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Le pouvoir du clergé au Moyen Âge n'a peut-être jamais été aussi grand que lors des croisades, en partie justifiées par la théorie des deux glaives, prônant le pouvoir supérieur de l’Église. © J.Robert-Fleury, Wikimedia Commons, DP
Clergé : Clovis et l’alliance des deux pouvoirs
En 499, poussé par l'évêque de Reims Remi, Clovis, roi des Francs, se fait chrétien avec toute son armée. L'Église restant à peu près la seule autorité reconnue depuis l'effondrementeffondrement de l'Empire romain, c'était aussi un moyen de légitimer son autorité auprès des Gallo-Romains. Cette conversion historique, qui inaugure le Moyen Âge, sera dénoncée plus tard par les anticléricaux comme l'alliance du sabre et du goupillon.
Le clergé au Moyen Âge : le pouvoir spirituel
Dans une société où le salut est un enjeu, les sacrements sont source d'un réel pouvoir. Tout baptisé devient ipso facto un fidèle qui doit obéissance aux ministres de Dieu. À défaut, il peut être privé de communion, d'absolution, voire des derniers sacrements. Ce pouvoir spirituel est réglementé par le droit canon, qui a force de loi. Quant aux religieux, ils ne relevaient pas de la justice des Hommes, et ne pouvaient être jugés que par un tribunal ecclésiastique (c'est le for ecclésiastique, le for étant l'endroit où une affaire est jugée).
Pouvoir temporel
On note cependant une grande disparité chez les serviteurs de l'Église. Alors que les membres du bas clergé -- moines et curés -- sont recrutés dans le peuple, le haut clergé -- évêques, cardinaux, nonces -- était invariablement issu de la noblesse et partageait ses privilèges, biens matériels et terres comprises. De là est née une certaine confusion dont se servaient les princes, et qui a donné lieu à la querelle des Investitures. En effet, à la fin du XIe siècle, le pape Grégoire VII dénonce fermement la mainmise du pouvoir temporel sur le pouvoir spirituel, et en particulier la possibilité pour les monarques du Saint-Empire romain germanique de nommer eux-mêmes des évêques. La querelle survivra aux protagonistes, mais en réactivant la doctrine des deux glaives, l'Église se verra reconnaître un pouvoir supérieur à celui des princes de la terre.
À retenir
La théorie des deux glaives formulée par Bernard de Clairvaux (XIIe siècle) a en partie justifié les croisades. Elle consiste à affirmer que Dieu a confié au pape deux glaives. Le premier est le glaive spirituel, dont il use directement. Le second est le glaive temporel, qui est mis en dépôt entre les mains des grands et des princes, mais qui doit lui aussi servir les intérêts de l'Église. Dans ce cadre, le pape est donc l'autorité suprême.