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Des niveaux antiques sous un couvent du XVIIe siècle
Fouilles d'une maison romaine du IIe siècle de notre ère.
Site archéologique campus Curie, Paris
© L. de Cargouët/Inrap
En 1632, dans l'ancienne rue du faubourg Saint-Jacques, le couvent de la Visitation est fondé sur des plans de François Mansart. Si la constructionconstruction proprement dite reprend l'alignement de l'actuelle rue Saint-Jacques, son jardin s'étend beaucoup plus à l'Est jusqu'à l'actuelle rue Lhomond. Vendu par les visitandines en 1903, le couvent est démoli en 1910 au profit de l'Institut de Géographie. La fouille concerne une partie de l'aile orientale du cloître de ce couvent, en retrait de l'alignement de la rue Saint-Jacques. Ses fondations ont été retrouvées ainsi que l'épaisse couche de terre végétaleterre végétale de son jardin. Ce sont sous ces niveaux et protégés par eux que viennent d'être découverts les vestiges de la ville antique.
Un quartier d'habitation
Toute la parure monumentale de Lutèce s'étage sur le versant septentrional de la Montagne Sainte-Geneviève avec, en haut, le forum (rue Soufflot) et ses thermes (rue Gay-Lussac), puis le théâtre (rue Racine), les thermes du Collège de France (rue des Écoles), plus bas les thermes de Cluny (boulevard Saint-Germain), enfin plus à l'est, l'amphithéâtre (rue Monge). En revanche, au sud, le sommet du plateau est exclusivement occupé par des maisons.
Une rue sous l'empereur Auguste
Fouilles de différents dallages de l'ypocauste d'une maison romaine du IIe siècle de notre ère.
Site archéologique campus Curie, Paris.
© L. de Cargouët/Inrap
La fouille en cours révèle l'existence d'une rue romaine que l'on peut dater du règne d'Auguste (27 av. notre ère - 14 ap.). Sa création est précédée par une petite installation pionnière, toujours sous le règne d'Auguste, destinée sans doute à préparer le terrain avant la fondation de la ville romaine. L'un des objectifs de cette recherche est d'affiner la datation de cette toute première installation. Large de 6 m, la rue était bordée dès l'origine par des fossés. Par la suite elle a connu toute une série de recharges jusqu'à son abandon au IIIe siècle. Légèrement bombée, elle est constituée de cailloutis ou d'empierrements. Les aménagements successifs se traduisent aussi par la constitution de caniveaux et de trottoirs.
Le long de cette rue des maisons sont constamment reconstruites sur la même orientation, dans le respect des parcelles d'origine, mais avec des dispositions internes différentes.
Fouilles de maisons du Haut Empire romain de part et d'autre d'une même rue.
Site archéologique campus Curie, Paris.
© L. de Cargouët/Inrap
Les premières maisons sont constituées de mursmurs en torchis armé par un clayonnage de boisbois et reposant sur des poutrespoutres sablièressablières. Les sols sont en terre battue. La fouille devrait permettre de mieux connaître et de mieux dater ces premiers états architecturaux privés.
À partir du deuxième tiers du Ier siècle de notre ère, l'usage de la maçonnerie se généralise progressivement. Au IIe siècle, des états plus sophistiqués apparaissent, notamment des éléments de thermes privés avec dallages et système de chauffage par le sol (hypocauste). Des éléments de peintures murales généralement effondrés sont également présents.
L'abandon du quartier au IIIe siècle
Dans le courant du IIIe siècle, ce quartier est progressivement abandonné, les moellons des maçonneries sont en partie récupérés, ne laissant souvent aux archéologues que des « fantômes » de murs, des sols et des objets de la vie quotidienne. L'occupation se cantonne alors autour des pôles monumentaux puis dans l'île de la Cité, protégée à partir du IVe siècle par un rempart.
Ce vaste mouvementmouvement de recul de la ville est observable dans toute la Gaule. Il faudra attendre quatorze siècles et l'installation du couvent de la Visitation pour que la ville reconquière véritablement le terrain perdu.
Visites guidées samedi 13 mai 10-12h et 14-17h
Rendez-vous : 193 rue St-Jacques, 75005 Paris