Deux chercheurs ont montré comment, chez la chauve-souris, des différences de fréquence d'émission des ultrasons peuvent conduire à la création de nouvelles espèces.

au sommaire

  • À lire aussi

L'écholocation comme moyen de spéciation

L'écholocation comme moyen de spéciation

Dans le modèle classique de l'évolution animale, pour que des populations d'une même espèce donnent naissance à deux ou plusieurs espèces, il faut qu'il y ait entre elles des barrières physiques qui les empêchent de se croiser.

Il existe cependant une autre théorie, celle de la spéciation sympatrique, qui prévoit la possibilité d'une divergence sans isolement géographique, mais peu de cas connus correspondent à ce modèle.
C'est en observant les chauves-souris de Célèbes, une île d'Indonésie, que Tigga Kingston, de l'Université de Boston, et son collègue britannique ont remarqué que Rhinolophus philippinensis existe en trois populations de tailles distinctes ne se reproduisant pas entre elles bien qu'elles occupent le même habitat.

Par la suite, l'étude de leur système d'écholocation a révélé des différences importantes dans la fréquence des signaux ; la plus grande des trois chauves-souris émet en effet à 27 kHz, la moyenne à 39 kHz et la plus petite à 53 kHz.

Selon les chercheurs, ces disparités affecteraient à la fois la communication entre les individus et leur capacité à chasser, isolant les groupes les uns des autres et conduisant à une divergence génétique. Des exemples de spéciation liée à des émissions sonores (chez les oiseaux notamment) ont été proposés par le passé, mais c'est la première fois qu'un mécanisme de ce type est mis en évidence chez les mammifères.