La biodiversité des récifs coralliens est menacée à l'échelle mondiale et les aires marines protégées (AMP) ne suffisent pas pour assurer leur préservation. Ainsi, des travaux publiés par le journal Science et menés par des chercheurs de l'Université d'Auckland (Nouvelle-Zélande) en collaboration avec 6 institutions, dont l'IRD à Nouméa, montrent qu'un très faible pourcentage de récifs coralliens, seulement 2 %, se situe dans des lieux qui répondent aux exigences de la législation (degré de protection, risques encourus, taille et isolement des récifs). En effet, moins de 0,1% des récifs sont vraiment protégés de tout prélèvements licites ou illicites.

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    <br />Nouvelle Calédonie - Vue sur la côte ouest de l'île de Maré (Iles Loyauté) : quelques pins colonnaires au-dessus de l'encoche marine actuelle. <br />&copy; IRD - Wirrmann, Denis

    Nouvelle Calédonie - Vue sur la côte ouest de l'île de Maré (Iles Loyauté) : quelques pins colonnaires au-dessus de l'encoche marine actuelle.
    © IRD - Wirrmann, Denis

    L'équipe de recherche propose la mise en place d'un réseau idéal d'AMP bâti suivant des critères de taille et de distances inter-sites afin de mieux préserver la biodiversité des récifs coralliens. Pour des réserves de 10 à 20 km2 de diamètre, distants de 15 km, il faudrait donc créer plus de 2500 nouvelles aires marines protégées pour prétendre préserver 5 % des récifs mondiaux.

    Les récifs coralliens comptent parmi les écosystèmes les plus menacés au monde.

    Sous la pressionpression d'activités humaines : surpêche, pollution..., leur diversité biologique diminue. L'efficacité des aires marines protégées pour la conservation de la biodiversité corallienne fait l'objet de nombreuses études spécifiques au niveau local. Une évaluation à l'échelle globale restait toutefois nécessaire pour vérifier que les objectifs de conservation émis par les instances internationales qui exigent 20 à 30% des récifs mondiaux sous protection en 2012, soient bien respectés et justifiés. L'Université d'Auckland en Nouvelle-Zélande, avec l'aide de plusieurs institutions internationales, dont l'IRD et ses chercheurs basés en Nouvelle-Calédonie, s'est penchée sur cette question. Pour cela, des bases de donnéesbases de données à grande échelle ont été constituées : répartition géographique et efficacité des AMP, étendue des récifs coralliens... . Elles comprennent actuellement 980 aires marines protégées couvrant 98 650 km2 de récifs coralliens soit 18,7 % de la superficie totale des habitats récifaux.

    <br />Nouvelle Calédonie - <em>Tridacna maxima</em>, Bivalve, prise dans l'aquarium personnel de Claire Garrigue, chercheuse au centre IRD de Nouméa. <br />&copy; IRD - Garrigue, Claire

    Nouvelle Calédonie - Tridacna maxima, Bivalve, prise dans l'aquarium personnel de Claire Garrigue, chercheuse au centre IRD de Nouméa.
    © IRD - Garrigue, Claire

    Cette base prend en compte divers types d'espaces protégés, selon les objectifs et les procédures de gestion qui leur sont associés. Sur l'ensemble des récifs coralliens du monde soit environ 527 000 km2, 5,3 % sont situés dans des réserves marines où la pêche est autorisée, 12 % dans des réserves polyvalentes acceptant la pêche, les activités récréatives et la recherche, et 1,4 % dans des réserves strictes où tout prélèvement est interdit. En Australie, 69 % des récifs coralliens sont strictement préservés au sein de telles aires protégées contre 7 % dans le Pacifique central et l'Océan Indien ouest et 2 % dans l'Océan Indien central.

    En considérant le taux de braconnage comme un indicateur indirect de la gestion de ces aires marines, les chercheurs constatent que sur les 1,6 % des récifs coralliens dans le monde théoriquement protégés contre toutes activités illicites, moins de 0,1 % sont réellement exempts de toute exploitation. L'efficacité des mesures de gestion varie d'un pays à l'autre, mais elle est particulièrement faible pour des zones à forte diversité corallienne comme la région Indo-Pacifique ou les Caraïbes.

    Les aires marines protégées visent à limiter l'impact des activités humaines. Cependant, 85% des récifs coralliens au sein des AMP sont exposés à des menaces locales telles que la sédimentationsédimentation, la pollution, le développement côtier ou la surpêche, y compris dans la plupart des centres de diversité corallienne. Il est maintenant établi que la résiliencerésilience (1) des récifs coralliens dépend de l'organisation fonctionnelle, par exemple la présence de poissonspoissons herbivoresherbivores et de leurs prédateurs.

    <br />Iles Fidji - Prospection pour la réalisation d'un forage dans un massif de porites. Formation corallienne en forme de patate. Campagne de prospection pour le programme Paleoclimato. Lagon de l'île de Aiwa.<br />&copy; IRD -  Orempuller, Joël

    Iles Fidji - Prospection pour la réalisation d'un forage dans un massif de porites. Formation corallienne en forme de patate. Campagne de prospection pour le programme Paleoclimato. Lagon de l'île de Aiwa.
    © IRD - Orempuller, Joël

    La mise en réserve protège localement les organismes marins de la pression de pêche. Cependant, ces populations sont souvent caractérisées par des mouvementsmouvements migratoires qui exposent juvéniles et adultes au risque de pêche hors des limites des réserves. Certains poissons ont parfois des territoires de plusieurs kilomètres carrés. Des réserves d'une superficie inférieure à 1-2 km2 (soit 40% des AMP) ne peuvent donc prétendre exercer une protection suffisante pour plusieurs groupes fonctionnels clés. Une taille critique minimum de l'ordre de 10 km2 est nécessaire.

    Compte tenu de ces critères de taille et d'isolement des AMP ainsi que de la répartition des récifs coralliens dans le monde, la constitution d'un réseau d'aires marines protégées, qui comporterait des réserves de 10 km2 chacune, distante d'une quinzaine de kilomètres, impliquerait la création de plus de 2 500 nouvelles AMP. Ceci correspondrait à une protection plus optimale de 25 590 km2 de récifs, soit 5 % des récifs coralliens dans le monde, ce qui reste encore loin des objectifs énoncésen 2002 lors du sommet mondial sur le développement durabledéveloppement durable : 20 à 30 % des écosystèmesécosystèmes majeurs à protéger d'ici 2012.