu tendance à disparaître ces dernières années.
Durant certains étés particulièrement chauds, les personnes affirmant que « c'est la faute du réchauffement climatique ! » pourraient donc bien avoir raison...