Partie le 13 août de Lima, l'expédition franco-péruvienne " Fitzcarrald " est de retour. Dans le cadre des accords entre l'IRD et les instituts péruviens, cette expédition géopaléontologique constituée de 27 personnes*, a découvert l'un des plus grands gisements de fossiles de l'Amazonie ainsi que de nouveaux morceaux du caïman géant Purussaurus qui pouvait mesurer plus de 15 m de long.

au sommaire

  • À lire aussi

<br />&copy; IRD - Patrice Baby - Tous droits réservés

© IRD - Patrice Baby - Tous droits réservés

L'Arche de Fitzcarrald, qui doit son nom à un Baron du caoutchouc du dix-neuvième siècle, est une petite chaîne de montagne de plusieurs centaines de km, culminant à 500m d'altitude et se développant perpendiculairement aux Andes dans l'ouest de l'Amazonie. C'est l'érosion de ces reliefs qui a mis à jour les sédiments et les gisements fossilifères du bassin Amazonien.

Après 7 jours de remontée en pirogue en territoire Ashaninka et Machiguenga dans des conditions extrêmes, l'expédition découvre un des plus grands gisements de fossiles de l'Amazonie au coeur de l'Arche de Fitzcarrald

<br />&copy; IRD - Patrice Baby - Tous droits réservés

© IRD - Patrice Baby - Tous droits réservés

Une trentaine d'espèces de vertébrés a d'ores et déjà été recensée : pas moins de 6 espèces de crocodiles, dont le caïman géant Purussaurus ; 13 espèces de mammifères, dont des représentants de paresseux et tatous géants, des herbivores endémiques de la taille du rhinocéros, plusieurs rongeurs, un marsupial et un dauphin. Une mandibule, des dents et un fémur du grand caïman préhistorique ont ainsi été retrouvés. La remontée en pirogue a été particulièrement éprouvante car le niveau très bas de l'eau a contraint les membres de l'expédition à pousser les pirogues pendant plusieurs jours occasionnant "pas mal de blessures au niveau des pieds constamment mouillés et irrités par le sable qui rentre dans les chaussures " témoigne Patrice Baby, chercheur à l'IRD.

Une carapace complète de tortue aquatique de plus de 150kg extraite après une dizaine d'heures de travail harassant et de nombreux restes de poissons dont une vertèbre de requin de grande taille ont aussi été découverts. Par ailleurs, du bois fossile et des échantillons de sédiments ont été récoltés pour préciser l'âge de cet environnement à partir du pollen et du magnétisme des roches (estimé entre 10 et 15 millions d'années).

<br />&copy; IRD - Patrice Baby - Tous droits réservés

© IRD - Patrice Baby - Tous droits réservés

L'analyse sédimentologique des gisements semble indiquer que les fossiles se sont concentrés dans des dépôts de tempête lors des dernières incursions marines dans le bassin amazonien.

L'expédition aura ainsi permis de récolter 250 kg de fossiles ainsi que d'importantes données sur l'évolution géologique du bassin amazonien. Ces nouvelles données permettent notamment de mieux connaître l'extension de la dernière mer intérieure amazonienne, la mer Pebas, disparue il y a environ 10 millions d'années.

A noter que le représentant de l'entreprise Devanlay au Pérou qui a collaboré à la réalisation de ce projet a participé à l'expédition.

Une exposition est annoncée pour la fin de l'année à Lima. Elle présentera les fossiles découverts ainsi qu'une reconstitution grandeur nature du caïman géant Purussaurus.

* dont 11 scientifiques travaillant pour l'Institut de Recherche pour le Développement (IRD), l'Université de Toulouse, le Muséum National d'Histoire Naturelle, l'Institut Français d'Etudes Andines (IFEA), le Musée d'Histoire Naturelle de Lima et l'Université Autonome du Mexique (UNAM).