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Une nouvelle espèce d'orangs-outans a été découverte sur l'île de Sumatra, en Indonésie, ont annoncé le 2 novembre des scientifiques, soulignant que leur petit nombre en fait l'un des grands singes les plus menacés d'extinction sur la planète.
Il s'agit également de la première nouvelle espèce de grands singes confirmée par la science depuis la découverte en 1929 d'un nouveau bonobo en République démocratique du Congo, précisent ces biologistes dont les travaux sont publiés dans la revue américaine Current Biology.
« Ce n'est pas tous les jours qu'on trouve une nouvelle espèce de grands singes, ce qui rend cette découverte palpitante », se réjouit Michael Krutzen, de l'université de Zurich, en Suisse. « Les grands singes comptent pourtant parmi les espèces animales les plus étudiées au monde », pointe pour sa part Erik Meijaard, de l'université nationale australienne.
Ce nouvel orang-outan, baptisé Tapanuli (Pongo tapanuliensis), vit dans la région de Batang Toru, dans le nord de Sumatra ; sa population est estimée à 800 membres environ. Cette découverte porteporte à trois le nombre d'espèces d'orangs-outans connues. C'est en 1997 que des chercheurs de l'université nationale australienne ont découvert la piste de cette population isolée à Batang Toru.
Les Tapanuli, des grands singes uniques
Les premiers indices de la spécificité des Tapanuli ont été observés sur le squelette d'un mâle adulte tué en 2013. Quand les scientifiques ont examiné le crânecrâne et les dents, ils ont constaté certains traits uniques comparativement aux autres orangs-outans.
« Nous avons été surpris de voir que les caractéristiques du crâne étaient vraiment différentes de ce que nous connaissions jusqu'alors de ces grands singes », explique Matt Nowak, un primatologue du Sumatran Orangutan Conservation Programme (SOCP).
Une photo non datée, fournie par le Programme de conservation des orangs-outans de Sumatra, montre un orang-outan Tapanuli, dans la réserve de Batang Toru, en Indonésie. © Handout, Sumatran Orangutan Conservation, AFP
Mais c'est une analyse du génomegénome de 37 orangs-outans effectuée par des chercheurs de l'université de Zurich qui a révélé l'histoire de l'évolution de ces singes, montrant la séparationséparation il y a plus de trois millions d'années entre les populations d'orangs-outans de Batang Toru et celles de Bornéo dans le nord du lac Toba. Les orangs-outans de Bornéo et de Sumatra se sont séparés génétiquement beaucoup plus tard, il y a moins de 700.000 ans.
Ceux de Batang Toru sont quant à eux isolés des autres populations dans le nord de Bornéo depuis 10 ou 20.000 ans, ont également déterminé ces chercheurs. « Les orangs-outans de Batang Toru semblent être les descendants directs des premiers orangs-outans qui avaient migré d'Asie continentale et constituent de ce fait la plus ancienne lignée de ces singes », relève Alexander Nater, de l'université de Zurich, un des coauteurs de la découverte.
Risque élevé d’extinction
Mais ces orangs-outans sont particulièrement vulnérables, mettent en garde ces scientifiques. « Si seulement huit de ces 800 animaux restants étaient tués ou retirés du groupe chaque année, l'espèce pourrait disparaître », estiment-ils. « Sans des mesures rapides pour protéger leur habitat forestier qui se réduit rapidement, ces orangs-outans pourraient disparaître en quelques décennies », prévient Matt Nowak qui a supervisé l'étude au SOCP.
Selon des estimations officielles, la superficie des forêts, constituant le principal habitat de tous les orangs-outans de Sumatra, a été réduite de 60 % entre 1985 et 2007 en raison de l'exploitation forestière, des concessions minières et des plantations agricoles (huile de palme...).
L'habitat forestier des orangs-outans Tapanuli se limite aujourd'hui à seulement mille kilomètres carrés. Ces grands singes sont également victimes de la chasse illégale, qui a contribué à une réduction importante des populations des trois espèces. Les orangs-outans mesurent en moyenne de 1,10 à 1,40 m pour un poids de 40 à 80 kgkg. Ils peuvent vivre de 30 à 40 ans et se reproduisent difficilement, avec des naissances espacées de plusieurs années.
La fuite des orangs-outans face aux incendies en Indonésie
Article de l'IFAW publié le 10 novembre 2006
Les feux de forêt qui font ragerage dans toute l'Indonésie depuis la mi-septembre enveloppe le pays d'une brume épaisse et forcent des dizaines d'orangs-outans, une espèce gravement menacée, à fuir la jungle.
Une équipe de secouristes animaliers d'IFAW (Fonds international pour la protection des animaux) ainsi que la Borneo Orangutan Survival Foundation (BOSF) ont déjà soigné plus de quarante orangs-outans pour des brûlures et des problèmes respiratoires.
Sauvetage d'orangs-outans en Indonésie dans le cadre des incendies 2006
© IFAW/ M. Booth
Chaque année, des incendies sont provoqués en Indonésie pour libérer des terres occupées par la forêt à des fins agricoles avant que la saison des pluies ne commence en novembre. Cette année, les feux sont les pires de la décennie, du fait d'une sécheressesécheresse supérieure à la normale. Les tourbièrestourbières, qui constituent une grande partie du territoire dans l'habitat forestier, couvent depuis des semaines et envoient un lourd voile de fumée à travers la région. Cette fumée suffocante s'est étendue jusqu'aux pays voisins : Singapour, Malaisie et Brunei. Les aéroports indonésiens ont été fermés et à Kalimantan, les automobilistes ont été obligés d'allumer leurs codes en pleine journée.
Sauvetage d'orangs-outans en Indonésie dans le cadre des incendies de 2006.
© IFAW/ M. Booth
Les feux violents et l'épaisse fumée ont détruit l'habitat des orangs-outans et les ont forcés à fuir la jungle brûlante en quête de sécurité et de nourriture. Ils se réfugient souvent dans les palmeraies voisines, où ils sont accueillis à coups de bâtons par les populations locales. IFAW est en Indonésie pour sauver les orangs-outans et leur accorder des soins en les relogeant dans un habitat plus sûr.
Il reste moins de 60.000 orangs-outans dans la nature en Indonésie et IFAW estime qu'ils pourraient arriver au bord de l'extinction d'ici à dix ans en raison de la destruction de leur habitat.
Sauvetage d'orangs-outans en Indonésie dans le cadre des incendies de 2006.
© IFAW/ M. Booth
L'Indonésie comporte le plus grand nombre d'espèces mammifèresmammifères menacées au monde : près de 146 selon l'UICNUICN (Union internationale pour la conservation de la nature). Parmi ces espèces figure l'éléphant d'Asie, dont 50.000 individus seulement restent dans la nature (plus 10.000 en captivité). Leur habitat est déjà en danger, car les hommes empiètent sur leur territoire, et les feux de forêt menacent de plus en plus cet espace.