L’importance stratégique de la ressource en eau va croissante. Et il apparaît désormais indispensable de disposer d’outils de gestion tant de la qualité que de la quantité des masses d’eau souterraine, les nappes phréatiques.


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    Certaines roches qui constituent le sous-sol sont suffisamment poreuses et perméables pour que l'eau puisse y circuler. On qualifie ces formations géologiques d'aquifères. Et une nappe phréatique correspond justement à un aquifère souterrain - en d'autres mots, une réserve d’eau souterraine - situé à faible profondeur. Ce sont les nappes phréatiques qui alimentent les puits et les sources en eau potable.

    Malheureusement, les nappes phréatiques sont celles qui sont les plus exposées à la pollution. Leur niveau, par ailleurs, est amené à varier en fonction des infiltrations - et, plus en amont, des précipitations - et des prélèvements d'eau. Compte tenu de l'importance grandissante de la ressource en eau, des mesures sont aujourd'hui prises pour surveiller le niveau des nappes phréatiques.

    En image, le schéma de pompage d’une nappe phréatique. Du fait de sa raréfaction et des besoins croissants en eau, l’Assemblée générale des Nations unies a déclaré que le 22 mars serait, chaque année, la journée mondiale de l’eau. © Lamiot, Wikimedia, CC by-sa 3.0
    En image, le schéma de pompage d’une nappe phréatique. Du fait de sa raréfaction et des besoins croissants en eau, l’Assemblée générale des Nations unies a déclaré que le 22 mars serait, chaque année, la journée mondiale de l’eau. © Lamiot, Wikimedia, CC by-sa 3.0

    L’état du niveau des nappes phréatiques en France

    Il faut savoir que seulement un tiers des eaux de pluie sont utiles à recharger les nappes phréatiques. Les aquifères reconstituant leurs réserves principalement en automne et en hiver. Durant ces deux saisonssaisons en effet la pluviométrie est plus abondante, l'évaporation plus faible, l'humidité des sols favorise l'infiltration et les plantes consomment peu d'eau. En été, en revanche, les aquifères n'accumulent pas d'eau. Mais ils contribuent à alimenter les cours d'eau.

    En France métropolitaine, le Bureau des recherches géologiques et minièresBureau des recherches géologiques et minières (BRGM) estime à 100 milliards de mètres cubes en moyenne, les ressources en eau disponibles dans les sous-sols. Quelque 30 à 40 milliards de m3 sont prélevés chaque année pour répondre aux besoins tant domestiques qu'industriels. Et le BRGM publie presque tous les mois, à partir de données recueillies sur environ 1.700 points de suivi, un état du niveau des nappes phréatiques. Son objectif à court terme est de suivre, en temps réel, l'évolution de ce niveau grâce à des piézomètrespiézomètres automatisés pour ensuite développer des modèles numériquesmodèles numériques pour prévoir cette évolution sur les mois à venir. Une sorte de météo des nappes...

    En mars 2019, 50 % des nappes phréatiques françaises affichaient un niveau modérément bas à très bas. Une situation peu satisfaisante avec une recharge hivernale déjà bien entamée, mais encore peu active. © BRGM
    En mars 2019, 50 % des nappes phréatiques françaises affichaient un niveau modérément bas à très bas. Une situation peu satisfaisante avec une recharge hivernale déjà bien entamée, mais encore peu active. © BRGM

    L’état du niveau des nappes phréatiques à l’échelle mondiale

    Au niveau mondial, Lester R. Brown, un expert américain, donnait l'alerte en 2001. En effet, le niveau des nappes phréatiques était alors en baisse sur tous les continents. Cette chute globale est la conséquence directe de l'activité humaine, car l'eau est pompée bien plus rapidement qu'elle n'est remplacée par les pluies. En 2002, la mission Grace (Gravity Recovery and Climate Experiment) est lancée par la NasaNasa et le Centre aérospatial allemand pour étudier le problème, à l'aide de satellites. La conclusion est sans appel : la Chine, les États-Unis et l'Inde notamment sont concernés par une chute du niveau des nappes phréatiques.

    En novembre 2015, une carte réalisée par des hydrologues présentait la répartition des eaux souterraines dans le monde. L'étude estimait à 23 millions de kilomètres cubes le volumevolume total des eaux souterraines. Les chercheurs confirmaient alors que moins de 6 % des nappes souterraines situées dans les deux premiers kilomètres de la croûte terrestrecroûte terrestre se renouvellent au cours d'une vie humaine.

    Et en janvier 2019, une autre étude soulignait, quant à elle, que la multiplication des évènements météorologiques extrêmes avec le réchauffement climatique pourrait affecter la vitessevitesse de réapprovisionnement des nappes phréatiques. Une véritable bombe à retardement environnementale, car les conséquences du phénomène ne se feront ressentir que bien plus tard.