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Dans le sud de l'Afrique, la température moyenne de l'airair augmente plus rapidement que dans les autres régions du monde. Le principal facteur mis en cause est l'émissionémission intensive de gaz à effet de serre, mais l'affaire n'est pas aussi linéaire. Si l'on regarde de plus près les variations de la température, il apparaît que le réchauffement atmosphérique connaît un pic annuel. Durant l'été austral, le thermomètre grimpe de plus belle, et ce depuis le début des années 1990. L'appauvrissement de la couche d'ozone en Antarctique en serait le principal coupable, d'après une nouvelle étude parue dans Nature Geoscience.
Plusieurs études ont déjà suggéré que le trou de la couche d’ozone dans l'hémisphère sud était le principal facteur de changement de la circulation atmosphérique dans la troposphèretroposphère. Au même titre que le climatclimat européen pulse au rythme de la NAONAO, la variabilité du climat austral est gouvernée par le Southern Annular Mode (SAM). Ce mode d'oscillation caractérise les variations des centres d'action atmosphériques entre les moyennes et les hautes latitudeslatitudes. Dans sa phase positive, le SAM est associé à de plus hautes pressionspressions que la normale aux moyennes latitudes, et de plus basses pressions aux hautes latitudes (55° S à 70° S).
Différence entre les centres d'action atmosphériques avant (figure de gauche) et après (figure de droite) formation du trou de l'ozone. © Desmond Manatsa
Il y a aujourd'hui un consensus autour de l'idée que l'appauvrissement de la couche d'ozone amplifie la phase positive du SAM. En été, l'Afrique australe connaît un changement de température rapide et abrupte. Durant le printemps austral, le trou de la couche d'ozone au-dessus de l'Antarctique est maximal, et provoque un refroidissement de la stratosphèrestratosphère (couche atmosphérique située au-dessus de la troposphère). Ce refroidissement n'est pas anodin, puisque les variations thermiques engendrent des changements dans les ventsvents, qui déplacent les centres d'action, et modifient in fine le climat régional.
SAM amplifie la dépression de l’Angola
En conditions moyennes, il existe un puissant courant-jetcourant-jet autour de l'Antarctique. Il s'agit d'un vent d'ouest étroitement lié à la présence d'anticyclonesanticyclones subtropicaux, et de dépressions polaires. Durant le printemps austral, l'appauvrissement de la couche d’ozone est à son maximum et aurait pour effet de rapprocher le courant-jet du pôle. C'est le renforcement de la phase positive du SAM : les anticyclones subtropicaux se renforcent aux moyennes latitudes, et les centres dépressionnaires s'activent d'autant plus aux pôles. Ce renforcement du SAM joue un rôle sur le climat estival de l'Afrique australe.
Chaque année, au démarrage de l'été austral, il se forme juste au-dessus de l'Angola un système dépressionnaire nommé Angola Low. Il est le centre d'action dominant la température estivale de toute la région sud-africaine. L'étude, menée par l'équipe du chercheur Desmond Manatsa, suggère que l'intensification du trou de la couche d'ozone estival amplifie ce système dépressionnaire, qui transporte de l'air humide et chaud des basses latitudes vers l'Afrique australe.
Disparition du trou de l’ozone à l’horizon 2065 ?
L'équipe a utilisé des réanalyses pour comparer la variabilité du SAM, de la température et de l'appauvrissement de la couche d’ozone. Ils ont découpé leur étude en deux périodes : les périodes 1970-1993 et 1993-2011. L'année 1993 caractérise l'année du renforcement du trou de l'ozone. Ils ont ainsi trouvé une corrélation (avec 90 % de confiance) entre l'augmentation du trou de l'ozone et du système dépressionnaire Angola Low.
Le trou de l'ozone, à son maximum, s'étend sur 28.5 millions de km2. Il résulte principalement de l'émission des CFC, dont l'utilisation est aujourd'hui interdite. Si l'on en croit les modèles de prévision climatique, ce trou pourrait complètement se dissiper à l'horizon de 2065. En attendant, il est toujours présent, et domine la variabilité saisonnière du climat.