Strand-2, un projet mené en Angleterre par la société Surrey Satellite Technology Limited et l’University of Surrey, vise à mettre en orbite deux nanosatellites équipés de capteurs Kinect. Ils leur permettront de s’amarrer l’un à l’autre pour former un satellite plus grand. Quant à l'électronique de bord, elle est contenue... dans un téléphone Android. Si le succès est au rendez-vous, ce principe de satellite modulaire et à bas coût pourrait changer notre manière d'utiliser l'orbite basse. Pour Futura-Sciences, deux responsables du projet donnent des précisions.

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    Peut-être un jour, dans un futur pas si lointain, les satellites ne seront-ils plus construits sur Terre mais directement dans l'espace. C'est le pari que font l'entreprise anglaise Surrey Satellite Technology Limited (SSTL) et l'University of Surrey qui collaborent à un projet de satellites miniatures, équipés de capteurscapteurs Kinect pour guider la manœuvre d'amarrage entre deux modules. Une fois assemblés, ils pourront être reconfigurés pour créer un satellite plus puissant.

    Baptisé Strand-2, ce concept de « Lego dans l'espace » repose sur un satellite miniature Strand-1 (30 cm de hauteur pour un poids de 4 kgkg) à bas coût fabriqué à partir de composants du commerce et dans lequel prendra place un smartphone Android. « Les téléphones mobiles embarquent beaucoup de composants utilisés dans les satellites - capteurs, caméras, GPS, accéléromètres, compas, batteries, stockage de données le tout dans une fraction de la taille, du poids et du coût », explique Shaun Kenyon, le directeur des projets Strand-1 et 2 chez SSTL.

    Un ordinateur conçu par le centre spatial de l'Université of Surrey sera chargé de contrôler le fonctionnement du smartphone une fois dans l'espace, en surveillant l'état de ses composants et en filmant son écran afin d'envoyer les images sur Terre. Pour empêcher la batterie de geler, l'ordinateur central du nanosatellite se chargera de déclencher une applicationapplication qui sollicitera fortement le processeur du smartphone pour dégager de la chaleurchaleur. Si les tests s'avèrent concluants, l'ordinateur passera alors le relais au smartphone qui prendra le contrôle du satellite. « La technologie des téléphones mobiles a fait des pas de géant ces 5 dernières années et personne n'a encore envoyé un téléphone mobile complet dans ce que nous appelons le "véritable" espace », affirme la société britannique. Le smartphone utilisé coûte moins de 440 euros (350 livres sterling) et le coût total du nanosatellite Strand-1 serait à peine plus élevé que celui d'une voiturevoiture familiale haut de gamme, assure-t-on chez SSTL.

    Par ailleurs, un concours a été lancé l'été dernier sur Facebook pour sélectionner des applications qui seront installées sur le smartphone. L'une d'elles, baptisée Scream in space, en hommage au film Alien, permettra aux internautes de poster sur un site spécial des vidéos les mettant en scène en train de pousser un cri. Les clips les plus populaires seront ensuite transférés sur le smartphone de Strand-1 et lus en orbiteorbite.


    Cette courte vidéo montre une simulation d’amarrage entre deux nanosatellites guidés par des capteurs Kinect. © SSTL/University of Surrey/YouTube

    Strand-2 : un exploit technique

    Pour aller plus loin encore dans ce concept, les équipes de SSTL et de l'University of Surrey ont donc imaginé un système d'assemblage modulaire qui consiste à amarrer des nanosatellites entre eux pour réaliser un appareil plus grand. C'est l'objectif de la mission Strand-2. Pour cela, les ingénieurs vont se servir du capteur Kinect de MicrosoftMicrosoft qui est capable de réaliser une modélisationmodélisation de l'espace en 3D, que les satellites utiliseront pour se repérer et s'amarrer l'un à l'autre. Les nanosatellites seront équipés de micropropulseurs avec lesquels ils pourront effectuer les manœuvres d'approche.

    Ceci représenterait un exploit technique inédit puisqu'à l'heure actuelle, seuls des modules de grande taille ou les navettes spatiales, désormais à la retraite, sont capables de s'amarrer dans l'espace. « Cela peut sembler exagéré, mais nos nanosatellites low cost pourraient s'amarrer pour construire des structures modulaires plus sophistiquées comme des télescopestélescopes », explique Chris BridgesBridges, directeur du projet Strand au centre spatial de l'University of Surrey, qui ajoute : « Contrairement aux missions spatiales actuelles, ces satellites pourraient être reconfigurés si les objectifs de la mission changent et mis à jour en orbite avec les dernières technologies ». De quoi ouvrir la voie à une nouvelle ère de l'aérospatiale à la fois beaucoup moins coûteuse et nettement plus flexible.

    Première mission en 2015 

    Parmi les autres applications envisagées, SSTL avance la possibilité de réparer, entretenir ou encore de recharger un satellite en lui envoyant un module d'alimentation et éviter ainsi de le considérer comme perdu, comme c'est le cas actuellement. Le système pourrait même servir à éviter les débris spatiaux puisqu'un nanosatellite équipé d'un propulseurpropulseur pourrait aller s'amarrer à un satellite hors service pour le ramener sur Terre.

    Cependant, tout cela reste encore assez lointain et le projet ne fait que démarrer. La mission Strand-2 ne devrait pas décoller avant 24 à 36 mois a annoncé Shaun Kenyon. Deux nanosatellites connectés l'un à l'autre seront lancés. Une fois en orbite, ils se sépareront puis engageront la manœuvre d'amarrage en se servant de leur capteur Kinect. Si l'opération réussit, elle nécessitera ensuite un travail de fiabilisation en jouant sur une multitude de scénarios. La première mission opérationnelle pourrait avoir lieu en 2015. L'Université of Surrey collabore en effet avec le Jet Propulsion LaboratoryJet Propulsion Laboratory du California Institute of Technology sur un projet de télescope modulaire baptisé Aarest (Autonomous Assembly of a Reconfigurable Space Telescope). Sept nanosatellites transportant chacun un miroirmiroir déformable seront envoyés dans l'espace où ils procèderont à des manœuvres d'amarrage et de repositionnement selon deux configurations qui permettront d'obtenir des images de différentes qualités.