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Le physicienphysicien Freeman Dyson caresse l'espoir que les progrès de la génétiquegénétique au XXIe siècle vont permettre de créer des espèces végétales particulièrement gourmandes en dioxyde de carbone. En gérant intelligemment la couverture végétale de la Terre, ainsi que ces OGM, il pense qu'il est peut-être possible de limiter, voire de résoudre, le réchauffement climatique en créant un important puits de carbone. Il n'est nullement évident qu'une telle opération soit possible et, surtout, qu'elle soit réalisable suffisamment rapidement pour éviter une acidification des océans, difficilement réversibleréversible passé un certain point.
Même sans cela, on peut se demander s'il ne va pas se produire une sorte de fertilisation de la Terre avec une augmentation naturelle de la biomassebiomasse végétale qui prospérera mieux avec une atmosphèreatmosphère enrichie en CO2. Ce point n'a évidemment pas échappé aux climatosceptiques ou plus exactement à ceux qui pensent qu'il ne faut pas gaspiller de l'argentargent pour lutter contre le réchauffement climatique, que ce soit avec la séquestration du carbone ou éventuellement la géoingénierie à grande échelle ou plus simplement en développant le solaire et l'éolien. Pour eux, cela aurait au moins le mérite de permettre une production de nourriture plus importante et peut-être même, à la longue, de limiter les effets du réchauffement, qu'il soit d'origine humaine ou non.
Les forêts jouent un grand rôle dans le cycle du carbone. Les processus d'échange de carbone entre l'atmosphère, la végétation et le sol sont la photosynthèse, la respiration autotrophe et la respiration hétérotrophe. La photosynthèse permet à la végétation d'absorber le CO2 de l'atmosphère. © douaireg, Flickr, by sa 2.0
Les effets secondaires d'un changement du climat
L'argumentation semble ne pas tenir car certains pays sont et seront frappés par la montée des eaux, la diminution de la pluviosité et l'augmentation des températures, de sorte qu'il paraît probable qu'apparaîtront des centaines de millions de réfugiés climatiques manquant d'eau et de nourriture si les objectifs de la COP21 ne sont pas atteints.
Clairement, les effets négatifs du réchauffement ne seront pas compensés par une plus grande quantité de végétation et, comme l'explique Jean-Marc Jancovici, dans une de ses conférences, ces effets comprennent des guerres qui deviendront de plus en plus difficilement évitables dans certaines régions du Globe si l'on ne fait rien.
Mais il reste néanmoins tout à fait exact que la couverture végétale globale de la Terre est en train d'augmenter, comme le prouve un article paru dans Nature Climate Change et provenant d'une équipe internationale de 32 chercheurs.
L'augmentation de la couverture végétale pour une surface donnée est montrée sur ce schéma. On voit qu'elle croit presque partout depuis une trentaine d'années. © Boston University
La surface végétale aurait augmenté de 25 à 50 %
La surveillance de cette couverture est possible grâce à des instruments comme les spectromètresspectromètres Modis (Moderate-Resolution Imaging Spectroradiometer) équipant les satellites Aqua et TerraTerra de la NasaNasa. Ils font partie du programme international EOSEOS (Earth Observing System, système d'observation de la Terreobservation de la Terre). Avec eux et d'autres engins sont surveillés les paramètres clés du climatclimat, mais aussi l'océan et les activités humaines. Une visite sur le site de l’EOS vaut le détour, même pour les non-anglophones.
Les chercheurs ont ainsi découvert en utilisant les données satellitaires collectées depuis 33 ans que le gazgaz carbonique injecté par l'humanité dans l'atmosphère avait étendu la végétation sur l'équivalent du double de la surface des États-Unis. Au total, l'indice de surface foliaire (LAI, Leaf Area Index) aurait augmenté de 25 à 50 % à l'échelle de la Terre. Cet indice donne la surface totale des feuilles rapportée à la surface au sol. La capacité d'absorptionabsorption du dioxyde de carbone et d'émissionémission d'oxygène a donc augmenté. Une belle illustration (mieux compréhensible, encore une fois, par les anglophones) est visible sur cette vidéo du centre Goddard, de la Nasa. Toutefois, toujours selon les chercheurs, les plantes s'adaptent à l'augmentation du gaz carbonique et son effet fertilisant devrait diminuer à l'avenir.
Le phénomène a bien été pris en compte de longue date dans les modélisationsmodélisations du GiecGiec mais il reste certaines incertitudes à son sujet.