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Rassemblant des dizaines de milliers de données fournies par 450 scientifiques de 62 pays, ce rapport de 300 pages établit une sorte d'état climatique de la planète. Baptisé State of the climate, il vient d'être publié par les National Centers for Environmental Information, une division de la NOAA (National Oceanic and Atmospheric AdministrationNational Oceanic and Atmospheric Administration), une agence américaine centralisant les études sur les océans et le climat. On y trouve la synthèse pour l'année 2015 de nombreux indicateurs du changement climatique : les températures de l'airair (en surface, sur les terres et sur les océans, dans la troposphère et dans la stratosphère), l'état des pergélisols (permafrostpermafrost en anglais) et des glaciersglaciers alpins, les taux d'humidité, le débitdébit des fleuves, les couvertures nuageuses, les circulations océaniques et atmosphériques, la salinitésalinité des mers, les composés chimiques dans l'atmosphèreatmosphère, le niveau de l'océan, etc.
Résultat : des records battus dans de nombreux domaines. Côté températures, ce n'est pas une surprise puisque l'année 2015 avait déjà été reconnue comme la plus chaude jamais enregistrée. Le dernier épisode El NiñoEl Niño, particulièrement puissant, a joué un grand rôle, dans ces records. Cet état de la machine climatique terrestre en 2015 vient à la fois d'une évolution à long terme et d'un évènement El Niño, résume Thomas R. Karl, de la NOAA. « Il est important de considérer ces deux échelles de temps » conclut-il.
Le rapport sur l'état du climat, publié par la NOAA, est disponible en anglais, au format PDF (voir le lien dans le texte). © NOAA
Près de 400 ppm de CO2 dans l'atmosphère terrestre
La concentration atmosphérique en dioxyde de carbonedioxyde de carbone (CO2) est elle aussi à un niveau record. D'après le rapport, pour la première fois, la teneur en moyenne annuelleannuelle, mesurée à Hawaï, sur le sommet du Mauna Loa (un site de référence depuis 1958), a franchi la limite symbolique des 400 ppmppm (parties par million, en volumevolume), avec 400,8. En mars 2014, cette limite avait été franchie en moyenne mensuelle, ce qui était déjà une première. Elle l'a été de nouveau depuis, par exemple en juin 2015 et juin 2016 (voir les données de la NOAA). Cette valeur en plein milieu du Pacifique est différente de la concentration à l'échelle de la planète, que les données du rapport donnent plus faible... à 399,4 ppm. Rappelons que selon les experts du GiecGiec, une concentration supérieure à 400 ppm interdit de limiter la hausse de température à +2 °C à partir de la fin de ce siècle.
Dans les glaciers alpins, les estimations de quantités d'eau qu'ils contiennent indiquent une diminution, pour la 36e année consécutive. Dans les pergélisols, toutes les mesures effectuées à 20 m de profondeur donnent des températures jamais vues. Ce qui vaut à la Sibérie une bouffée d'anthraxanthrax, qui a causé la mort d'un enfant.
Deux cartes publiées dans le rapport de la NOAA. Celle de gauche indique les températures de l'air dans le bas de la troposphère, donc près du sol (Lower Tropospheric Temperature). La couleur indique pour chaque zone mesurée l'anomalie, c'est-à-dire la différence, en degrés Celsius, entre la moyenne de 2015 et celle de la période de référence, en l'occurrence 1981-2010, rouge pour une moyenne plus élevée, bleue si elle est plus faible. Celle de droite donne, toujours sous la forme d'anomalies, l'humidité des sols (soil moisture). © NOAA
L'océan gonfle de 3,3 mm par an
En ArctiqueArctique, la moyenne de l'année est supérieure de 1,2 °C à celle de la période 1981-2010. En AntarctiqueAntarctique, en revanche, les pressionspressions et les températures sont inférieures sur la majeure partie de l'année. Record aussi aux basses latitudeslatitudes avec 101 tempêtes tropicalestempêtes tropicales, contre une moyenne annuelle de 82 entre 1981 et 2010.
La hausse moyenne du niveau de la mer serait de 3,3 mm par an (+/- 0,4), avec des disparités régionales, selon le rapport. C'est aussi un record, avec 7 cm de plus que la valeur estimée pour 1993. L'El Niño 2015 y est pour beaucoup mais les auteurs notent que cette augmentation dépasse celle observée lors de l'épisode 1997-1998, qui avait été exceptionnellement intense.
D'autres records égrènent ces trois cents pages qui, surtout, donnent un bon état des lieux et nous montrent que les actions en faveur du climat ne sont sans doute pas inutiles.